VNF lance un appel à idées pour développer un produit touristique multi-étapes le long de l’EuroVelo 6
Si le tronçon Dole – Mulhouse de l’EuroVelo 6, situé quasiment en continu sur le domaine public fluvial, enregistre des chiffres de fréquentation cyclable prometteurs, l’étude de clientèles et de retombées économiques de 2012 a identifié un défi de taille à relever : une offre de services considérée comme insatisfaisante par les cyclistes. Pour répondre aux besoins des touristes à vélo et impulser le développement d’offres sur un ensemble d’étapes réparties sur ce tronçon, Voies navigables de France (VNF) lance un appel à idées ouvert jusqu’à fin mars 2021. Décryptage de cette démarche à caractère innovant.
Les attentes
Le potentiel de retombées économiques générées par le tourisme à vélo est important. Sur la section Saône-et-Loire – Bâle, l’impact économique direct de l’EuroVelo 6 est estimé à 16 000 euros par kilomètre et par an*. Cependant, pour que les territoires profitent pleinement de ce grand itinéraire cyclable, une offre de services adaptés aux touristes à vélo sera déterminante. Devant ce constat et en appui à la fiche-action n°8 « Équipements et aires d’arrêt » de Vélo & Territoires, VNF amorce une démarche pour identifier un produit touristique d’itinérance sur l’ensemble des étapes du tronçon Dole – Mulhouse. Les premiers jalons sont posés via l’appel à idées auprès d’entrepreneurs et d’investisseurs, lancé le 12 novembre. « Cette offre doit répondre aux besoins de première nécessité des touristes à vélo, mais aussi proposer une gamme d’hébergements variés, des services de restauration, de location et réparation de vélos, de transport de bagages, voire un service de commercialisation sur l’ensemble du tronçon » précise Yannis Vial, chef de projet valorisation touristique du domaine de VNF. « Les sites étapes devront respecter un maillage précis et être situés à intervalle régulier d’environ 20 à 30 km comme préconisé par Vélo & Territoires. »
Produit multi-étapes
Le caractère innovant de la démarche ? Les porteurs d’idées doivent se positionner non pas sur une, mais sur l’ensemble des étapes du tronçon Dole – Mulhouse de l’EuroVelo 6, ou a minima sur plusieurs d’entre elles si la logique d’ensemble d’itinéraire est respectée et homogène. La dizaine de zones d’étapes identifiées par VNF correspondent, pour la plupart, aux étapes désignées par France Vélo Tourisme. Emplacements à privilégier pour développer un projet ? Se trouver dans un rayon de 5 km autour de ces zones d’étapes. « La valorisation d’un ensemble d’étapes permet à de nouveaux investisseurs de se positionner sur le marché du tourisme à vélo. Ce fonctionnement sera également au service d’une économie stable » explique Yannis Vial. Le modèle multi-étapes entend maximiser le potentiel économique d’un projet. Dans un système de valorisation site par site, il est beaucoup plus complexe, notamment pour des tour-opérateurs, d’articuler l’offre entre les différents établissements. A contrario, un exploitant gérant un regroupement d’établissements implantés régulièrement sur une partie de l’itinéraire est de nature à faciliter la commercialisation d’un produit packagé. Ce modèle suppose une réelle adaptation à la clientèle itinérante et pourrait permettre de développer un marché dynamique de tourisme à vélo. « L’idée n’est pas de porter concurrence à l’offre existante, mais de pallier le manque de services sur ce tronçon » souligne Yannis Vial. « Les porteurs d’idées doivent être en mesure de proposer une gamme d’offre très variée, adaptée à la clientèle de l’EuroVelo 6. » Trois typologies d’emplacement peuvent accueillir un projet : le patrimoine bâti à l’instar des quinze maisons éclusières vacantes sur le tronçon concerné, les terrains libres ou les plans d’eau.
Organisation de la démarche
Phase initiale de la démarche, l’appel à idées permet de tester le concept et d’entrer en contact avec les entrepreneurs et investisseurs intéressés. L’avantage ? « Si on construit le projet en avance les candidats ne répondent pas forcément aux besoins » répond Yannis Vial. « Dans le cas d’un appel à projets standard, c’est le porteur de projet qui s’adapte à VNF. Là c’est à l’inverse. Sans entrer dans une procédure juridique préalable, nous pouvons écouter les opérateurs économiques et concevoir ensemble des solutions de développement de l’itinéraire. » Une fois cette étape initiale franchie, les prospecteurs devront tout de même répondre à un appel à projets. En appui à un bilan établi grâce aux réponses obtenues à l’appel à idées, VNF constituera un cahier des charges, adapté aux attentes des prospecteurs. Ce cahier des charges aura pour objectif d’encadrer l’appel à projets. C’est à ce moment-là qu’ils se positionneront sur des emplacements disponibles avec un projet final détaillé. « Cette organisation nous permet aussi de travailler dès le début avec les opérateurs et lors des phases plus « concrètes » avec les territoires pour identifier les éventuelles contraintes » complète Yannis Vial. Les porteurs d’idées sont invités à les mentionner dans le formulaire de présentation de leur projet, document clé pour établir le bilan. « Nous espérons par exemple que des solutions inter-saison seront proposées. Si les opérateurs prennent en compte la saisonnalité touristique dans leur réponse à l’appel à idées, cela montrera qu’ils ont connaissance du marché du tourisme à vélo. » Voilà donc l’expérimentation lancée. Si elle s’avère concluante, la démarche pourra ensuite être adaptée à d’autres itinéraires cyclables situés sur le domaine public fluvial de VNF.
Dorothée Appercel
* Source : étude de clientèles et de retombées économiques de l’EuroVelo 6 de Bâle à la Saône-et-Loire, Inddigo, 2012
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