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Installer des bornes VAE le long des itinéraires cyclables : un sujet électrique

Avec plus de 510 000 engins vendus en 2020 (+ 29 %), une offre de location en constante progression et une pratique qui se démocratise au quotidien et en vacances, le tourisme à vélo à assistance électrique a de beaux jours devant lui, à condition de pouvoir en assurer la charge. Bien que l’autonomie des vélos ne cesse de s’améliorer, la peur de tomber en panne le long des itinéraires aménagés peut être un frein. Alors comment répondre aux besoins des usagers ? Quel système de charge privilégier ? Comment les sécuriser ? Où les implanter ? Vélo & Territoires vous éclaire sur les questions à se poser avant de se lancer dans une installation coûteuse.

Aire d’arrêt à Montjean-sur-Loire ©SIEML

Se poser les bonnes questions pour booster la fréquentation

Avant toute installation, il est essentiel de s’interroger sur le besoin des usagers. Une évidence, certes, mais qui nécessite d’avoir une connaissance fine des attentes, des pratiques et des tendances. Si grâce au VAE, l’usage du vélo, notamment en itinérance, met à la portée de toutes et tous le fait d’avaler les kilomètres, même en zone de montagne, gare à l’état de sa batterie ! Les problèmes mécaniques seront d’autant plus contraignants avec un VAE dont le poids est généralement supérieur à un vélo classique.

L’autonomie des batteries est de plus en plus importante. Elle dépasse désormais les 200 km en mode économique, et permet de pousser jusqu’à 400 km pour les VAE les plus performants. De quoi largement suffire pour une journée type d’itinérance à vélo, de 65 km en moyenne, et permettre la recharge à l’hébergement ou chez un restaurateur pendant la pause déjeuner. Toutefois, en fonction de la distance à parcourir, du dénivelé et de l’assistance nécessaire, les touristes à vélo ont besoin de se sentir rassurés sur le fait qu’ils disposeront, le long d’un itinéraire cyclable, de solutions de recharge, dont sous la forme de borne VAE.

Quel système de recharge prioriser ?

Bornes dites « classiques » ou à recharge rapide, prises doubles ou à entrées multiples, ajout de prise USB, … de multiples modèles de bornes existent et sont en constante évolution. En cohérence avec les usages, il est préconisé d’intégrer des prises USB dès que possible pour permettre la recharge de téléphones portables ou de petits appareils électroniques. Si les modèles à deux ou quatre prises semblent suffisants, il est pertinent d’anticiper leur possible augmentation si besoin.

Il existe à ce jour deux grands types de bornes de recharge :

  • Les bornes de recharge rapide (à prioriser) permettent une charge accélérée du matériel : entre 30 et 90 minutes chrono selon les modèles. Ces bornes s’adaptent à la plupart des batteries et ne nécessitent pas de transporter son propre chargeur. Une économie de poids pour les usagers, mais gare aux vols et aux dégradations de câbles pour les gestionnaires de ces modèles souvent positionnés sur les aires de services ou à proximité d’un point d’intérêt touristique.
  • Les bornes « classiques » équipées de prises domestiques (220 V) sur lesquelles l’utilisateur peut venir brancher son matériel : un format simple et économique qui nécessite toutefois de se brancher à l’aide de son propre chargeur. L’inconvénient majeur de ce système ? Son temps de charge : il faut compter entre 3 et 8 heures pour une charge complète selon le vélo et le modèle de batterie. Cet équipement ne convient donc qu’aux cyclistes peu pressés susceptibles de faire des pauses de (très) longue durée !

Autre tendance ? Le développement des stations à hydrogène, qui supposent toutefois des infrastructures et un budget conséquents. Précurseur en la matière, l’agence d’attractivité Latitude Manche s’engageait dès 2016 dans l’expérimentation des vélos à hydrogène à travers le projet Bhyke et un consortium public-privé. Cinq ans plus tard, les expérimentations se multiplient et pour cause : un vélo à hydrogène se recharge en moins de trois minutes. Le Grand Chambéry, la communauté d’agglomération Pays Basque ou encore la région Auvergne-Rhône-Alpes testent l’installation de stations, tout comme dans l’agglomération de Vichy ou encore à Brides-les-Bains, au pied du Col de la Loze. Cette solution, possible à l’échelle d’une destination locale, est loin d’être majoritaire aujourd’hui. Elle s’avère en effet difficilement transposable dans un contexte d’itinérance à vélo qui exige la continuité. A l’essai dans les territoires, une évaluation du dispositif permettra à terme de statuer sur le devenir de cette technologie.

