Vélo & Territoires

Inscription à la newsletter

Accueil Actualités « Faire du vélo, c’est bien. Faire des vélos, c’est mieux ! » : La filière économique du vélo est lancée

« Faire du vélo, c’est bien. Faire des vélos, c’est mieux ! » : La filière économique du vélo est lancée

C’est avec cette formule choc que Roland Lescure, ministre délégué à l’industrie a lancé les Etats généraux du vélo le 15 novembre à Bercy, dans le centre de conférence du ministère, devant 4 autres ministres et 160 personnes. « Une consécration, surtout en plein saison budgétaire » que d’être accueillis en ce lieu pour la filière économique du Vélo, comme l’a fait remarquer Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports en ouverture de la journée. L’occasion pour les défendeurs de la filière de présenter leur livre blanc et ses 9 engagements, de discuter attentes et moyens d’agir. Pour le Ministre délégué aux transports, les acteurs sont « passés d’un prêche dans le désert à un révolution qui ne s’arrêtera pas ». Prêts à relever le défi lancé par Roland Lescure « d’un vélo 100 % fabriqué en France et 100% éco-conçu » ?

« Changer d’échelle et passer à la vitesse supérieure »

Les co-présidents de l’APIC, organisatrice de l’événement, Patrick Guinard et Olivier Schneider ont rappelé le chemin parcouru. Depuis le premier plan vélo à Angers en 2018 et le rapport du député Guillaume Gouffier-Cha, la filière vélo a connu une « trajectoire ahurissante » a fait remarquer le ministre de la transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu. Le vélo a pris une vraie dimension économique qu’il est à présent important de tenir. Augmentation de la fréquentation, de la vente de VAE, engagement et soutien des élus… Les signaux sont au vert partout. Mais « il reste des trous dans la raquette » : comment profiter de cette dynamique et aller encore plus loin ? La filière doit y aider.

 « Faire du vélo un vrai mode de transport, une vraie économie »

Il s’agit de vendre le vélo aux yeux de tous comme une alternative crédible à la voiture. On en connait déjà les bienfaits en termes de qualité de l’air, de santé, d’artificialisation des sols, de résilience face aux crises. Or, « le secteur des transports, qui représente 30 % des émissions de GES français, est le seul (avec l’agriculture) à ne pas avoir entamer sa baisse. Le potentiel du vélo est donc énorme », souligne Clément Beaune. Surtout que « la filière vélo, c’est 78 000 emplois mais aussi de l’emploi dans les territoires », rappelle Roland Lescure. Cela passe par des infrastructures et aménagements de qualité, accompagnés de financements pluriannuels, plaident les intervenants de la première table ronde dont Françoise Rossignol, présidente du Club des villes et territoires cyclables et marchables. Pour cela, les collectivités, qui sont en première ligne, ont d’avantage besoin d’accompagnement sur l’ingénierie et les financements, en particulier dans les territoires les moins denses.

L’innovation jouera aussi un grand rôle, notamment pour réindustrialiser les vélos en France. D’après Jérôme Valentin, de l’Union Sports et cycles (USC), il existe en France une carence d’opérateurs capable d’assembler un vélo de A à Z et de le réparer. Il y a donc besoin de structurer et labeliser la filière. La formation de nouveaux acteurs devient ainsi essentielle. Cela passe notamment par celle des jeunes, pas seulement sur le SRAV, comme le fait remarquer la Secrétaire d’État en charge de la jeunesse Sarah El Haïry. L’Etat doit s’engager aussi dans le développement des métiers du vélo, afin de faire de ce dernier un outil d’« épanouissement collectif d’une génération ».

« La France, une terre de cyclistes »

L’innovation doit surtout répondre à de vrais besoins et ne pas en créer des artificiels, et, s’il y a bien un champ dans lesquels les besoins sont flagrants, c’est l’intermodalité. « On a besoin de plus de place de vélos dans les trains !» s’écrie Olivier Schneider, président de la FUB, surtout pour répondre au challenge de faire de la France la 1ere destination mondiale de Tourisme à Vélo. Ce dernier représente en effet un énorme potentiel de retombées économiques et est un levier efficace pour le développement de l’usage du vélo. Mais cela ne fonctionnera pas uniquement en ajoutant des places vélo dans les trains, mais aussi en agissant sur le rabattement vers les gares et le stationnement sécurisé, sur la signalisation et la sécurisation des itinéraires, explique Chrystelle Beurrier, présidente de Vélo & Territoires. Aménagements qui serviront aussi à la mobilité du quotidien. Car amener les cyclistes sportifs et les cyclotouristes à pratiquer le vélo au quotidien est aussi un enjeu. Pour la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, « il faut faire des passerelles entre le cyclisme comme discipline sportive et le vélo comme mode de déplacement du quotidien ».

Et maintenant ?

« Le premier défi, celui d’avoir structuré la filière et l’écosystème vélo, est réussi », estime Clément Beaune. Ce n’est que la première étape, mais la présence de cinq ministres pour le lancement de ces états généraux est un vrai « message d’espoir » pour Patrick Guinard. Cette mobilisation ne devrait pas s’altérer puisque « tous les ministères veulent participer » au premier comité interministériel du vélo du 2 décembre prochain sous l’égide de la Première ministre, selon messieurs Beaune et Lescure. Sur un rythme semestriel, ce comité aura pour tâche de définir les moyens pour faire vivre le Plan vélo dont la filière, de fixer des objectifs et de mettre en place des méthodes d’observation et de suivi de leurs réalisations. Nul doute que l’engagement jusqu’à présent exemplaire de tous les acteurs impliqués (industriels, collectivités, entrepreneuriaux, associatifs, sportifs, touristiques, …) dans le développement du vélo en France ne faiblira pas.

Fruit d’un travail collectif et dans la suite du rapport du député Guillaume Gouffier-Cha, ce Livre blanc comporte 9 engagements :

  • Créer une structure qui fédère les acteurs, organise une gouvernance qui reflète les diversité et pilote des projets communs
  • Créer un observatoire pour mesurer ses impacts et piloter ses Engagements
  • Relocaliser Et changer d’échelle pour une industrie du cycle innovante, durable et compétitive
  • Susciter et accompagner les acteurs vers l’innovation afin de répondre aux besoins des usagers et à être plus compétitif.
  • Anticiper les besoins en compétences et formations, développer l’emploi et renforcer l’attractivité de ses métiers
  • Promouvoir et renforcer une production et des usages du Vélo durables, socialement responsables et ancrés dans les territoires
  • Faire de la France la 1ère destination mondiale pour le tourisme à vélo en 2030
  • Stimuler la mise en place accélérée d’un système vélo complet à haut niveau de service, adaptée à tous
  • Valoriser ses acteurs, ses bénéfices environnementaux, sociaux, économiques en France et en Europe.

 

Jilliane Pollak

Politiques cyclables