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Véloroute de la source à l’estuaire de la Seine : les usagers mobilisent les territoires

Un collectif d’associations d’usagers a réuni, le 23 mai, 60 participants à Melun autour du projet de véloroute de la Seine, de la source à la mer. Les collectivités ont répondu présentes à cette réunion dont le but était de défendre les projets en amont de Paris. Vélo & Territoires était invité à témoigner sur la structuration des itinéraires vélo en France et à proximité de la Seine. Retour sur les enjeux et opportunités d’une véloroute de la Seine amont.

Inspirations de l’aval : La Seine à Vélo, de Paris à la Mer©

Vernon, le long de La Seine à Vélo, photo : Caroline Ledoux

En 2018, les collectivités concernées par La Seine à Vélo, de Paris à la Mer se sont structurées en comité d’itinéraire, présidé par le département de l’Eure, en lien avec l’Association des départements de l’axe Seine, les régions, les métropoles et l’État. Objectifs ? Communiquer d’une seule voix sur La Seine à Vélo, coordonner la réalisation des infrastructures, inaugurer l’itinéraire en juin 2020 dans une version provisoire. « Nous avons tout intérêt à ce que l’amont rejoigne l’aval, et vice et versa » selon Christophe Perdereau, directeur général adjoint au conseil départemental de l’Eure. « Une structuration sur le même modèle pourrait être envisagée avec une fusion, à terme, lorsque l’itinéraire en amont aura avancé. »

La Seine amont : enjeux de numérotation

Le long d’un canal de la Seine à Troyes

De Paris à l’estuaire, La Seine à Vélo est inscrite au Schéma national vélo sous le numéro V33. En amont en revanche, de Paris à Troyes, le numéro national V16 inclut la Seine amont dans un ensemble plus vaste de Dieppe à Strasbourg. La révision en cours du Schéma national vélo prévoit d’éclaircir cette numérotation en appliquant la numérotation V33 de Troyes jusqu’à l’estuaire. Toutefois, entre Troyes et la source de la Seine, l’itinéraire n’est pas identifié aux schémas cyclables départementaux de l’Aube ni de la Côte d’Or. Il n’est donc pas prévu à ce jour d’étendre la V33 plus en amont.

Futur itinéraire V33 et Seine à Vélo

La Seine amont : enjeux d’infrastructures

De Paris à la source, l’itinéraire vélo de la Seine amont n’est pas continu. Trois sections aux enjeux distincts peuvent être identifiées :

  • La Scandibérique, photo : Vincent Malard

    De Paris à Moret-sur-Loing, l’EuroVelo 3 – La Scandibérique suit les bords de Seine en se superposant à la future V33 (V16). Cette section n’est pas continue mais s’avère considérée comme prioritaire par les territoires concernés au titre de l’EV3 et de l’aménagement des bords de Seine. Louis Vogel, maire de Melun précise : « L’EuroVelo 3 est une porte d’entrée chez nous depuis la Norvège et l’Espagne. Nous sommes au cœur de ce dispositif. Il faut faire des efforts pour accélérer le processus et aller plus vite ».

  • De Moret-sur-Loing jusqu’au Canal de la Haute-Seine, dans l’Aube, les projets d’aménagements sont moins précis. Le projet de grand gabarit de Bray à Nogent-sur-Seine, porté par Voies Navigables de France, pourrait permettre l’aménagement des chemins de halage du canal de Beaulieu avec un usage fluvestre. Un élu de la Communauté de communes du Bassé-Montois précise « les études sont en cours de lancement, d’ici 5 ans, les aménagements pourraient être réalisés».
  • De Troyes à la source, les usagers défendent la mise en place d’une signalisation de type véloroute sur des routes secondaires et forestières. Les départements concernés n’ont toutefois pas inscrit cet itinéraire à leur schéma vélo. Autre frein pour cette section ? Le dénivelé, pour remonter jusqu’à la source.

Quelle opportunité d’une véloroute de la Seine amont ?

L’aménagement d’une véloroute sert le territoire en offrant un aménagement à destination des habitants, pour un usage de mobilité ou de loisirs. Catherine Labbouz, élue à Champagne-sur-Seine, le rappelle « ce projet a avant tout un intérêt social. (…) les premiers usagers de la véloroute seront les habitants ! ». Louis Belenfant, du collectif vélo Ile-de-France : « La Seine à vélo est très utile pour le vélo au quotidien ». Les territoires les plus urbanisés des bords de Seine en témoignent :

  • « À Paris, la reconquête des berges a permis de retrouver le lien avec le fleuve», indique Christophe Najdovski, adjoint à la Ville de Paris. « La Seine est un axe majeur du projet de Réseau Express Vélo à l’horizon 2030. (…) Pour cela, il faudra assurer les continuités cyclables, notamment avec l’amont. »
  • La Scandibérique, photo : Vincent Malard

    En Seine-Saint-Denis, « un plan vélo exceptionnel a été adopté en avril 2019 par le Département. Il prévoit 100% de cyclabilité pour les rues départementales en 2024». Vincent Malard, chef du bureau de l’aménagement durable au Département de Seine-Saint-Denis précise : « avec un contexte de fort développement du vélo à Paris, les Jeux Olympiques de 2024 et les demandes des habitants, le besoin d’aller plus vite et plus fort sur le vélo s’est fait ressentir ».

  • À Troyes, 13 kilomètres de voies vertes le long des Canaux de la Seine ont été réalisés entre 2012 et 2015. Sur ces aménagements « nous observons un usage domicile-travail pendant la semaine, et loisirs le week-end.», indique José Goncalves, conseiller communautaire de Troyes Champagne Métropole.

L’opportunité est aussi touristique pour cette véloroute qui traverse des sites touristiques remarquables avec les châteaux de Fontainebleau et Vaux-le-Vicomte, la ville de Troyes, les lacs de la Forêt d’Orient, le patrimoine impressionniste ou fluvial de la Seine amont. D’autant que le succès du tourisme à vélo et les retombées économiques générées sont importantes aux yeux des territoires concernés. Pour VNF, l’enjeu est de « mieux promouvoir le tourisme fluvial et fluvestre, aux côtés des territoires ». Mais pour une mise en tourisme réussie, la continuité de l’itinéraire sera un préalable.

« Nous avons un axe à nous réapproprier : ce fleuve, qui nous structure et avec le vélo, ce mode de déplacement d’avenir. Nous sommes au début d’un projet vaste », conclut Nicolas Méary, Vice-Président du Département de l’Essonne. Et d’ouvrir sur les perspectives : « Personne ne pourra avancer seul : il nous faudra une mobilisation collective, entre collectivités, associations et citoyens. Aujourd’hui, il s’agit d’une première étape pour la Seine à vélo ».

Agathe Daudibon

Association