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La région Centre-Val de Loire, territoire cyclable

Extrait de Vélo & Territoires 50

Composé de six départements (Cher, Eure-et-Loir, Indre, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret), le Centre-Val de Loire est la quatrième région de France de par sa superficie mais la première en matière cyclable. Comment s’est construit ce leadership national ? Comment l’amener à durer ?Interview avec François Bonneau, président de cette grande destination vélo française, à l’occasion de ce numéro 50 de Vélo & Territoires.

Depuis le début des années 2000 et le projet La Loire à Vélo, la région Centre – désormais Centre-Val de Loire – ambitionne de devenir la première région cyclable de France. Mission accomplie ?
La Région a effectivement concrétisé cette ambition nationale en conduisant un double objectif. L’enjeu était à la fois de mobiliser les prestataires touristiques, afin qu’ils s’approprient les infrastructures cyclables, mais aussi de les convertir progressivement à l’accueil des touristes à vélo. En tout, plus de 500 hébergeurs, loueurs de vélo, sites et offices de tourisme se sont spécialisés dans l’accueil des cyclistes.

Quelles perspectives ce statut de leader ouvre-t-il ?
Depuis le lancement en 2016 de notre nouvelle stratégie touristique, la Région ambitionne de devenir, au niveau européen, une région leader du tourisme expérientiel à vélo. Comment ? En mixant projets d’envergure et initiatives de proximité. L’enjeu est de pénétrer, découvrir et partager les richesses culturelles et naturelles de nos « territoires mosaïques », en recherchant une expérience enrichie et spécifique pour chaque véloroute et chaque boucle.

Quelle est votre feuille de route pour espérer atteindre cet objectif ?
En lien avec les départements, les agglomérations, les pays et les communautés de communes volontaires, nous souhaitons, d’ici 2021, accompagner, équiper et développer 2000 km supplémentaires d’itinéraires cyclables pour découvrir et révéler les territoires traversés. L’objectif est de concevoir et d’imaginer des « véloroutes de seconde génération », singulières et enrichies, et de passer ainsi du plaisir de se déplacer à vélo à l’expérience touristique à vélo. Il nous faut pour cela conquérir de nouvelles clientèles cyclables en facilitant l’accessibilité par les transports collectifs car/train et le développement du vélo à assistance électrique (VAE).

Relais Informations Services sur La Loire à Vélo

De quelles réalisations êtes-vous le plus fier au niveau de la Région, ces dernières années ?
Il y en a trois. Les Échappées à vélo, d’abord. Le concept a évolué avec les années. Il s’appuie sur la notoriété de La Loire à Vélo, avec des fêtes initialement portées par la Région sur un seul week-end. Puis il a progressivement glissé pour s’étendre à l’ensemble du territoire régional avec, sur la saison 2014, un portage plus local. Chaque année durant quatre mois, plus de cinquante événements locaux ponctuent l’agenda régional. Les territoires prennent une place de plus en plus active dans la préparation et l’organisation, et la Région se concentre sur la médiatisation.

Une autre fierté ?
Avec les véloroutes de Saint-Jacques-de-Compostelle et un parcours sur route complémentaire de celui des randonneurs pédestres, nous nous orientons vers la construction d’un itinéraire « culturel », donc enrichi dans son contenu et inspiré par un usage millénaire. Nous sommes au service d’une histoire qui sera vécue par chacun des cyclistes. Nos deux itinéraires jacquaires via Tours, Chartres et Vézelay sur le Berry nous ont été inspirés par les cyclistes de l’Europe du Nord, comme ce fut le cas pour La Loire à Vélo qui était déjà pratiquée il y a plus de vingt ans par  les cyclistes internationaux.

Et le troisième motif de satisfaction ?
Le réseau Accueil Vélo. Il est né ici, en Val de Loire en 2006, et s’est étendu à l’ensemble de la France. Il regroupe aujourd’hui plus de 3000 professionnels du tourisme investis dans le vélo. Avec le Comité régional du tourisme (CRT), nous souhaitons d’ailleurs expérimenter un nouveau référentiel qualité avec les villes et villages qui s’investissent et se mobilisent pour l’accueil des cyclistes.

