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Plus de 20 ans après sa création, la Grande Traversée du Massif Central revient sur le devant de la scène

D’Avallon dans le Morvan au Cap d’Agde à la mer Méditerranée en passant par la chaîne des Puys en Auvergne classée au patrimoine mondial Unesco, la « nouvelle » version de la Grande Traversée du Massif Central (GTMC) traverse douze départements, trois régions et cinq parcs naturels sur près de 1400 km. De difficulté modérée, l’itinéraire a été imaginé pour être intégralement accessible aux VTT comme aux VTT à assistance électrique. Focus sur le renouveau de cet itinéraire mythique qui fait l’objet d’un projet de relance ambitieux et d’une mobilisation à grande échelle avec Vincent Migliacci de l’association IPAMAC (réseau des Parcs naturels du Massif central), chef de file du comité d’itinéraire.

  • Vélo & Territoires : Pouvez-vous nous présenter la GTMC ?

Vincent Migliacci : Créée en 1995 et bien connue des vététistes itinérants, la GTMC historique reliait Clermont-Ferrand à Sète pour un périple de près de 700 km. Au fil des années, plusieurs milliers de vététistes venus de la France entière et de l’Europe l’ont parcourue et contribué à sa renommée. Après une mise en sommeil au milieu des années 2000 pour différentes raisons, un nouveau cap est fixé pour cet itinéraire historique depuis 2015.

  • V&T : Qu’est-ce qui a motivé la relance de l’itinéraire ?

V.M. : Les collectivités se sont rendues compte que la GTMC constituait une vitrine énorme pour leur territoire et générait d’importantes retombées économiques pour leurs prestataires touristiques. Impulser une nouvelle dynamique autour de cet itinéraire mythique, l’étendre sur toute la traversée du Massif Central, créer un itinéraire complémentaire aux véloroutes et voies vertes et le concevoir pour la pratique du VTT à assistance électrique tels sont les grands enjeux de ce nouveau cap. Pour relancer collectivement l’itinéraire, il fallait (re)mettre autour de la table les collectivités historiques et les collectivités traversées par le nouveau parcours. Un gros travail de mobilisation, de rencontre des élus départementaux et de fédération de l’ensemble des acteurs, la définition d’un positionnement, de cibles clientèles, d’une stratégie et d’un programme d’actions ont été réalisés entre 2015 et 2017. Après une première année rapidement écoulée, aujourd’hui nous arrivons à la mi-temps de notre plan d’actions 2017 – 2019 et grâce à un important travail collectif le mythe de la GTMC est peu à peu en train de renaître.

  • V&T : Qu’entendez-vous par « itinéraire mythique » ?

V.M. : Colonne vertébrale à travers le Massif Central doté de ressources naturelles et patrimoniales d’une grande diversité, la GTMC est un itinéraire de collection. Vous traversez de nombreux lacs, rivières, monts, villages typiques, espaces protégés et le plus important ensemble de volcans récents d’Europe continentale. La GTMC historique était la deuxième grande traversée créée en France et sans doute la plus fréquentée avec des retours très positifs. En 2010 la fréquentation était estimée à environ 5000 itinérants par an alors que l’itinéraire n’était plus promu.

La Grande Traversée du Massif Central dans l’Allier © O. Octobre/GTMC VTT
  • V&T : Quelle est la nature du partenariat mis en place sur le projet ?

V.M. : La gouvernance adoptée se base sur le fonctionnement classique d’un comité d’itinéraire. Ce dernier est décliné en deux grandes entités : le comité de pilotage et les comités techniques. L’association IPAMAC pilote et coordonne le projet à l’échelle inter-régionale en tant que chef de file du comité d’itinéraire. Une convention de partenariat est signée entre le pilote et chaque membre du comité d’itinéraire (dix départements et cinq parcs naturels, ndlr). Intégré au dispositif de soutien aux « Grandes itinérances du Massif Central » le projet bénéficie de fonds européen FEDER, ainsi que de soutiens financiers de l’État et des régions traversées par l’itinéraire. Les comités régionaux de tourisme y participent également à travers leurs actions de promotion permettant d’accroître la visibilité de la GTMC. Enfin, l’aménagement de l’itinéraire est assuré grâce à un travail mené de concert entre les départements et les EPCI.

