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Trois territoires peu denses

Extrait de Vélo & Territoires, la revue n°62

Si Paris affiche une densité de population de près de 21 000 habitants par kilomètre carré, c’est très loin d’être le cas de nombre d’autres collectivités territoriales françaises. Illustration en terrain montagneux, littoral et en plaine – et la place grandissante qu’y occupe le vélo.

Communauté de communes Rives de Saône

Créée en 2004 en remplacement des syndicats intercommunaux à vocation multiple de Seurre et de Saint-Jean-de-Losne.

La communauté de communes Rives de Saône sur La Voie Bleue ©Guillaume Robert-Famy

« Étant en milieu rural et diffus avec un habitat particulièrement dispersé, la pratique du vélo sur notre territoire reste avant tout touristique, expose Jean-Luc Soller, président de la communauté de communes Rives de Saône. Ce n’est pas que les gens ne font pas du vélo. C’est plutôt que la pratique est par essence moins régulière qu’en zone urbaine concentrée, même si nous la favorisons par différents équipements, et que la tendance n’est désormais plus ni ponctuelle, ni anecdotique. C’est un mouvement de fond. »

Opportunité

Traversée par l’EuroVelo 6 et La Voie Bleue, Moselle-Saône à vélo (V50), la Communauté de communes voit son travail de lobbying auprès du département de la Côte d’Or, l’habituel maître d’ouvrage des environs, porter ses premiers fruits. « Nous initions des réflexions locales sur la réalisation d’un Schéma directeur pour les mobilités douces, et espérons que 2022 verra la réalisation d’une des berges du canal de Bourgogne entre Saint-Jean-de-Losne et Dijon, en plein cœur de la Cité de la gastronomie », poursuit l’édile, particulièrement attentif aux problématiques
d’écomobilité, de vulnérabilité énergétique des ménages et d’offres de solutions alternatives à la
voiture particulière. Membre du comité d’itinéraire de La Voie Bleue, la collectivité prend cette expérience comme l’opportunité de s’affirmer dans le nœud d’itinéraires cyclables que représente ce secteur. « Nous travaillons également sur un projet de connexion locale sur les deux kilomètres séparant la gare SNCF de Saint-Jean-de-Losne et le centre-ville, complète Laurence Brébant, vice-présidente en charge de la Culture et du tourisme, et aimerions enrichir l’offre des itinéraires cyclables existants par des petites boucles qui invitent à sortir des grandes voies cyclables, ceci afin de permettre aux habitants, mais aussi aux touristes de circuler davantage à l’intérieur du territoire. Multiplier ces connexions est l’un des objectifs de notre mandat. »

Air du temps

Quelle est l’incidence de l’essor du VAE sur un territoire réputé totalement plat ? Pour Véronique Giraud, directrice du service Tourisme, « c’est une demande dans l’air du temps, qui offre l’avantage de pouvoir être loué dans les offices de tourisme et de convenir parfaitement aux attentes de notre clientèle bateau qui, lors de ses escales, souhaite découvrir le territoire à son rythme et dans les meilleures conditions. » Cet accompagnement en douceur vers une mobilité alternative et durable va de pair par exemple avec le développement d’aires de covoiturage.

Exemplarité

En 2021, ces actions autour du vélo représentent un investissement de 50 à 60 000 euros. Cette somme englobe le Schéma directeur des mobilités douces, le Plan climat, les actions de sensibilisation à la vélo-école… L’initiative « Bougeons autrement » de la Communauté de communes lui a ainsi valu d’être retenue sur deux appels à projets, l’un avec la région Bourgogne-Franche-Comté (« Mobilité rurale »), l’autre national (« France Mobilités »). Cette double sélection représente un palier important. Elle donne en effet au passage le coup d’envoi de la création d’une Maison des mobilités et du vélo, mais aussi d’actions d’animation auprès des scolaires sur le thème de la nécessité d’être mobile, ou la mise en place de solutions de transports scolaires alternatives comme le Pedibus, les rosalies voire l’hippomobilité, c’est-à-dire en calèches. Liaisons gare-entreprise, installation d’une soixantaine d’abris à vélos sur les sites communautaires, mais aussi de consignes fermées sécurisées ou de bornes VAE sur des sites plus touristiques… « Toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre du PCAET (Plan climat-air-énergie territorial) et de l’axe d’exemplarité de la collectivité », conclut Claire Neau, chargée de mission PCAET/Mobilité. La technicienne renvoie à l’enquête déplacements « Et vous, vous y allez comment ? » menée en interne auprès de quelque 250 habitants et usagers du territoire pour mieux identifier leurs attentes et les inciter aux mobilités alternatives. Davantage de sécurisation des aménagements, d’abris et de solutions locales de réparation sont les principaux enseignements de cette étude. « C’est un projet transversal entre les services Aménagement du territoire, Tourisme et Environnement. » Pour Jean-Luc Soller, l’enjeu à terme est aussi de « parvenir à un plan de circulation partagée entre automobilistes, cyclistes et piétons », en réponse à un milieu urbain concentré et contigu. « Cela peut déboucher au passage sur une meilleure insertion des jeunes, des personnes âgées et des publics en difficulté. En clair : ce serait un progrès localement. »

