- Initiative : à la mer à vélo contre le cancer du sein
- La Drôme, territoire cyclable
- Dossier : Vélo sans frontière, compte rendu des Rencontres DRC
- Pause vélo en compagnie de Thomas Yang
À la mer à vélo contre le cancer du sein – Pédaler de l’avant
Extrait de Vélo & Territoires 41
Il y a les chiffres et il y a les êtres. Du 3 au 10 octobre 2015, une caravane de 39 personnes a relevé le défi de parcourir ensemble les 480 km reliant, par la ViaRhôna, la commune de Chambéry, en Savoie, à celle des Saintes-Maries-de-la Mer, en Camargue. 23 de ces cyclistes étaient des femmes âgées de 34 à 74 ans. Leur particularité ? Avoir été touchées par un cancer – du sein, mais pas uniquement – et être déterminées à passer outre car la vie doit continuer. Pédalant entre 50 et 95 km par jour en compagnie d’un staff technique et médical, ces “Merckx supérieures” ont validé au-delà de toute espérance les espoirs placés en elles par l’association 4S (pour Sport, Santé, Solidarité, Savoie) et l’agence Écomobilité de Chambéry, avec le soutien de Roue libre, Vélogik et de clubs de cyclotourisme locaux. « Cette aventure fut une leçon de vie pour chacun, des participants aux personnes rencontrées en chemin », résume Christine Aguettaz, la cheville ouvrière du projet.


Osmose. 17 km/h et 68 km/jour de moyenne, le refus orgueilleux de poser pied à terre même dans les portions à fort dénivelé, des accueils à bras ouverts en mairies, des conférences et des marques de solidarité émouvantes, des visites guidées accompagnées par le joyeux chant de guerre des participantes, des nuits en auberge ou chez l’habitant via l’association REEV ou la communauté Warm Showers, un final toutes habillées dans les vagues des Saintes-Maries-de-la-Mer au son d’accords de guitares gitanes – l’une des participantes, malentendante, posa alors son oreille sur l’une des guitares pour ressentir la mélodie –, un retour en bus par Transdev, des photos dès le lendemain sur Facebook de participantes déjà reparties pédaler par petits groupes… Il y eut comme une trainée rose fluo – la couleur de leur maillot – dans le sud-est de la France lors de ces journées d’octobre où la pluie eut la bonne idée de ne tomber que lorsque ces dames étaient au chaud à l’intérieur. « Pouvons-nous parler d’osmose ? D’état de grâce ?, s’interroge Christine Aguettaz. En tout cas quelque chose s’est passé dans ce groupe, c’est indéniable. Est-ce le souvenir de toutes les épreu-ves traversées individuellement en amont puis ensemble cette semaine-là ? Est-ce le choix judicieux des itinéraires par Nicolas Mercat, qui a permis de pédaler en sécurité deux par deux en conversant, au point que nous en oubliions les kilomètres ? La présence rassurante d’une équipe soignante prompte à masser les bras qui gonflent ou les articulations qui grincent ? Celle d’hommes attentionnés pour des femmes en déficit d’image et de confiance ? En tout cas quelque chose est né, ou plutôt est re-né, cette semaine-là. » Pour cette ancienne professeure d’EPS , qui souhaite pérenniser la démarche et a déjà programmé des retrouvailles mi-janvier à Valloire lors d’une sortie en raquettes, une certitude : « Quand je vois ce qu’elles ont fait malgré les métastases osseuses ou les récidives, je ne me plaindrai plus de mon petit genou qui couine ! »
Anthony Diao
- Pour en savoir plus : page relative à l’opération « A la mer à vélo » de l’association 4S.
- Article « Pédaler pour lutter contre la maladie » du 08/11/2018 sur à la présentation au 8e Club itinéraires en Savoie.

