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Données de fréquentation 2018

Vélo & Territoires dévoile son « Analyse des données de fréquentation vélo 2018 » réalisée grâce à la Plateforme nationale des fréquentations (PNF), unique dispositif à centraliser les données de comptages de vélos en France. Ce rapport détaille plus particulièrement les résultats des grands itinéraires du Schéma national. Explications sur cet outil stratégique et les données 2018 avec Stéphanie Mangin, cheffe de projet observation à Vélo & Territoires.

  •  Qu’est que la plateforme nationale de fréquentation (PNF) ?

C’est un outil qui permet d’agréger les données des compteurs automatiques de vélo mis à disposition par des collectivités volontaires. Créé en 2013 avec l’appui de l’Ademe puis de la Coordination interministérielle pour le développement de la marche et du vélo (CIDMUV), il est développé et animé par Vélo & Territoires. L’objectif de la PNF est d’améliorer la connaissance sur les différentes pratiques du vélo en France et de proposer des indicateurs pour soutenir le développement des aménagements cyclables.

  • Comment collecte-t-on la donnée vélo sur le terrain ?

Des compteurs vélo de différentes technologies comptabilisent le nombre de passages à un point précis. Les données enregistrées par les compteurs, sont ensuite relevées sur place, grâce à un smartphone ou un ordinateur, ou télétransmises sur un espace en ligne. Les collectivités, propriétaires des données, peuvent activer le partage de données avec la Plateforme (pour les compteurs Eco-Compteur) ou transmettre un export des données à Vélo & Territoires pour une intégration manuelle. Ce transfert est assez simple car la plupart des compteurs respectent un même format : celui de la donnée horaire. Quel que soit le fournisseur de compteur, la donnée s’importe aisément sur la plateforme.

  • Quelles évolutions a connu la plateforme depuis sa création en 2013 ?

Le nombre de compteurs partagés a beaucoup augmenté, ce qui rend possible un plus grand nombre d’analyses. Au départ, la PNF agrégeait les données de 126 compteurs. Aujourd’hui, 76 contributeurs partagent les données de 690 compteurs sur la quasi-totalité du territoire. Grâce à cette progression, les résultats sont plus fiables et nous pouvons conduire des analyses plus fines. À ce jour, la PNF permet de quantifier la pratique sur huit itinéraires du Schéma national vélo et de préciser l’usage par milieu : urbain, périurbain, rural. En croisant les données avec la typologie INSEE des communes d’implantation des compteurs nous pouvons comparer des zones géographiques de même densité d’habitants entre elles. Enfin, la donnée permet d’identifier la pratique majoritaire aux abords du compteur. En d’autres termes de savoir si la fréquentation observée est typée loisirs, utilitaire ou mixte.

  • Comment la donnée de fréquentation détermine-t-elle la pratique ?

Un algorithme développé par l’université de Montréal permet de caractériser chaque compteur par la pratique cyclable majoritairement observée à son lieu d’implantation. Par exemple, un compteur dit « utilitaire », présentera deux pics de passages vers 9 h et vers 17 h, moments des déplacements domicile-travail. Ce même compteur enregistrera une fréquentation haute du lundi au vendredi avec une légère baisse le week-end. Sa courbe sera lisse tout au long de l’année avec une légère baisse en août et un petit pic en septembre. Le compteur utilitaire affiche ainsi les caractéristiques du rythme de travail.
A contrario, les compteurs de loisirs proposeront plutôt des courbes en cloche entre 10 h et 14 h, une augmentation les week-ends ainsi qu’une fréquentation plus sensible à la météo et au calendrier, avec des augmentations lors des ponts ou des périodes de congés. Enfin, les compteurs mixtes affichent les deux tendances. Ce type compteur a un profil hydride avec notamment une saison étalée, un pic d’été et des pics horaires. L’analyse des courbes de données de comptage permet de déterminer l’usage majoritaire qui est fait sur un tronçon d’itinéraire.

  • Quelles sont les grandes tendances 2018 ?

