Les aides à l’achat de vélos : le moment d’appuyer sur les pédales
Extrait de Vélo & Territoires, la revue n°60
Antérieures ou concomitantes à l’appel d’air – au sens propre comme au sens figuré – suscité par le déconfinement, les initiatives pour inciter Madame et Monsieur Tout-le-Monde à franchir le pas de l’acquisition d’un vélo se multiplient sur l’ensemble du territoire. Illustrations.
« Tout est parti de deux articles de presse lus pendant le confinement, resituait Xavier Dullin, alors président du Grand Chambéry. Le premier, paru dans Le Monde, faisait état de l’impact de la crise sanitaire sur la mobilité. Le second, paru dans Ouest France, recensait les métropoles les plus actives face au Covid-19 sur les questions cyclables. Grenoble, Montpellier et Bordeaux y étaient citées, alors je me suis dit que nous devions nous aussi y figurer ! » Le 14 mai, le premier Conseil communautaire post-confinement déroulait toute une série de mesures destinées à passer du vœu pieux à l’action. D’abord, un budget vélo doublé, passant à 1,1 million d’euros pour cette année avant d’être stabilisé à un million d’euros par an jusqu’en 2024. Ensuite, pour inciter à l’achat de cet accélérateur de transition modale qu’est en train de devenir le VAE, une aide pouvant aller jusqu’à 500 euros financée pour moitié par l’Agglomération et pour moitié par la Région dans le cadre de la convention « Qualité de l’air », signée entre les deux collectivités le 14 février 2020. Un coup de pouce soumis à conditions – prix plafonné, moteur dans le pédalier, achat chez un distributeur local, etc. – mais qui fait « un carton plein » selon l’édile savoyard dont les services avaient, fin juin, déjà instruit et validé plus de 200 dossiers. En corollaire, une campagne de démultiplication des abris et arceaux vélo est lancée pour permettre des solutions de stationnement sécurisé plus importantes qu’actuellement. S’agissant des vélos classiques disponibles en location, une grille tarifaire préférentielle a été mise en place pour les quelques 600 vélos constituants la flotte de la vélostation de Chambéry. Un euro pour la location à la journée, 10 pour le mois et 20 pour le trimestre – contre respectivement 6, 27 et 50 euros en plein tarif. Concernant la location des VAE, un effort sur l’offre est là aussi réalisé puisque celle-ci a vocation à passer de 40 à 150 unités au cours des prochains mois. En parallèle, l’agence Écomobilité Savoie Mont-Blanc propose des prestations gratuites de vélo-école, de contrôle technique ou de mécanique. Enfin, 5,8 km d’aménagements cyclables de transition sont déployés sur le périmètre de l’agglomération chambérienne pour « envoyer un signal fort et faciliter la conversion de la voiture au vélo ».
Du côté de Nantes,
c’est dès juillet 2014 que la démarche d’aide à l’achat de vélo a été amorcée, à destination spécifiquement des entreprises, cette fois. « La Métropole cultive de longue date une politique intensive d’accompagnement des transports collectifs, dans un premier temps, et du vélo, de plus en plus. Le but est de montrer aux Nantais qui travaillent que l’accès au vélo en ville est quelque chose de facile » contextualise Sandrine Le Bourhis, responsable du service Activateur des changements de mobilité auprès des 24 communes englobées par Nantes Métropole. Trois types de vélos sont éligibles à cette aide : les vélos classiques, les VAE et les vélos cargos, qu’ils soient avec ou sans assistance électrique. S’agissant des professions concernées, elles sont au nombre de six : les « livreurs / livreuses, coursiers / coursières, réparateurs / réparatrices / artisan( e )s, commerçant( e )s, professionnel( le )s de soin à domicile dont l’activité professionnelle est localisée sur le territoire de la métropole ». L’aide est plafonnée à 25 % du coût TTC du vélo, dans la limite de 400 euros par véhicule.
En juin 2020, 220 véhicules étaient ainsi subventionnés pour un total de 215 demandes – une entreprise pouvant faire subventionner jusqu’à dix vélos. Une quarantaine de nouvelles demandes de subventionnement à la sortie du confinement a confirmé la croissance encourageante de ce poste de dépenses, passé de 9 000 euros en 2016 à 23 000 en 2019 et qui était déjà à 14 500 euros au premier semestre 2020. Sur ces 220 vélos, environ 150 VAE et une quarantaine de vélos cargos… « Les retours de la cyclosphère et des communes partenaires montrent que nous sommes dans la bonne direction », poursuit la technicienne, dont le service planche déjà sur un support de communication pour aiguiller l’accès aux services vélo, mais aussi et surtout sur la pérennisation des aménagements cyclables de transition mis en place au sortir du confinement.
« Le 10 juin, 1 300 personnes ont participé à un atelier géant consacré à la réparation de vélos, au marquage Bicycode, etc. Cela nous conforte dans l’idée que, à présent que le couvercle du confinement a sauté, c’est le moment de mettre les bouchées doubles ! »
C’est la preuve une fois de plus qu’une expérimentation, quand elle est bien menée, est souvent le stade qui précède l’adhésion à un mode de déplacement décarboné.
Dans l’Hérault aussi,
le Covid-19 aura permis de hisser le VAE à une hauteur inédite dans la hiérarchie des parades peu coûteuses et pratiques vis-à-vis de la pandémie. Sur proposition du président Kléber Mesquida, le chèque « Hérault vélo » du Département est passé en juillet de 150 à 250 euros pour les particuliers aux revenus inférieurs à 27 086 euros par an ou non imposables, et de 100 à 200 euros pour les salariés d’entreprises ayant adopté un plan de mobilité ou s’engageant dans une démarche de mobilité durable. Un bonus de 20 euros est même prévu en cas d’achat d’un siège enfant et de 50 euros pour une carriole pour enfant. Surtout, cette aide est cumulable avec celle de la Région, chiffrée à 200 euros. Seules conditions : un VAE par foyer fiscal, être résident héraultais et pouvoir justifier de l’achat d’un VAE dans un magasin du département à compter du 1er janvier 2020.
Destiné à encourager l’achat de VAE pour les trajets domicile-travail, ce dispositif s’inscrit dans le cadre du plan départemental de relance économique de 81 millions d’euros voté en vue de la sortie du confinement. Il s’intègre notamment à la rallonge de 2,5 millions d’euros débloquée par le Département pour compléter le budget annuel alloué au « Plan Hérault vélo 2019-2024 », soit un montant de 10 millions d’euros pour la seule année 2020. « C’est une étape importante pour ancrer le vélo dans nos pratiques », constate Stéphane Loubié, responsable de la mission Mobilité durable au sein du pôle Routes et mobilités de l’institution, qui, avec son équipe, a travaillé d’arrache-pied à la mise en ligne, à la date charnière du déconfinement, d’un site Internet dédié à l’ergonomie fonctionnelle (monvelo.herault.fr). À cet égard, l’ingénieur en mobilité rappelle que la crise sanitaire a été aussi l’occasion de prêts gratuits de VAE pendant un mois, à destination du personnel soignant. « Un vrai succès car de nombreux soignants sont ensuite passés à l’achat de VAE. C’est la preuve une fois de plus qu’une expérimentation, quand elle est bien menée, est souvent le stade qui précède l’adhésion à un mode de déplacement décarbonné. »
Propos recueillis par Anthony Diao