  • V&T : Quels sont vos grands projets collectifs côté promotion et mise en tourisme ?

V.M. : Notre site Internet a été mis en ligne il y a trois semaines. Il s’agit d’une version provisoire car d’ici l’automne 2018 la GTMC sera le premier itinéraire VTT à rejoindre le site 2.0 de France Vélo Tourisme. Ça sera une étape décisive pour la GTMC. À la fois pour s’ouvrir à de nouvelles clientèles de l’itinérance à vélo et pour compléter l’offre de grands itinéraires et destinations de la France à vélo. Nous nous réjouissons également de la parution de deux topoguides (éditions Vtopo) annoncés pour octobre 2018. Toujours dans l’objectif d’améliorer la mise en tourisme de l’itinéraire et de le rendre accessible au plus grand nombre, nous avons amorcé un travail important sur la création de tronçons-produits. L’idée est de proposer des courts et moyens séjours adaptés à différentes typologies de clientèles et de pratiques du VTT. Des tronçons-produits de difficulté moindre permettront à chacun de parcourir les plus belles étapes de la GTMC et d’expérimenter éventuellement leur première itinérance à VTT. La mise en place d’un service de transport de bagages sur quelques premiers tronçons dès 2019 et, nous l’espérons, sur l’ensemble de l’itinéraire dès 2020 est également prévue. À côté de cela, nous souhaitons installer des objets de type de « portes d’entrée » et de totems de la GTMC afin de recréer le mythe de l’itinéraire. Actuellement en phase de conception, ces objets seront installés pour la saison 2019.

  • V&T : Quid de la praticabilité de la GTMC ? 

V.M. : L’itinéraire est balisé à 90 % aujourd’hui et l’objectif est de passer à 100 % à la fin d’été 2018. 23 % des 1400 km sont sur routes, 55 % sur chemins forestiers et 22 % sur sentiers. Une mission de repérage de l’itinéraire par des professionnels a été réalisée à l’automne 2017 pour tester la praticabilité pour VTT et VTT à assistance électrique.

  • V&T : La nouvelle version de la GTMC est promue comme un itinéraire intégralement accessible aux VTT à assistance électrique. Comment cela se traduit concrètement ?

V.M. : Aujourd’hui l’itinéraire traverse de nombreux villages qui offrent la possibilité aux vététistes itinérants de s’arrêter et de recharger leur batterie si besoin. À l’instar de ce qui a été fait pour la Grande Traversée des Alpes, nous souhaitons donner des indications sur la consommation de batterie pour chaque étape. Enfin, nous travaillons également à la sensibilisation des hébergeurs et restaurateurs à l’accueil des vététistes itinérants, avec ou sans assistance électrique. Nous devrions développer une offre qualitative leur permettant de vivre la GTMC et les territoires qu’elle traverse.

La Grande Traversée du Massif Central dans l’Aveyron © O. Octobre/GTMC VTT
  • V&T : Quel budget est alloué au développement de la GTMC ?

V.M. : Le projet de développement de la GTMC 2017 – 2019 se scinde en quatre dossiers. Une enveloppe de 350 000 euros est dédiée au dossier collectif porté par IPAMAC qui couvre la coordination et les actions collectives concernant l’ensemble de l’itinéraire. 130 000 euros sont affectés au dossier collaboratif avec les six maîtres d’ouvrages pour finaliser les aménagements et améliorer les équipements sur les territoires. S’agissant des aménagements dans le Gard, un budget de 50 000 euros est prévu. La gestion du site Internet est évaluée à 50 000 euros.

  • V&T :Comment durer et poursuivre la dynamique autour de cet itinéraire mythique ?

V. M. : Le soutien, financier et technique, des collectivités locales me semble indispensable, tout comme l’animation par un chef de file afin d’assurer la coordination entre les différents acteurs, garantir la cohérence du projet à l’échelle des 1400 km de l’itinéraire, être un interlocuteur pour les usagers et partenaires potentiels. Enfin, l’observation de la fréquentation me paraît capitale pour l’avenir de l’itinéraire et surtout, il faut que la GTMC continue à faire parler d’elle.

Propos recueillis par Dorothée Appercel

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