Stationnement sécurisé des vélos en gare : 46 % des gares atteignent leurs objectifs à l’échéance du décret
En juin 2021, un décret d’application de la Loi d’orientation des mobilités (LOM) fixait l’objectif d’équiper 1 133 gares du territoire en stationnements sécurisés pour les vélos avant le 1er janvier 2024. Cette échéance étant désormais passée, Vélo & Territoires dresse le bilan dans son tableau de bord dédié au suivi du stationnement vélo en gare. Résultat : à date, seules 46 % des gares atteignent ou dépassent le nombre minimum de places de stationnement fixé par le décret. Un constat préoccupant à l’échelle nationale qui masque des dynamiques contrastées dans les territoires. Décryptage.
Quelques rappels
Première pierre d’une politique de stationnement intermodal pour les cyclistes à l’échelle nationale, le décret n° 2021-741 du 8 juin 2021 liste 1 133 gares, soit 37 % de l’ensemble des gares ferroviaires du territoire, soumises à l’obligation de se doter de stationnements sécurisés pour les vélos avant le 1er janvier 2024. Pour chaque gare, le décret fixe un nombre minimum d’équipements à atteindre. Ce seuil, allant de 10 à 1 000 places, est calculé en fonction de la fréquentation journalière entrante de chaque gare. Au niveau national, un minimum de 75 891 places de stationnement devaient être mises en place avant l’échéance du décret.
Qu’entend-on par « stationnement sécurisé » ?
Au sens du décret d’application de la LOM, ces équipements doivent obligatoirement permettre de stabiliser et de fixer le vélo par deux points. Par opposition aux stationnements « libres » (arceaux, lices ou appuis vélos), ils doivent aussi bénéficier d’un système de fermeture sécurisée, de surveillance humanisée ou de vidéo-surveillance. Par ailleurs, le décret précise que les stationnements doivent être situés dans des endroits couverts, éclairés et implantés à moins de 70 m d’un accès à la gare, sauf en cas d’impossibilité technique avérée.
Moins de la moitié des gares atteignent leurs objectifs à l’échéance du décret
Alors où on est-on ? Les données transmises par SNCF Gares & Connexions et vérifiées auprès des régions, ainsi que des DREAL confirment que les objectifs du décret LOM ne sont pas atteints. Plus encore, aucune des douze régions métropolitaines n’a pu équiper la totalité des gares concernées dans le temps imparti. Au 1er janvier 2024, les objectifs du décret sont atteints et parfois dépassés dans seulement 516 gares du territoire, soit 46 % de l’ensemble des gares visées. Mais l’analyse désormais semestrielle de ces données par Vélo & Territoires met en lumière quelques tendances positives. Depuis le dernier relevé réalisé en juillet 2023, 115 nouvelles gares ont atteint les objectifs de la LOM, soit une augmentation de 29 % du nombre de gares équipées. Preuve que les acteurs concernés – à savoir l’État, les conseils régionaux et SNCF Gares & Connexions – fournissent des efforts importants.
Près de 40 000 places déployées aux abords des gares
Au total, 39 315 places de stationnement sécurisé sont désormais déployées à proximité des gares concernées par le décret LOM. Parmi ces dernières, 313 ne disposent à ce stade d’aucun équipement de stationnement sécurisé pour les vélos. Mais ce constat préoccupant doit être nuancé. Les données récoltées par Vélo & Territoires recensent 2 284 places de stationnement sécurisé supplémentaires réparties sur 341 gares, non ciblées par la LOM. Ces chiffres, non exhaustifs, montrent que les régions sont aussi à pied d’œuvre pour équiper ces gares « hors LOM » – c’est-à-dire celles de moins de 100 000 voyageurs par an.
Des situations contrastées selon les régions
La situation n’est pas la même dans toutes les régions comme le montre le dossier dans Vélo & Territoires, la revue n°73. Certains « bons élèves » se démarquent, ayant déjà engagé de vastes programmes de déploiement de stationnements en gare avant la parution de la loi. C’est le cas des régions Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Grand Est et Bretagne, où au moins 80 % des gares ciblées atteignent leurs objectifs. Les régions Bourgogne-Franche-Comté et Hauts-de-France accusent, quant à elles, les retards les plus importants. À noter également le cas particulier de l’Île-de-France, dont seulement 12 % des gares atteignent leurs objectifs, mais qui doit déployer à elle seule 58 % du volume total de stationnements au niveau national. Un effort colossal demandé à la Région qui met tout en œuvre pour relever ce défi. Mais les financements et les volontés politiques ne font pas tout.
Parmi les principales raisons évoquées pour expliquer ces retards, les régions citent les contraintes d’urbanisme, les délais de livraison des équipements, ainsi que le manque de ressources humaines disponibles chez SNCF Gares & Connexions pour travailler sur la maîtrise d’ouvrage des projets d’abris sécurisés. L’intégration du stationnement vélo dans des projets de pôles d’échanges multimodaux importants, qui tardent à sortir de terre, est également pointée du doigt.
Les limites des données
Les chiffres présentés sont issus des données transmises par SNCF Gares & Connexions, et corrigées par les régions d’une part et les DREAL d’autre part. Les chiffres remontés résultant parfois de méthodes de recensement divergentes, Vélo & Territoires ne peut garantir leur exhaustivité. Par ailleurs, il est probable qu’une partie des équipements recensés soient aujourd’hui déployés, mais pas encore mis en service. Améliorer la qualité du recensement du stationnement en gare doit donc rester une priorité.
La mise à disposition de solutions de stationnement, notamment en gare, est un ingrédient essentiel pour développer l’intermodalité vélo – train comme alternative crédible à la voiture individuelle. L’État, les opérateurs, les aménageurs et les propriétaires fonciers doivent se mobiliser rapidement pour atteindre les objectifs minimums fixés par le décret. L’enjeu est d’équiper l’ensemble des 3 000 gares du territoire, dont les moins fréquentées. Une mesure essentielle pour développer l’intermodalité dans les territoires peu denses, où les besoins en solutions de mobilité décarbonées doivent également être adressés.
Antoine Coué
Pour aller plus loin :
- Le tableau de bord Stationnement vélo en gare de Vélo & Territoires (mis à jour tous les six mois)
- L’Enquête nationale sur les politiques modes actifs 2022 réalisée par Vélo & Territoires et le Club des villes et territoires cyclables et marchables
- L’étude intermodalité vélo – transports terrestres réalisée en 2021 par Vélo & Territoires
- Le guide de recommandations pour réussir un projet de stationnement en gare du collectif Vélo Île-de-France
Le tableau de bord Stationnement vélo sécurisé en gare a été réalisé avec le soutien financier de l’Ademe.