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Thomas Yang

Extrait de Vélo & Territoires 41 Destination Singapour pour cette pause vélo sous le signe du design et de l’art. Rencontre avec  Thomas Yang, directeur artistique du projet 100copies. Fou de vélo dans un pays étuve (60 à 100 % de taux d’humidité), ce jeune père de famille a lancé un concept de créations originales autour de l’objet vélo, en nombre limité d’exemplaires. Explications.

  • À quel âge avez-vous commencé à pratiquer le vélo ?

Relativement tard. Je suis venu au vélo à l’âge de 10 ans, lorsque mon père m’a acheté un BMX. C’est d’ailleurs aussi à cette occasion que j’ai appris à rouler sur deux roues.

  • Et concernant l’art ?

Concernant l’art, j’ai étudié le design graphique et la publicité à l’Académie d’arts appliqués de Nanyang, à Singapour. Je travaille aujourd’hui comme directeur de création au département d’art et de design d’une agence de publicité.

  • À quel moment avez-vous décidé de combiner ces deux univers ?

Étant passionné de vélo, j’ai commencé à retourner le web à la recherche de posters sympas relatifs au cyclisme, dans le but de décorer mon appartement. Au bout d’un moment, j’ai dû me rendre à l’évidence : il n’y avait pas grand chose à se mettre sous la dent ! Alors puisque l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, j’ai décidé d’utiliser mes compétences de designer et de créatif pour lancer des séries d’objets graphiques en lien avec mon amour pour le vélo.

  • Comment avez-vous procédé ?

Ma première approche a été une série graphique au design minimaliste. Puis j’ai expérimenté d’autres techniques en m’appuyant par exemple sur le pinceau chinois, la typographie, la photographie ou même des créations à base d’empreintes de pneus. Etant moi-même designer, je me dois d’expérimenter sans cesse, le but étant d’apporter de façon constante de la fraîcheur à mon travail.

  • En combien de temps écoulez-vous vos stocks, en moyenne ?

Tout dépend du sujet et de son design. L’avantage d’être cycliste moi-même, c’est que chaque concept utilisé par 100copies est basé sur des observations ou des suggestions entendues ici et là de la bouche d’autres cyclistes, qu’il s’agisse d’utilisateurs de fixies, de BMX, de vélos de ville ou de VTT . Ils correspondent donc à une attente, une demande. En moyenne mes produits partent en une semaine.

  • Le site 100copies tient à jour des listes d’acheteurs et leur provenance géographique, qui va de l’Asie à l’Europe en passant par les États-Unis. Espériez-vous toucher autant de gens venus d’autant d’horizons différents ?

Le vélo est universel. L’unique objectif artistique de 100copies est de partager mes créations avec d’autres cyclistes du monde entier, en quête, comme j’ai pu l’être, de produits au design inspiré par le vélo. Cette idée de lister le nom et le pays d’origine des acheteurs est avant tout une façon de les distinguer. La liste n’est publiée qu’une fois le produit entièrement écoulé. Cela permet à  mes acheteurs de se sentir appartenir à une communauté, celle des propriétaires d’une oeuvre estampillée 100copies. C’est une sorte de Hall of Fame puisque votre nom et le numéro de l’oeuvre acquise apparaissent sur le site Internet ainsi que sur le produit lui-même, authentifiant ainsi le caractère unique de l’exemplaire. Chaque pièce est en effet marquée et labellisée avec son titre et son numéro d’édition.

  • Quels sont les retours les plus emballants que vous avez reçus à propos de votre travail ?

J’en reçois énormément. Les meilleurs à mes yeux sont ces images de mes œuvres encadrées dans un salon à l’autre bout du monde et accompagnées d’un petit mot de remerciements. C’est très touchant de voir son oeuvre partir de Singapour pour aller toucher d’autres gens, d’autres vies, d’autres regards…

  • Jusqu’à quel point l’art peut-il rallier les gens à la cause cycliste ?

Il y a beaucoup de moyens de convaincre les gens. L’art en est un puisqu’il convertit la fierté d’être cycliste en quelque chose de plus vaste. Prendre le temps d’apprécier la beauté de l’art cyclable ne peut qu’ouvrir l’esprit. Il y a de la rationalité à chaque étape de travail. Chacun doit prendre le temps de le comprendre et c’est pourquoi nous ne procédons qu’à une création à la fois.

  • Ce n’est pas tous les jours que nous interviewons un cycliste de Singapour. Comment cela se passe-t-il au quotidien pour se déplacer à vélo ?

À la différence de la France, se rendre à vélo de chez soi jusqu’à son travail n’est pas encore entré dans les mœurs à Singapour. Cela tient pour beaucoup à notre taux d’humidité, qui est  considérable tout au long de l’année. À l’inverse, le vélo comme loisir ou comme support de fitness tend à devenir de plus en plus populaire. En ce qui me concerne, je roule 20 km le matin trois fois par semaine avant de me rendre au travail. C’est mon moyen de faire de l’exercice.

  • Quel regard portez-vous depuis Singapour sur le développement du vélo en Europe ?

La culture cycliste en Europe n’est pas une vue de l’esprit. Elle est ancrée dans les mœurs. Des villes comme Copenhague, Amsterdam, Londres ou Paris ont des voies sécurisées spécifi-quement dédiées aux cyclistes. Qui plus est, l’environnement s’y prête et le temps est sec (sic). Tout est réuni pour favoriser la pratique du vélo, sur courtes comme sur longues distances.

  • Ce que vous faites avec les vélos, avez-vous l’intention de l’étendre à d’autres sujets ?

À l’heure où je vous parle, j’apporte la dernière touche à une nouvelle série intitulée Bikemoji. Une fois encore, je me sers d’une nouvelle méthode d’exécution… tout en restant fidèle à l’esprit de la
marque, qui est de combiner le vélo avec quelque chose d’autre. En fait, limiter mes œuvres à 100 exemplaires par collection m’oblige à rester sur la brèche et à sans cesse trouver de nouvelles idées liées au vélo. C’est stimulant pour ma créativité.

Propos recueillis par Anthony Diao

Pour en savoir plus : www.100copies.net

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