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Mobilité scolaire à vélo : les collèges girondins se mettent en selle

Il y a un an, l’Ademe dévoilait les résultats de la toute première étude nationale sur la mobilité cyclable des collégiens et des lycéens. Cette étude rappelle l’urgence d’agir sur la mobilité des jeunes pour influencer la pratique des adultes de demain. Parmi les territoires exemplaires cités dans le rapport, le département de la Gironde figure en bonne place. Grâce à un plan « Collèges à vélo », on observe aujourd’hui dans certains établissements girondins les parts modales vélo les plus élevées du territoire français. Retour sur une politique d’écomobilité scolaire en pleine expansion et sur les raisons de son succès.

Le plan « Collèges à vélo » : genèse du projet

Les ambitions cyclables de la Gironde prennent véritablement corps en 2009. Le Cerema, associé au Département et à la Métropole de Bordeaux, réalise une série d’enquêtes ménages déplacements (EMD) à l’échelle de l’ensemble des communes de la Gironde. Cette étude – la première de cette ampleur en France – est à l’origine d’une véritable prise de conscience des acteurs publics du territoire. « Lorsque nous dépassions un kilomètre, la part modale des modes actifs s’effondrait au profit de la voiture. Et cela même sur des distances de moins de 5 kilomètres où le vélo est un mode de déplacement tout à fait pertinent », raconte Emmanuelle Lacan, chargée de mission Mobilité durable à la Direction des infrastructures du Département. « Dans certains territoires, la part modale de la voiture atteignait parfois 87 % ». Un constat alarmant qui touche également les publics scolaires, dont la sédentarité croissante génère de véritables problèmes de santé et d’autonomie pour le futur.

En réaction à ces enjeux, le Département vote un premier schéma directeur des itinéraires cyclables en 2010, complété en 2016 par un Plan départemental de déplacement à vélo (PDDV). Ce plan transversal entend développer la pratique quotidienne du vélo sur le territoire à travers quinze actions complémentaires. Afin d’encourager l’écomobilité scolaire, un plan « Collèges à vélo » est lancé. Son objectif ? Développer l’utilisation du vélo auprès des élèves des collèges publics du département pour atteindre une part vélo à l’échelle girondine de 20 % des déplacements scolaires à horizon 2030.

Mieux connaître le territoire

Ce plan donne le top départ à une série d’études visant à mieux comprendre les enjeux de la mobilité scolaire sur le territoire. « Une première phase de diagnostic, menée entre 2017 et 2018, nous a permis de faire le point sur l’offre de stationnement vélo de 105 collèges publics », explique Emmanuelle Lacan. « Dans la foulée, nous avons lancé une enquête sur la mobilité collégiens*, ainsi qu’une étude sur l’accessibilité cyclable de nos établissements scolaires ». Cette dernière, baptisée « Infrastructures et pratiques modales des collégiens », identifie les pôles générateurs de déplacements, l’offre de mobilité, ainsi que les points noirs de cyclabilité dans un rayon de 5 km autour des collèges du territoire. Fort de ces enseignements, le Département élabore entre 2019 et 2020 des schémas d’itinéraires cyclables pour chaque établissement, formulant des propositions d’actions et évaluant les besoins de stationnements. Ces schémas sont ensuite discutés avec les communes et les intercommunalités pour adapter les projets d’aménagements aux besoins des collégiens.

Exemple de diagnostic réalisé dans le cadre de l’étude « infrastructures et pratiques modales des collégiens » à l’échelle du collège de la commune de Latresne – Source : Inddigo

*Focus : l’enquête « collégiens et pratique du vélo »

En parallèle de l’étude menée sur les infrastructures, le Conseil départemental lance une vaste enquête en ligne sur les pratiques modales des collégiens. Réalisée entre mars 2019 et juin 2020 auprès des élèves de l’intégralité des collèges publics de Gironde, elle bénéficie d’un taux de réponse important : près de 13 000 collégiens participent à l’enquête, soit environ 20 % de l’ensemble des élèves du territoire. C’est la première enquête de cette ampleur en France. Elle propose une photographie des freins et des leviers à la pratique du vélo du point de vue des élèves. Parmi les principaux enseignements, on constate que près de la moitié des collégiens viennent à l’école en transports en commun, 23 % en voiture, 19 % à pied et seulement 13 % à vélo. Par ailleurs, l’étude révèle qu’il y a « deux fois plus de cyclistes chez les garçons que chez les filles » : seuls 8 % des filles se rendent au collège à vélo contre 18 % des garçons. La principale raison ? La perception de dangerosité et de vulnérabilité liée à la pratique du vélo. 70 % des répondants mettent en effet en relation leur non pratique du vélo avec le risque généré notamment par un défaut d’aménagement.

