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Baromètre des villes cyclables 2021 : une nouvelle édition record

Les résultats de la troisième édition du Baromètre des villes cyclables étaient présentés ce 11 février, à l’occasion du congrès de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) à Tours. Un troisième opus « de la maturité », selon les mots de son président Olivier Schneider, avec pas moins de 277 384 contributions et 1 625 communes classées. Une photographie instantanée des besoins et des attentes des usagers, mais aussi un outil de politique publique au service des territoires. Décryptage et perspectives.

L’édition de la maturité

Lors du congrès de la FUB en 2016 à La Rochelle, le journaliste Olivier Razemon lançait l’idée de mettre en place, en France, l’équivalent du « Fahradklimatest », gigantesque enquête sur la pratique du vélo en Allemagne. Après une première édition en 2017 qui avait permis d‘obtenir une reconnaissance nationale dans le cadre des Assises de la mobilité, la version 2019 du désormais célèbre « Baromètre des villes cyclables » français réalisait l’exploit de dépasser sa grande sœur allemande en devenant la plus grande enquête citoyenne sur le vélo dans le monde. C’est dire à quel point la barre était haute pour cette nouvelle édition. « L’enquête de 2019 ayant bénéficié d’une participation record avec une augmentation de plus de 60 % du nombre de répondants, nous nous sommes interrogés sur les objectifs à atteindre en 2021 », explique Olivier Schneider. « Plutôt que de viser davantage de répondants, nous avons décidé de miser sur la diversité des territoires ». Un pari plus que réussi puisque les 277 384 contributions de cette nouvelle édition permettent de classer le « climat cyclable » de 1 625 communes, du petit village rural à la grande métropole. Preuve s’il en fallait que le vélo n’est pas qu’une affaire de grands centres urbains.

Changement de braquet pour les catégories de collectivités

Si la méthode d’enquête reste globalement inchangée, ce nouveau cru du Baromètre des villes cyclables apporte tout de même son lot de nouveautés. Du 14 septembre au 30 novembre 2021, les cyclistes (mais aussi les non-cyclistes) de l’ensemble du territoire ont pu répondre à un questionnaire en ligne composé de 26 questions classées en cinq thématiques : ressenti général, sécurité, confort, efforts de la commune, stationnement et services vélo. Pour chaque question, les répondants pouvaient attribuer une note entre un et six. Une note globale a été ensuite calculée pour situer le climat vélo de chaque ville sur une échelle allant de « A+ » (excellent) à « G » (très défavorable). Par souci de représentativité, seules les communes ayant reçu un minimum de 50 réponses ont été intégrées dans l’échantillon final. Un outil de saisie cartographique proposait également d’identifier les points à améliorer en priorité, les points de progrès en termes d’aménagements cyclables et les besoins en stationnement vélo. Plus d’un million de contributions cartographiques ont pu être récoltées grâce à cet outil. Mais la principale évolution de ce cru 2021, c’est la grille de lecture des résultats. « Les éditions précédentes du Baromètre proposaient de classer les communes en fonction de leur nombre d’habitants », raconte Séraphin Elie, secrétaire général de la FUB. « Nous avons dû revoir cette classification du fait du nombre important de collectivités classées cette année. Par ailleurs, une analyse des communes se basant uniquement sur la population met de côté des structures socio-spatiales très variées ». Résultat, pour cette troisième édition les catégories de classement des communes reposent sur une approche mêlant démographie et critères sociaux-spatiaux : grandes villes, communes de banlieues, villes moyennes, petites villes et bourgs et villages.

Le Baromètre, un outil au service des projets, des territoires et coopérations entre acteurs ©FUB – Olivier Pesret

Un climat encore défavorable à la pratique du vélo au niveau national

Si le Baromètre est un outil formidable de mesure de la cyclabilité à l’échelle locale, il apporte aussi une certaine « science du vélo » au niveau national. « Avec un score moyen de 2,98 sur 6 sur l’ensemble du territoire, les usagers font état d’un climat « plutôt défavorable » à la pratique du vélo en France », explique Thibault Quéré, responsable du plaidoyer de la FUB. Un constat renforcé par le fait que les attentes des usagers évoluent plus vite que les politiques cyclables mises en place par les collectivités. « 48 % des personnes interrogées estiment que la situation est restée identique pour les cyclistes sur les deux dernières années. Près de 16 % estiment même qu’elle s’est dégradée ». Les pistes d’évolution ? La thématique de la sécurité, qui reste la moins bien notée par les usagers, est identifiée comme une priorité. « C’est particulièrement vrai pour les femmes, qui sont plus de 58 % à ne pas se sentir en sécurité à vélo », décrit Thibault Quéré. Un constat qui ne peut se résoudre que par une réduction de la place de la voiture dans l’espace public : 75 % des personnes répondantes considèrent que le trafic motorisé est encore gênant pour la pratique du vélo et 81 % considèrent comme dangereux le fait de traverser un carrefour ou un rond-point. Une véritable feuille de route à suivre pour les territoires.

Le baromètre des villes cyclables, un outil au service des collectivités

Dans le cadre de son plan d’action pour le vélo, le département de la Loire-Atlantique s’est appuyé sur les résultats du Baromètre 2019 pour proposer un suivi de la politique cyclable à ses collectivités locales. Les différentes données communales, mises à disposition par la FUB, sont agrégées pour disposer d’indicateurs au niveau intercommunal. En 2021, fort de l’intérêt de ces premiers résultats, le Département a largement incité les usagers de son territoire à répondre à l’enquête. Résultat :  une grande partie des communes ont reçu suffisamment de réponses pour pouvoir être « classées » dans cette nouvelle édition du Baromètre, ce qui permettra à seize des dix-sept EPCI du département de bénéficier d’une analyse des pratiques au niveau intercommunal. Un outil d’autant plus utile que la FUB propose désormais aux collectivités volontaires d’ajouter leurs propres interrogations dans le questionnaire diffusé aux usagers.

Un palmarès très attendu

Mais le Baromètre des villes cyclables, c’est aussi et surtout un palmarès des communes les plus ambitieuses sur le vélo en France. Dans la catégorie des grandes villes, c’est Grenoble qui récolte la première place, devant Strasbourg (première pour les deux éditions précédentes) et Rennes. Du côté des villes moyennes, La Rochelle rafle la mise, avec néanmoins une belle troisième place pour la ville de Chambéry, au coude à coude avec Bourg-en-Bresse. Dans la (nouvelle) catégorie des communes de banlieues, à savoir les villes de plus 3 500 habitants rattachées à un grand pôle urbain, c’est la ville de Saint-Aubin-de-Médoc (Gironde) qui termine première, avec la note de 4,89 sur 6, soit la meilleure note attribuée de toutes les communes classées. Dans les catégories « petites villes » et « bourgs et villages », deux communes de Vendée situées sur La Vélodyssée terminent en tête : Saint-Jean-de-Monts et La-Tranche-Sur-Mer. L’occasion de rappeler qu’une politique touristique ambitieuse est également un facteur essentiel pour améliorer la cyclabilité d’un territoire.

Antoine Coué

Politiques cyclables