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Le dispositif GoodWatt, une solution concrète pour les déplacements domicile-travail

S’il y a un secteur où la pratique du vélo doit être particulièrement accélérée, c’est bien dans celui du monde du travail. Les employeurs jouent un rôle essentiel afin d’apporter les conditions nécessaires et accompagner le changement de comportement de leurs salariés. Les bénéfices seront au rendez-vous : des salariés plus ponctuels, moins malades et plus productifs qui limitent l’impact environnemental de leurs déplacements domicile-travail. Que mettre en place pour accompagner les salariés ? Le dispositif GoodWatt propose une réponse concrète et clé en main aux employeurs avec le VAE comme objet transitionnel vers une mobilité durable. Entretien avec Sébastien Rosenfeld, directeur du programme, et Elodie Frémaux, responsable marketing et communication.

©LoVELOve Factory

Vélo & Territoires : Le dispositif GoodWatt, de quoi s’agit-il ?

Sébastien Rosenfeld : GoodWatt s’inscrit dans le programme CEE O’vélO! qui a pour objectif de promouvoir le VAE pour les déplacements domicile-travail. Conçu par Mobilités Demain, filiale dédiée aux mobilités durables d’Énergies Demain, le dispositif est soutenu par l’Ademe et financé par Bolloré Energy à travers les Certificats d’Economies d’Energie (CEE). L’employeur est en position de faire évoluer les pratiques de déplacement de ses salariés. Avec le dispositif GoodWatt nous leur proposons une solution clé en main. Le programme sera déployé dans 25 agglomérations dès mars 2021 avec l’appui des entreprises, des collectivités et des      administrations de plus de 200 collaborateurs. Nous ciblons en priorité les agglomérations proposant déjà de bonnes conditions cyclables. L’objectif est de toucher 450 employeurs publics et privés et d’accompagner 10 000 salariés dans la découverte et le test du VAE d’ici fin 2022. Le dispositif GoodWatt est complété par Cyclope, un outil numérique destiné aux collectivités, qui leur permet de visualiser les infrastructures d’un territoire, de caractériser sa cyclabilité et de définir le potentiel de report modal pour les déplacements domicile-travail.

Concrètement, ça se passe comment ?

Sébastien Rosenfeld : Le programme se déroule en quatre étapes. Première étape, la sensibilisation. Avec nos outils numériques, nous sensibilisons l’ensemble des collaborateurs aux avantages du VAE. Les témoignages vidéo des salariés qui ont déjà passé le cap joueront un rôle important. Nous avons choisi sept ambassadeurs, dans des zones géographiques variées et avec des histoires particulières, qui montrent que c’est possible d’utiliser le VAE pour les déplacements domicile-travail et que cela a de multiples avantages. Ce sont des exemples concrets, source d’inspiration pour de nombreuses personnes. Deuxième étape, un essai découverte de quelques minutes d’un VAE proposé à tous les salariés des 450 employeurs bénéficiaires. L’idée est de leur offrir un premier contact avec le VAE. Troisième étape, 25 salariés de chacun de ces employeurs sont accompagnés dans la pratique avec le prêt d’un VAE équipé et assuré pendant un mois et une formation au savoir rouler en ville en sécurité. Au total, nous aurons 625 VAE qui tourneront tous les mois d’employeur en employeur dans les 25 agglomérations. Enfin, la quatrième étape est celle du bilan. Nous proposons aux salariés, ainsi qu’à l’employeur un bilan personnalisé et des propositions d’actions pour continuer leur transition vers le VAE pour leurs déplacements quotidiens.

 

Avec qui travaillez-vous pour le prêt de VAE ?

Sébastien Rosenfeld : Nous travaillons avec Cycleurope Industries situé à Romilly-sur-Seine dans l’Aube. Les salariés se voient proposer des vélos de ville de la marque Gitane, adaptés à tous les gabarits, équipés d’un moteur central Bosch et de freins à disque. La batterie offre une autonomie de plus de 100 km. Pour que l’expérience soit la plus complète possible, les accessoires sont également fournis : casque, gilet réfléchissant, antivol U, vêtement de pluie, sacoches, support pour smartphone, siège pour enfant.