Le mode principal de déplacement selon le genre à l’échelle de la Gironde issu de l’enquête « collégiens et pratique du vélo » – Source : Agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine

Collaborer pour avancer

Entre 2021 et 2022, le Département s’appuie sur ces différentes études pour organiser une phase de concertation avec les maîtres d’ouvrage locaux. Une démarche accueillie favorablement par les communes et les EPCI qui ne disposent pas des ressources humaines et financières nécessaires pour mener à bien ce type d’études, malgré une attente de plus en plus forte de leurs administrés. Mais cette démarche ne s’est pas concrétisée sans son lot de difficultés. « Tout ne s’est pas fait en un jour », rapporte Emmanuelle Lacan. « Afin d’avancer au plus vite, nous avons dû faire des lots. Nous avons traité en priorité certains collèges, pour décliner ensuite progressivement la démarche à l’ensemble des établissements. » Des difficultés qui ne se limitent d’ailleurs pas aux acteurs locaux. « La politique vélo dans les collèges touche un grand nombre d’acteurs. Il est donc indispensable d’organiser une convergence des partenaires : le bloc communal, mais aussi les régions qui restent timides sur cette thématique ». En tant que gestionnaires des lycées (situés souvent à proximité des collèges), mais aussi en lien avec la compétence mobilité (souvent détenue à l’échelle régionale pour les petites intercommunalités), les régions sont également en première ligne de la mobilité scolaire.

Analyse des abords du collège Jules Ferry dans la commune Langon – Source : Iris Conseil

Créer un système vélo à l’échelle départementale

Le département de la Gironde dispose d’un réseau de 380 km d’aménagements cyclables en site propre et de 360 km en voirie partagée. Pour aller plus loin, un plan coordonné pour la création de 1 000 km de nouveaux aménagements cyclables à réaliser hors métropole d’ici 2028 est lancé en 2023, en collaboration avec l’ensemble des acteurs girondins du vélo réunis lors de rencontres territoriales. Les aménagements et les équipements prévus par le plan « Collèges à vélo » seront priorisés et financés dans le cadre de ce dispositif. Pour compléter les projets d’infrastructure, la Gironde a lancé cette année l’appel à projets « Objectif Vélo ! »[1], qui finance les actions pédagogiques ciblant les collégiens de la 6e à la 3e. Les professeurs et chefs d’établissements peuvent bénéficier d’une aide d’un montant de 3 000 euros maximum pour l’organisation d’actions variées :  apprentissage de la pratique du vélo et des règles de sécurité, ateliers mécaniques vélo, excursion à vélo, voyage à vélo, challenge mobilité, etc. Les projets sélectionnés seront programmés pour l’année scolaire 2023-2024, avec l’objectif de renouveler le dispositif tous les ans.

Si la politique vélo et collèges de la Gironde est encore en construction, elle figure déjà parmi les plus avancées sur le sujet en France. Le collège de Saint-Jean-d’Illac, dont la part modale du vélo s’élève à 76 %, en est un formidable témoin. Mais la route est encore longue avant d’atteindre ce niveau de part modale à l’échelle nationale, à l’instar de ce qui est observé dans le secondaire aux Pays-Bas[2]. La mobilisation de l’ensemble des acteurs locaux et nationaux est nécessaire pour mieux agir sur la mobilité des 3,43 millions de collégiens et 2,27 millions de lycéens du territoire français. Pour cela, les stratégies volontaristes telles que celles de la Gironde doivent être reprises et répliquées de toute urgence !

Antoine Coué

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En tant que lauréat du programme CEE AVELO, le département de la Gironde a fait l’objet en décembre 2022 d’un reportage de l’Ademe pour son action sur la mobilité à vélo des collégiens (à visionner ci-dessus).

[1] Ce dispositif s’inscrit dans le cadre d’une série d’appels à projets, renouvelés chaque année, et à travers lesquels le département de la Gironde soutient techniquement et financièrement les projets éducatifs mis en œuvre dans les collèges. Pour en savoir plus (voir page 26).

[2] Aux Pays-Bas, 76 % des élèves du secondaire utilisaient le vélo pour se rendre à l’école en 2020, parcourant en moyenne 5,9 km par trajet (SWECO, 2020).


Le plan « Collèges à vélo » de la Gironde est un projet soutenu par le programme CEE AVELO de l’ADEME.

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