En savoir plus : www.rivesdesaone.fr

Syndicat du Pays de Maurienne

Créé en décembre 2000, le Syndicat du Pays de Maurienne succède à l’association des maires de Maurienne, fondée en 1972.

Entretien avec Yves Durbet

Président du Syndicat du Pays de Maurienne

Comment le vélo est-il devenu un enjeu sur le territoire du Pays de Maurienne ?
Lors du mandat passé, nous avons effectué un travail en deux temps. Nous avons d’abord réalisé un diagnostic pour déterminer la faisabilité d’un itinéraire de fond de vallée sur la V67 permettant la jonction des 53 communes reliant Aiton à Bonneval sur Arc. Cette étape a permis à chacun de prendre conscience de l’importance de passer à la phase de réalisation. Ceci fait, nous avons pu travailler sur un avant-projet sommaire, pour formuler des propositions et des variantes et les présenter avant la fin du mandat. Un comité de pilotage réunit les cinq communautés de communes de la vallée, lesquelles sont toutes adhérentes au Syndicat du Pays de Maurienne.

Qui assurera la maîtrise d’ouvrage de cet itinéraire ?
Cela va se décider très prochainement. Les études de l’avant-projet sommaire sont portées par le
Syndicat et l’hiver devrait permettre de trancher cette question de la maîtrise d’ouvrage. La question a son importance car cette responsabilité implique à la fois la réalisation des différents tronçons, mais aussi leur entretien. Là encore le Syndicat tient la corde mais, bien entendu, si une autre collectivité plus aguerrie souhaite prendre la main, c’est tout à fait envisageable.

À quel public s’adressent ces aménagements ?
C’est un projet d’ensemble qui porte sur les 150 km de la vallée, dont 64 seront en voie verte. Il concerne autant les cyclosportifs que ceux que j’appelle avec affection les « cyclistes du dimanche ». Il ouvre aussi la porte à ceux qui souhaitent franchir le pas des trajets domicile-travail ou domicile-commerces à vélo. Lorsque cette partie aménagement sera avancée, il sera temps d’imaginer et de proposer ce qui va autour : des aires de repos, des sites remarquables, etc., le tout avec l’aval du maître d’ouvrage.

La V67 Porte de Maurienne ©Alban Pernet

Quel budget cela représente-t-il ?
L’enveloppe totale est estimée à 35 millions d’euros. C’est un investissement très lourd, qui nécessite un calendrier d’autant plus précis qu’il y a un gros travail à faire sur les dispositifs réglementaires : loi sur l’eau, zones Natura 2000, espaces naturels protégés, etc. Une équipe solide travaille dessus. Par ailleurs, notre proximité avec l’Italie donne une dimension supplémentaire à notre chantier. L’opportunité est belle de connecter l’Europe du Nord à celle du Sud et de l’Est. En nous positionnant comme un chaînon manquant, nous espérons ainsi convaincre l’Union européenne d’investir.