Comment une collectivité peut participer à ce programme ?

Elodie Frémaux : Une collectivité peut y participer de trois manières. Premièrement, en s’inscrivant au programme en tant qu’employeur. Les agents des collectivités sont les premiers ambassadeurs de la politique vélo des territoires. Deuxièmement, en faisant connaître le programme aux employeurs présents sur leur territoire. Les outils digitaux développés dans le cadre du programme peuvent largement être repris par les collectivités. Nous diffuserons du contenu utile et nourrirons la relation avec les territoires via notre site web et LinkedIn. Troisième action, les collectivités peuvent s’approprier l’outil Cyclope (y compris de manière indépendante aux prêts de vélo) pour établir un diagnostic et assurer le suivi de la mise en œuvre de leur plan de mobilité ou de leur schéma directeur cyclable.

Sébastien Rosenfeld : Prenons deux exemples concrets. Un des sept ambassadeurs habite        Blagnac. C’est une évidence pour nous de proposer également le dispositif à cette commune pour y promouvoir le VAE pour les déplacements domicile-travail. Du côté de Nantes, la CCI va prochainement réunir des chefs d’entreprise pour un temps d’échange sur la mobilité à vélo. Ça sera l’occasion pour nous de partager les témoignages des employeurs qui auront participé au programme, auprès de ceux qui n’ont pas encore franchi le cap. Nous misons beaucoup sur les retours d’expériences que nous diffuserons sur nos réseaux pour en faire profiter le plus grand nombre.

Quel budget est alloué au programme ?

Elodie Frémaux : Le programme O’vélO! est subventionné à hauteur de 7 millions d’euros par les CEE. Le dispositif est gratuit pour les salariés et il y a un reste à charge pour l’employeur qui correspond à la part non financée par les CEE. Le programme est clé en main pour les employeurs. Il comprend les actions de sensibilisation, les animations, un mois de prêt et d’accompagnement dans la pratique pour 25 salariés qui souhaiteront se lancer et un bilan pour poser les jalons d’une politique vélo structurée au sein de l’entreprise. C’est aussi un moyen d’initier une dynamique collective autour du vélo et de vérifier si la demande des salariés est présente.

Quelle est l’incidence de la crise sanitaire ?

Elodie Frémaux : Pour le dispositif digital et le déploiement opérationnel du prêt de VAE le Covid n’a quasiment pas d’incidence. A contrario, il est difficile de proposer des animations et des essais de découverte à l’heure actuelle. Nous allons miser sur le digital pour sensibiliser les salariés et nous ferons au mieux pour nous adapter et réaliser les actions de sensibilisation et de formation dès que possible. Si le télétravail rentre dans les usages, et tant mieux, il n’est pas possible partout et pour tous. Côté employeur, promouvoir la pratique du vélo auprès de ceux qui doivent se rendre sur leur lieu de travail est un signal fort d’attention sociale.

Quels défis vous attendent ?

Sébastien Rosenfeld : De nombreux employeurs jugent indispensable de renforcer la mobilité durable de leurs salariés et d’accompagner le changement de comportement, mais estiment la tâche compliquée. L’enjeu est de toucher les employeurs qui souhaitent passer à l’action, mais qui ont besoin d’un coup de pouce.

Elodie Frémaux : Au-delà des objectifs chiffrés affichés, le programme aura porté ses fruits si un grand nombre des 10 000 salariés adoptent durablement le vélo dans leur quotidien     . N’oublions pas qu’une expérimentation est souvent le stade qui précède l’adhésion à un mode de déplacement alternatif. Nous en sommes convaincus : le VAE, l’essayer c’est l’adopter.

Propos recueillis par Dorothée Appercel

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