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Isabelle Durant

Vice-présidente du Parlement européen

Formée aux études d’infirmière puis de politique économique et sociale, ayant exercé plusieurs années dans l’inspection médi-cale scolaire en quartier populaire, Isabelle Durant, militante belge fut, de 1999 à 2003, ministre de la Mobilité et des transports au sein du fameux gouvernement “arc-en-ciel“ de son pays – une expérience du compromis et de “l’excès de vitesse politique permanent“ dont elle a  tiré un livre cathartique, “A ciel ouvert“. Sénatrice de 2003 à 2009, co-présidente du parti Écolo, conseillère communale à Schaerbeek, celle qui aime à citer René Char (« La lucidité est la blessure la plus proche du soleil ») est depuis 2009 députée européenne, vice-présidente du Parlement européen. Et cycliste au quotidien.


  • Théorie de l’oeuf et de la poule : une politique cyclable efficace, cela commence au niveau local ou au niveau européen ?

Les deux bien sûr, même si le niveau local dispose de davantage de leviers – pour peu que la volonté politique soit là ! -, dans la mesure où c’est ce niveau qui est en charge de l’aménagement du territoire, de la mobilité, du stationnement et de la politique d’infractions. Le niveau européen, quant à lui, peut aider via les normes en matière de qualité de l’air, d’équipement et de sécurité des vélos, de sécurité routière, des recommandations… Le niveau européen aide également aussi en termes de tourisme. Il permet de promouvoir non seulement le cyclotourisme occasionnel, mais aussi le voyage à vélo avec des itinéraires sécurisés, le transport de matériel, etc.

  • La politique de transport de l’Union européenne privilégie avant tout les infrastructures 
    lourdes. Pourtant, des points comme le développement durable ou le facteur 4 * figurent sur le devant des priorités européennes. Quel regard portez-vous sur la prise en  compte passée, présente et à venir des enjeux vélo au niveau européen ?

Dès que nous en avons l’opportunité, nous mettons en évidence les politiques qui favorisent le vélo. Par opportunités, j’entends les règlements des fonds régions, de cohésion, de recherche (Horizon 2020), le Réseau transeuropéen de transports (RTE-T) ainsi que les programmes et les actions de politique de tourisme soutenable.

  • L’éventuelle intégration du schéma EuroVelo au Réseau transeuropéen de transports est perçue par nombre d’observateurs comme un bon signal. De quelles marges de manoeuvre le Parlement européen dispose-t-il pour pouvoir pleinement jouer un rôle de levier sur ces formes de mobilité ?

Dans ses résolutions du passé (livre vert, RTE-T, tourisme soutenable), le Parlement européen s’est exprimé en faveur de la promotion du projet de réseau EuroVelo. À la fin de cette année 2012, nous essaierons d’intégrer ce réseau EuroVelo dans la partie “compréhensive network“ ou “réseau global“ du règlement du RTE-T.

  • Un mot peut-être sur l’avancée de ces questions cyclables en Belgique…

En matière cyclable aussi, la Belgique est assez divisée entre ses régions. La région flamande, à faible relief, a une culture cycliste qu’elle partage avec celle des Pays-Bas. La région wallonne, plus vallonnée, a développé les réseaux de voies lentes mais tarde à promouvoir le vélo dans ses villes. La région bruxelloise, enfin, à la fois capitale et grande ville, a vu le nombre de cyclistes augmenter de façon substantielle, et ceci pour deux raisons. D’une part, grâce aux itinéraires cyclables, et d’autre part grâce à des réglementations adoptées lorsque j’étais ministre, à savoir les SUL (sens unique limité), qui permettent aux cyclistes de rouler à contresens dans les voiries à sens unique.

  • Vous pratiquez vous-même le vélo. À quelle fréquence ?

Je suis cycliste urbaine presque chaque jour. Ma conversion est relativement récente, et elle varie en fonction de mon emploi du temps ainsi que des activités et/ou représentations prévues. Hors du quotidien, j’ai également participé à un voyage à vélo dans le Bas-Congo. L’expérience et le contact ont été magnifiques sur les plans humain et culturel, mais également sur le plan sportif – alors que j’étais peu entraînée ! Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Bas-Congo est tout sauf plat, et la chaleur et l’humidité ambiantes ajoutent à la rudesse de l’exercice… Ceci posé, il me manque du temps pour faire tout ce que je voudrais faire, en multimodal et donc aussi à vélo, pour quelques heures ou quelques jours…

* Objectif, pour un territoire donné, de diviser par quatre ses émissions de gaz à effets de serre d’ici 2050.

Pour en savoir plus : IsabelleDurant.be

Propos recueillis par Anthony Diao

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