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur vos actions ?
Si elle n’a pas impacté notre agenda à proprement parler, elle a en revanche empêché nombre de
rencontres directes avec nos interlocuteurs de la DREAL ou de la DDT, ainsi qu’avec les communautés de communes. Maintenant, nous restons réalistes dans nos projections. Au terme de notre mandat 2020-2026, nous espérons avoir réalisé la moitié de ce tronçon Aiton-Montcenis. C’est la partie la plus facile car, ensuite, il nous faudra nous attaquer au fond de vallée et notamment à la portion qui relie Saint-Michel de Maurienne à Modane. Compte-tenu du trafic routier, nous réfléchissons à la mise en place de systèmes de navettes ferroviaires et/ou d’autobus le long de cette RD 1006 pour les publics les moins aguerris.

Qu’est-ce qui fait que la « mayonnaise vélo » n’a pas pris plus tôt, sur un territoire a priori sensibilisé à ces questions, à travers notamment sa dimension sportive ?
Les Mauriennais sont convaincus de longue date. C’est juste qu’il y avait d’autres priorités budgétaires. Il y a cinq ou six ans nous avons déposé une marque « La Maurienne, le plus grand itinéraire cyclable du monde® », dans l’idée, entre autres, de valoriser nos cols mythiques (Croix de Fer, Iserand, Montcenis, Galibier…). Dans la continuité, nous avons déjà mis en place cinq stations VAE interconnectées, ainsi que des bornes de recharge rapides au sommet des cols afin de sécuriser les randonneurs à VAE. Nous travaillons aussi à la mise en place de filières autour du cycle, en partant de la fabrication en aluminium etc. Une fois tout en place, il nous restera à convaincre le cycliste de passage qu’il n’est pas obligé de ne faire « que » passer. Il peut aussi choisir de rester. À nous de susciter ce désir-là.

En savoir plus : www.maurienne.fr

Golfe du Morbihan Vannes Agglomération

Créée le 1er janvier 2017.

Campagne de promotion du vélo en 2020

Golfe du Morbihan Vannes Agglomération, c’est à la fois « un littoral, des îles et une ville-centre qui draine du monde, des emplois et des services, ainsi qu’une première couronne » énumère Félicie Mordel, chargée de mission Mobilité. « Au nord, le territoire est plus vallonné, il y a moins de transports en commun et les habitats sont plus espacés. » En 2017, l’intercommunalité a fusionné la communauté de communes de la Presqu’île de Rhuys, Loc’h Communauté et Vannes
Agglomération pour devenir Golfe du Morbihan Vannes Agglomération. Fort désormais de 34 communes et 168 000 habitants, l’EPCI a dû harmoniser le maillage cyclable qui était le sien jusqu’alors. C’est chose faite depuis le 7 février 2019 et l’adoption d’un plan vélo dont le budget s’élève à 400 ou 500 000 euros par an et met l’accent sur l’aménagement d’axes d’intérêt majeur, les liaisons intercommunales et les travaux sur les ruptures d’itinéraires cyclables. Des fonds de concours sont par ailleurs attribués aux communes qui se lancent dans la réalisation de ces
aménagements. L’aide s’élève à 50 % si le tronçon se raccorde à un axe d’intérêt majeur, et 25 % si c’est un maillage communal. « Sept communes en ont bénéficié en 2020, et six demandes sont instruites pour 2021 » poursuit Félicie Mordel, précisant que « les communes n’ont jamais été aussi demandeuses de tels aménagements ». La crise sanitaire ? « Elle a permis une authentique prise de conscience, » se réjouit Denis Bertholom, vice-président en charge des mobilités, des déplacements et des infrastructures. Avant 2020 en effet, les déplacements de deux à trois kilomètres s’effectuaient majoritairement en voiture. Depuis la sortie du premier confinement et le fameux rayon d’un kilomètre au-delà duquel il fut pendant plusieurs semaines interdit de s’aventurer, se déplacer sonne désormais comme une injonction à en profiter pour se dégourdir les jambes. Une aubaine en ces terres de bourgs et de hameaux pour le marché du VAE ou du vélo-cargo. Qui plus est, « la voiture ne peut être contrainte que là où elle peut être contrainte, affine le maire de Larmor-Barden. Le report multimodal n’a de sens que si le trafic est fluide là où il est redirigé. » Les priorités à venir ? Les entrées de villes et les projets de jalonnement pour améliorer la signalisation sur les routes à faible circulation. Les premiers comptages sont prévus pour cette année.

Anthony Diao

Vélo & Territoires, la revue