Un phénomène à suivre également : les recharges alimentées par panneaux photovoltaïques. Un dispositif durable à n’en pas douter, s’il est utilisé à bon escient. Ces panneaux photovoltaïques n’auront de plus-value que s’ils permettent d’alimenter une borne isolée d’un réseau électrique existant.

Comment définir les lieux d’implantation ?

S’il n’existe pas de règle immuable pour bien implanter ses bornes, les neuf recommandations suivantes peuvent éviter la panne sèche :

  • Réaliser un diagnostic du territoire : analyser les besoins en termes d’usage et l’offre existante
  • Prioriser des lieux de passage propices à faire une pause : une aire de services pour recharger ses propres batteries en même temps que celles de son fidèle destrier, un site de visite, etc.
  • Concerter les acteurs locaux avant installation
  • Associer des lieux accueillant du public à des dispositifs de recharge : offices de tourisme, hébergeurs, sites de visite, restaurateurs et plus globalement les prestataires Accueil Vélo
  • Proposer des services associés : prévoir un dispositif permettant de sécuriser la batterie ou le vélo pendant la recharge, des prises USB, un accès wifi, des casiers sécurisés…
  • Favoriser des équipements avec une bonne intégration paysagère
  • Prévoir, en amont du voyage, une parfaite transmission de l’information pour planifier ses étapes sereinement
  • Organiser sur site une communication et une signalétique adaptées pour guider les cyclistes vers les lieux de recharge existants
  • Assurer un suivi de l’utilisation des bornes et ne pas négliger l’entretien

Ces réflexions facilitent une implantation dans des lieux stratégiques et donc une meilleure orientation des usagers. L’Anjou a joué un rôle de pionnier sur ces sujets. Son déploiement de onze stations de recharge sur La Loire à Vélo et La Vélo Francette, développées avec le Syndicat intercommunal d’énergie de Maine-et-Loire, se présentant sous la forme de quatre casiers dans des armoires a contribué à définir les recommandations ci-dessus.

Borne de recharge VAE classique en Maine-et-Loire ©SIEML

Partenariats publics – privés : une idée lumineuse ?

Pour choisir les bornes les plus adaptées, se pose bien évidemment la question des pratiques des cyclistes, du lieu d’implantation et, enfin, du budget à consacrer à l’achat, à l’installation et à la gestion de ces dispositifs. Les bornes VAE ont un coût, estimé entre 3 000 et 8 000 HT l’unité, hors alimentation. De quoi voir rapidement grimper la facture pour les collectivités gestionnaires.

Pour réduire l’addition, certains acteurs touristiques se lancent dans des partenariats publics – privés. Bosch eBike Systems a ainsi lancé en 2018 son propre réseau de bornes de recharge VAE adapté à ses batteries et en a doté gratuitement quelques destinations françaises. Dans le Grand Est par exemple, en partenariat avec Alsace Destination Tourisme, le Massif des Vosges a été équipé d’un réseau dense privilégiant les Fermes Auberges d’Alsace labellisées, les stations de montagne et les sites touristiques. Plus au Sud, l’Agence d’attractivité et de développement touristiques Béarn Pays basque a également déployé ce dispositif auprès d’offices de tourisme et de professionnels du tourisme sur deux grands itinéraires : la route des cols des Pyrénées et la Grande Traversée VTT du Pays basque.

Concluons sur la grande pertinence des acteurs touristiques comme relais d’une offre de recharge localement : hébergeurs et restaurateurs labellisés Accueil Vélo sont invités à faire connaître les services qu’ils proposent en matière de recharge VAE et autre. Le faire savoir plus largement est de nature à rassurer les usagers et à encourager la pratique.

Karine Lassus

Pour aller plus loin :

Politiques cyclables