Quel budget la Région consacre-t-elle à la mise en oeuvre de sa politique cyclable ?
La Région a participé à hauteur de 60 % voire 80 % pour La Loire à Vélo. Nous avons obtenu la mobilisation des fonds européens FEADER à hauteur de 40 % sur l’aménagement des véloroutes qui limite l’investissement de l’aménageur à 20 % des études et des travaux avec un soutien régional de 40 %.

Comment sont répartis ces investissements ?
Nous intervenons via les pays et les contrats régionaux de solidarité territoriale, principalement sur la création des boucles à hauteur de 40 % et 80 % sur les études de faisabilité et les outils de communication. Avec les départements et les agglomérations nous contractualisons sur quatre ans les projets de véloroutes : études, aménagement, équipements connexes, ouvrages d’art cyclables, maison du vélo, avec des participations régionales variant entre 40 et 50 %. L’investissement régional consacré aux infrastructures varie selon les années entre 1 million et 500 000 €, auquel il faut ajouter les actions du CRT, l’organisation des Échappées à vélo et l’équipement du train Interloire.

Combien de kilomètres ont été réalisés à ce jour ?
Le réseau cyclable touristique régional compte 5000 kilomètres d’itinéraires jalonnés et sécurisés, qui s’organisent autour d’une armature de huit véloroutes structurantes (dont quatre sont déjà ouvertes : La Loire à Vélo, Saint-Jacques à Vélo via Chartres, Indre à Vélo, La Véloscénie), et d’un réseau de 150 boucles locales portées par une vingtaine de pays. Cette réussite s’est appuyée sur la mobilisation active des départements, des agglomérations, des pays et des intercommunalités. Tous ont partagé une méthode et des principes d’aménagement et de jalonnement communs à l’échelle régionale.

Quelles sont les prochaines échéances à court et moyen terme ?
À court terme, l’arrivée de La Scandibérique/EuroVelo 3, qui longera les canaux du Loing et de Briare, permettra une liaison cyclable directe entre Paris et La Loire à Vélo. Sur le moyen et le long terme « le chantier » des dix années à venir est la véloroute V46 qui longera la vallée du Cher et le canal de Berry sur 300 km en traversant quatre départements et se connectera aux deux extrémités à La Loire à Vélo. Enfin, le développement du VAE traditionnel ou solaire à vocation touristique me paraît essentiel pour ouvrir la pratique du plaisir à vélo au plus grand nombre.

Quid de l’inscription du vélo au futur SRADDET de la région Centre-Val de Loire ?
Dans le précédent SRADDT, nous avions clairement identifié, parmi vingt ambitions, celle de « devenir la première région de tourisme à vélo ». Dans le cadre de l’élaboration du SRADDET –
qui, je le rappelle, sera prescriptif -, nous inscrirons la carte des véloroutes existantes et en projet. Le SRADDET pourrait devenir une version allégée du PDIPR (Plan départemental des itinéraires de promenades et des randonnées), mais d’échelle régionale, compatible avec le niveau national et départemental. Il pourrait protéger juridiquement les véloroutes et surtout permettre leur prise en compte dans tous les projets susceptibles d’en menacer la pratique ou d’en modifier les caractéristiques. Enfin, je souhaite que les véloroutes puissent s’inscrire dans le volet mobilité aux côtés des infrastructures lourdes afin de faciliter les passerelles et la transversalité des usages, et de conforter leur statut. Mais je ne peux aller plus loin à ce stade car les forums territoriaux organisés à l’échelle des bassins de vie sont en cours pour élaborer ce document.

Avec votre regard de président délégué de Régions de France, sur quels piliers les régions doivent-elles s’appuyer pour développer le vélo en conciliant leurs compétences transports, tourisme et aménagement du territoire ? Les DRC par exemple préconisent d’inscrire les schémas régionaux vélo aux SRADDET.
Je suis favorable à cette préconisation. L’inscription a un rôle incitatif et permet un développement global et cohérent. Les régions ont désormais une responsabilité plus globale sur le ferroviaire avec le passage des TET vers les TER. Elles élaborent un schéma de mobilité et sont donc à même de penser et de mettre en oeuvre l’intermodalité.

