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La Plateforme nationale des fréquentations fête ses dix ans

Lors des 27es Rencontres Vélo & Territoires dans la Somme, Vélo & Territoires et ses partenaires ont célébré le dixième anniversaire d’un outil devenu central pour le suivi des politiques cyclables. Depuis sa naissance en 2013, la Plateforme nationale des fréquentations (PNF) a enregistré +75 % de fréquentation vélo, est passée de 22 à 157 contributeurs et de 155 à 1 565 points de comptage partagés sur toute la France. Portée dès le départ par Vélo & Territoires, elle n’aurait pu devenir ce qu’elle est sans le soutien d’Eco-Compteur, de l’Ademe et de l’État. Les partenaires se souviennent pourquoi ils se sont lancés dans l’aventure et expriment les enjeux et leurs attentes aujourd’hui vis-à-vis de cet outil.

Un partenariat emblématique porteur de sens

Enrico Durbano, directeur d’Eco-Compteur

  • Eco-Compteur fournit gratuitement la solution technique qui accueille la PNF et héberge les données. Pourquoi un tel investissement ?

Eco-Compteur est une entreprise à mission. C’est ce qui explique notre présence depuis dix ans aux côtés de Vélo & Territoires pour soutenir la PNF. Ce partenariat permet de porter plus loin les politiques cyclables et d’acculturer au sujet de l’observation.

  • Quel est votre souvenir le plus marquant de ce projet ?

Je me souviens des premières réunions de travail et de l’émulation qui a suivi. Les collectivités étaient motivées et impliquées car elles y voyaient également leur intérêt. Cela a créé une impulsion et a été le début de l’expansion du maillage du territoire national en compteurs. Dix ans après nous sommes toujours là aux côtés de Vélo & Territoires. Aujourd’hui, les technologies évoluent amenant de nouvelles opportunités et de nouveaux défis.

  • Justement selon vous, quels sont les grands enjeux pour l’avenir ?

Côtés opportunités tout le monde a en tête l’idée d’interfacer la donnée de comptage avec des sources tierces pour aller plus loin. Nous sommes également conscients de l’opportunité que peut représenter l’open data pour produire plus de connaissances grâce à la réutilisation et l’enrichissement des données par des tiers. Côté défis, le volume de données ne cesse de croître et la perspective du croisement de celles-ci avec d’autres sources représente un vrai enjeu technologique à la fois sur le stockage et le traitement. Il va falloir changer d’échelle et continuer de s’adapter comme on le fait depuis le début. Sur l’ouverture de la donnée, nous sommes conscients que le phénomène est dans l’air du temps et nous avons d’ailleurs contribué à la création du standard national de comptage des mobilités. Il faut cependant rester vigilants aux choix faits en termes d’ouverture de données et sur ce que l’on ouvre et pourquoi on le fait. En effet, le contrôle, la validation et la reconstruction des données pour aboutir à une base propre et un support d’analyses fiables sont des actions coûteuses qu’il convient peut-être de valoriser autrement que par l’open data. Au-delà de ces défis techniques, il sera nécessaire de trouver les ressources pour construire un dispositif d’évaluation des pratiques à la hauteur des enjeux et des moyens généraux mis en avant et faire de la France la championne de l’observation.

La PNF, un outil d’accompagnement

Élodie Barbier Trauchessec, coordinatrice Mobilités actives et partagées à l’Ademe

  • Pourquoi l’Ademe a accepté de financer la création de la PNF ?

L‘Ademe travaille à la fois sur des sujets d’accompagnement de politiques publiques et d’expertise. À ce titre, il nous est indispensable de disposer d’indicateurs fiables permettant d’évaluer et d’améliorer les politiques. La PNF, dix ans après sa création, continue d’être un élément phare de l’observation. En effet, nous n’avons pas encore trouvé mieux pour fournir des données de suivi de la pratique du vélo à différentes échelles territoriales et ce de façon récurrente. Il est, par ailleurs, fascinant de voir toutes les informations que l’on peut en ressortir grâce à une analyse fine, comme le type de pratique majoritaire observée point par point (utilitaire ou loisirs).

  • Qu’attendez-vous de la PNF pour demain ?

Les enjeux pour demain seront de faire parler encore plus cette donnée. Cela passera par deux volets. Le premier repose sur le dépassement des limites actuelles, notamment de représentativité, par des modèles mathématiques et par le renforcement du maillage du territoire en compteurs. Le second est d’identifier les pistes de croisements de données qui permettront d’aller au-delà du comptage pour avoir la vision la plus complète possible de la pratique du vélo en France. Cela nécessite l’élargissement des partenariats techniques et financiers de la PNF pour l’interfacer avec d’autres outils. Ces évolutions permettront de faire émerger de nouveaux indicateurs à l’échelle nationale.

La PNF souffle ses 10 bougies lors des 27es Rencontres Vélo & Territoires ©Jérôme Halâtre

Par sa régularité de production, la PNF est un thermomètre indispensable

Thierry Du Crest, coordonnateur interministériel pour le développement du vélo et de la marche

  • Qu’est-ce que la PNF représente pour vous ?

La PNF est un outil formidable à double titre. Le premier, c’est qu’il y a peu de données sur la pratique du vélo et, malgré ses limites, la PNF est l’un des seuls outils avec le recensement de la population de l’Insee (part modale des déplacements domicile-travail) qui nous permet d’avoir un suivi régulier et une évaluation de nos politiques publiques. C’est pour cela que nous co-finançons le projet. Le second, c’est que la PNF est un concentré de l’écosystème vélo. Elle est née de la fédération et de l’union des forces d’un collectif varié allant des collectivités contributrices, à l’État et l’Ademe représentant les instances nationales, aux start-ups du vélo (Eco-Compteur).

  • Quel est votre souvenir le plus marquant lié à la PNF ?

L’un de mes souvenirs les plus marquants de la PNF illustre cette force collective. Il est lié à la période Covid. À l’image de l’écosystème vélo, la PNF s’était construite au fil des années et personne n’avait vraiment conscience du potentiel qu’elle contenait. La Covid a été un révélateur. Les données étaient là. Il y avait le besoin d’objectiver ce qui était en train de se passer. Vélo & Territoires n’a pas hésité et a mis en place des bulletins au sortir du premier confinement pour permettre à tous de suivre la tendance. Ces analyses ont été largement reprises par l’État, l’écosystème et les médias. Le défi était important, mais réussi. Les indicateurs sont aujourd’hui pérennisés et les collectivités sont de plus en plus nombreuses à partager leurs données.

  • Qu’attendez-vous de cet outil pour l’avenir ?

Dans l’avenir, il va falloir pallier les limites actuelles sur la représentation et faire en sorte de voir plus grand, sortir du cadre en mettant côte à côte ou mieux, en croisant les données de comptage et d’autres sources.

Propos recueillis par Stéphanie Mangin

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