La pratique du vélo se porte bien. La fréquentation est en hausse de 20 % par rapport à 2013, à échantillon comparable. Avec une augmentation de 8 % par rapport à 2017, la croissance se poursuit en 2018. Cette année a connu un premier trimestre en retrait par rapport à 2017, sans doute causé par une météo moins favorable. Comme toute activité d’extérieur et de loisirs, les bonnes conditions climatiques et les congés encouragent la pratique du vélo. C’est le cas du mois mai pendant lequel la fréquentation a été dopée par la succession de ponts, concentrés sur ce seul mois. Une situation qui contraste avec l’année 2017, marquée par les élections présidentielles. 2018 présente aussi un bel été indien avec une saison estivale assez longue : la fréquentation du mois septembre talonne les chiffres de juillet et août. Bien sûr ce sont des tendances globales, qui localement elles peuvent être différentes.
Tout itinéraire confondu, l’année 2018 affiche 260 passages par jour par compteur en moyenne. Les chiffres sont bien sûr très différents d’un territoire à l’autre mais après un ralentissement en 2016, le développement de la pratique cyclable semble à nouveau en bonne voie.

  • Qu’en est-il pour les itinéraires ?
Compteur de Lyon

L’EuroVelo 1 – La Vélodyssée, itinéraire littoral par excellence montre une fréquentation très liée à l’activité touristique avec un pic marqué les mois d’été. On remarque que les itinéraires situés davantage dans l’intérieur présentent une fréquentation relativement étalée sur l’année, c’est-à-dire d’avril à octobre. La saison dure plus longtemps par un effet de cumul des pratiques locales, de loisirs, de courts séjours ou de début de voyage qui profitent aux « ailes de saison » selon le jargon touristique.
A contrario, sur l’EuroVelo 17 – ViaRhôna l’analyse globale fait apparaître un creux en août. Cette caractéristique est liée aux compteurs de Lyon. La pratique utilitaire, majoritaire en milieu urbain, impacte les résultats de cet itinéraire et explique cet infléchissement. Si le nombre de compteurs partagés et la qualité des données collectées progressent, à l’avenir, une analyse différenciée par type de milieu apportera un éclairage plus pertinent de la fréquentation de cet itinéraire.

  • A quoi et à qui sert la donnée ?

A mesurer l’impact d’un investissement réalisé par une collectivité et à évaluer l’intérêt de créer ou modifier un aménagement. Elle aide à anticiper les saturations ou facilite le dimensionnement des investissements en infrastructures ou services annexes, en fonction des niveaux de fréquentation. C’est donc un outil d’appui à la décision. La donnée de comptage, quand elle est associée à d’autres sources, permet aussi de mesurer le retour sur investissement des aménagements et de vérifier leur adéquation avec les besoins des habitants ou des touristes. À ce titre, elle participe à l’orientation des actions publiques et privées. En mettant en avant une carence en loueurs ou réparateurs sur un itinéraire par exemple, elle peut inciter des acteurs privés à créer de nouvelles activités. Les associations d’usagers utilisent aussi cet outil pour inviter les citoyens à pratiquer ou les élus à s’engager dans une politique vélo. En somme, la fréquentation vélo est un levier pour développer les politiques d’aménagements cyclables et l’usage du vélo.

  • Quels conseils donnez-vous aux collectivités souhaitant évaluer la fréquentation sur leur territoire ?
Compteur permanent sur voie verte (Eco-Counter)

Le premier conseil serait de bien choisir les lieux d’implantation de ses compteurs. Pour cela, il faut avoir une réflexion globale sur ce que l’on veut évaluer à terme (un itinéraire, un territoire dans son ensemble, une pratique en particulier…) et réussir à sortir d’une logique de point. Ensuite, pour fiabiliser les analyses, il faut prévoir une vérification régulière du matériel et des données collectées. Ce n’est pas toujours facile car cela suppose de pouvoir y consacrer du temps (ressources humaines) ou de le sous-traiter.
Pour mémoire, dans le cadre du rapport annuelle sur les données de la PNF, seuls les compteurs présentant au moins 90% de données valident sont intégrés aux analyses. Pour être valides, les données doivent être disponibles quasiment sans interruptions ni aberration. Par données aberrantes, on entend par exemple un pic énorme de 10 000 passages en une heure ou une donnée faible sans explication spécifique.
Quelle que soit la méthode retenue par les contributeurs de la PNF, la qualité de la donnée s’est améliorée en 2018. L’analyse a porté sur 537 compteurs, soit 25 % de compteurs supplémentaires par rapport à 2017. Pour cela on ne peut que remercier toutes les collectivités qui partagent leurs données.

Propos recueillis par Amandine Dupré

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