La Haute-Savoie accompagne la mobilité de ses agents
Trois fois par an la région Auvergne-Rhône-Alpes et l’Ademe régionale réunissent les acteurs du réseau TERR pour échanger, débattre et partager les solutions de mobilité qui émergent dans les territoires. Réseau social professionnel des territoires de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la plateforme, unique dans son genre en France, centralise les ressources et les contacts, mutualise les connaissances et offre de la veille sur les nouvelles initiatives de mobilité. Les Départements & Régions Cyclables étaient présents à la dernière réunion du réseau TERR au Puy-en-Velay. L’occasion pour le département de la Haute-Savoie de partager son plan de déplacements administration (PDA). Retour sur les mesures concrètes de la Haute-Savoie pour la mobilité des agents avec François Wurtz, chargé de mission PDA au Département. Interview.
- DRC : Quels sont les enjeux du département de la Haute-Savoie en matière de mobilité ?
François Wurtz : Le conseil départemental de la Haute-Savoie est réparti sur plusieurs sites et emploie près de 3000 agents. Avec plus de 12 000 habitants par an, le département connaît une forte croissance démographique et subit un énorme brassage en termes de mobilité compte tenu de l’augmentation continue du nombre d’allers-retours frontaliers entre la France et la Suisse. Les contraintes géographiques concentrent les trajets sur quelques axes et l’engorgement sur les entrées d’agglomérations augmente chaque année.
- Quid des déplacements des agents du Département ?
F.W. : Selon les sites, les agents n’ont pas les mêmes solutions pour leurs déplacements quotidiens. Les solutions de mobilité à proposer ne sont donc pas les mêmes pour les agents qui interviennent pour le déneigement en station, le personnel social situé en agglomération à 50 m d’une gare et le personnel des collèges ruraux. D’où l’importance de nos deux outils stratégiques qui sont le plan de déplacements administration (PDA) et les plans de déplacements de site (PDS). Le premier, décliné en 28 actions, fixe les règles de déplacement pour l’ensemble des agents et le second encadre les besoins spécifiques liés aux sites et aux missions des agents concernés. L’objectif est de réduire la part modale de la voiture individuelle et d’éviter les déplacements inutiles pour tous les agents du Département.
- Quelle est votre feuille de route pour atteindre cet objectif ?
F.W. : Il y a quatre grands axes de travail. Le développement du vélo qui représente le plus grand potentiel de report modal, d’abord. Nous misons sur le VAE en raison de son côté ludique qui permet de l’emporter. Actuellement nous gérons une flotte de 24 à 25 vélos électriques en interne en plus des vélos classiques. Pour renforcer l’usage du vélo, nous développons le stationnement sécurisé des vélos aux endroits les plus adaptés. Sans doute, cela nécessite un investissement conséquent. Mais sans stationnement, nous n’augmenterons pas l’usage du vélo. Quant aux actions de sensibilisation, depuis 5 ans, nous organisons des ateliers de réparation vélo, des formations de remise en selle et des essais de vélos électriques lors de la semaine de la mobilité. Le moniteur propose des allers-retours sur le parcours domicile-travail d’une personne du groupe ou des stages de conduite en ville pour que les usagers peu aguerris (re)prennent confiance. L’année dernière, nous avons également proposé le marquage bicycode pour les vélos personnels des agents.
- Un autre axe de travail ?
F.W. : Nous portons bien évidemment un regard particulier sur le covoiturage. Actuellement organisé à partir d’Outlook, le covoiturage professionnel est intégré aux réunions lors de l’envoi de l’invitation. Pour les déplacements domicile-travail, nous organisons des cafés-covoiturage pour faciliter la mise en relation des agents sur les mêmes trajets et trouver ainsi des covoitureurs potentiels. Nous utilisons, pour ce faire, une carte présentant, sous forme de point, leurs lieux de résidence ainsi que leur site professionnel. Les trajets apparaissent et il n’y a plus qu’à discuter et à mettre en relation. Pour lever l’hésitation, il est important qu’une solution de retour en cas de défaillance du covoitureur soit proposée. Par ailleurs les meilleures places de parking d’un site sont réservées aux covoitureurs.
- L’IKV, un coup de pédale pour les agents du département de la Haute-Savoie ?
F.W. : La mise en place de l’IKV dans le secteur public reste encore floue car seulement en expérimentation aux ministères de la Transition écologique et solidaire et de la Cohésion des territoires. Mais avant même la publication d’un décret spécifique à la fonction publique, il est possible d’allouer l’IKV aux agents d’une collectivité par délibération. Le département de l’Isère par exemple a décidé de faire varier le niveau de l’IKV en fonction du régime et du niveau de salaire de ses agents effectuant leur trajet domicile-travail à vélo. Le dispositif isérois peut aller jusqu’à 300 €/an pour les agents de la catégorie C. Le département de la Haute-Savoie, quant à lui, étudie de près les exemples de l’Isère et de La Rochelle pour s’emparer de ce dispositif facultatif, mais légalement possible pour la fonction publique. Le vélo revêt le plus grand potentiel de report modal car plus de 50 % de nos agents sur l’agglomération habitent à moins de 3,5 km de leur site de travail. Sans oublier les multiples bonnes vertus du vélo. La mise en place de l’IKV est donc attendue au Département. Pour les déplacements intermodaux des agents, une IKV cumulable avec le remboursement d’un abonnement de transports collectifs serait souhaitable.
- Comment la mise en place de l’IKV se traduit-elle concrètement ?
F.W. : Les agents du conseil départemental de la Haute-Savoie seraient invités à calculer leur trajet domicile-travail le plus rapide sur Géovélo. Ils devraient signer une attestation sur l’honneur et tous les deux à trois mois faire viser leur déclaratif aux services Ressources humaines. Ces derniers, en fin d’année, calculeront le total des kilomètres parcourus et verseront l’indemnité en conséquence.
- Quels sont les deux autres axes stratégiques du PDA de la Haute-Savoie ?
F.W. : Notre volonté est également d’encourager l’utilisation des transports collectifs. Malheureusement les trains sur la Haute-Savoie bénéficient d’un cadencement peu adapté au report modal. Quant aux déplacements en car, il faut environ quatre heures pour traverser le département puisque le car reste bloqué dans les bouchons avec les voitures. Pour inciter les agents à prendre le train, nous cherchons à faciliter l’achat des billets de train pour les déplacements professionnels vers les grandes villes. Enfin, le quatrième axe de travail de notre PDA consiste à limiter et à optimiser les déplacements domicile-travail au travers des formations à l’écoconduite, enseignée par six formateurs internes qui réservent un jour par mois de leur travail pour former leurs collègues.
Propos recueillis par les DRC