Pour conclure, comment durer et poursuivre par exemple la dynamique autour des grands itinéraires cyclables touristiques ?
C’est effectivement une question difficile, qui s’inscrit dans le cycle de vie d’un produit touristique. À l’expérience, l’observation de la fréquentation et l’analyse des attentes de la clientèle sont essentielles pour redynamiser un parcours, prendre conscience de ses faiblesses et s’engager sur des axes d’amélioration. La constitution de comités de développement à l’échelle régionale ou interrégionale paraît capitale pour l’avenir et la gouvernance d’un itinéraire. Enfin, avec le CRT Centre-Val de Loire, nous avons lancé l’étude d’un plan marketing vélo en capacité de valoriser l’ensemble de l’offre régionale, qu’elle soit de portée locale ou nationale. Nous espérons devenir « l’autre pays du vélo », mais les aménageurs publics ne le feront pas seuls. Nous souhaitons donc embarquer les prestataires touristiques, le tissu socio-économique dans toutes ses dimensions, et les habitants, qui seront ambassadeurs de cette ambition.

Copyright des photos : Direction du Tourisme – région Centre-Val de Loire

En savoir plus : www.regioncentre-valdeloire.frwww.echappeesavelo.fr / www.marandoavelo.fr


Loc.Val de Loire

Trois questions à Michaël Tabard, responsable développement enseigne

Comment est né Loc.Val de Loire ?
À l’origine, notre magasin commercialisait des vélos mais aussi des cyclomoteurs et des scooters. Dans les années 2000, Joël Tabard, l’actuel gérant, décide d’arrêter la vente de véhicules motorisés. Courant 2005, en même temps que la naissance progressive de La Loire à Vélo, il décide de se lancer, seul, dans l’aventure de la location. En 2013, j’ai rejoint l’aventure. J’ai refondu entièrement le site Internet en site e-commerce. Nous avons également, en parallèle, développé un système de points de location/dépôt avec des établissements partenaires pour toucher une clientèle plus large. Aujourd’hui c’est plus de 2500 personnes transportées à l’année sur presque 300 vélos.

Où en êtes-vous depuis le lancement ?
Dès cette année, nous avons souhaité monter en gamme sur les vélos loués car c’était une demande permanente des clients. Nous prévoyons également pour 2018 la création de notre agence de voyage à vélo et à plus long terme, l’ouverture de plusieurs autres agences sur le parcours.

En quoi la politique cyclable menée sur la région Centre-Val de Loire contribue-t-elle au développement de votre activité ?
La région Centre-Val de Loire, son président M. Bonneau mais aussi l’ensemble de l’équipe en charge du tourisme ont fait un travail gigantesque et remarquable. C’est la volonté politique et l’envie de chacun et chacune qui ont surtout contribué au rayonnement national et international des véloroutes et voies vertes de la région Centre-Val de Loire. L’aide publique aux petites structures me semble le levier principal à actionner à l’avenir. Bien plus qu’une aide financière, c’est avant tout une aide humaine qu’il nous faut comme l’accompagnement à l’embauche et au développement.

En savoir plus : loc-valdeloire.com


Château et jardins de Villandry

Trois questions à Henri Carvallo, directeur général

Comment en êtes-vous venu à labelliser Accueil Vélo le château et les jardins de Villandry ?
Nous recevions déjà beaucoup de visiteurs à vélo, la mise en oeuvre de La Loire à Vélo a accentué le phénomène. Depuis cette labellisation, nous avons dû doubler la taille de notre parking à vélo.

Quelle incidence cette labellisation a-t-elle eue sur votre fréquentation ?
Nous recevons de nombreux cyclistes et beaucoup de petits groupes étrangers à vélo, notamment américains. Par ailleurs nous avons la chance d’être à distance cyclable en une demi-journée aller-retour de Tours, donc nous recevons également de nombreux Tourangeaux qui, pour certains, visitent les jardins et pour d’autres, prennent un verre au salon de thé.

En quoi la politique cyclable menée en région Centre-Val de Loire contribue-t-elle au développement de votre activité ?
Découvrir la région à vélo et effectuer une visite apaisante de nos jardins sont deux expériences très complémentaires. Nous avons par ailleurs la chance d’être exactement sur l’itinéraire de La Loire à Vélo, et proches de Tours. C’est un projet très vertueux que mènent là les deux régions. Il reste à améliorer encore certains tronçons du parcours… et notamment la traversée de la ville de
Tours.

En savoir plus : www.chateauvillandry.com

Propos recueillis par Anthony Diao

Vélo & Territoires, la revue