Des chiffres encourageants et des efforts à poursuivre pour la ViaRhôna et La Méditerranée à vélo
Le 4 avril dernier étaient présentés à Manosque les résultats de l’étude sur la fréquentation et les retombées économiques de La Méditerranée à vélo. Ils complètent les résultats de l’étude de fréquentation de la ViaRhôna, dévoilés deux semaines plus tôt. Menées conjointement entre mars et novembre 2017, la mutualisation de ces deux études a permis de réaliser des économies d’échelle non négligeables. Décryptage et analyse des résultats.
Une fréquentation en hausse sur les deux itinéraires
Que retenir de ces deux études ? Elles permettent de mettre en perspective et de justifier les efforts consentis par les collectivités partenaires. Les différentes enquêtes et les comptages réalisés le long de la ViaRhôna et de La Méditerranée à vélo montrent une hausse homogène et constante de la fréquentation. Une première estimation qui devrait rapidement se confirmer avec la parution des chiffres de la Plateforme nationale des fréquentations (PNF) par les DRC. Ce constat est d’autant plus intéressant sachant que certains tronçons des deux itinéraires restent encore à aménager. La ViaRhôna est aujourd’hui réalisée à 94 % et devrait être achevée d’ici 2020. La Méditerranée à vélo était, quant à elle, réalisée à 53 % en février 2018 selon les données de l’Observatoire national des véloroutes et voies vertes. S’il reste du chemin à parcourir pour assurer une véritable continuité, les deux enquêtes révèlent déjà une grande variété d’usages, avec des cyclistes utilitaires, des excursionnistes et des touristes à vélo qui s’approprient peu à peu la ViaRhôna et La Méditerranée à vélo.
Une forte attractivité touristique
« Il n’est pas suffisant de réaliser une infrastructure. Il faut ensuite la faire vivre » souligne Louis Biscarrat, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’enjeu est de mobiliser les acteurs locaux afin qu’ils s’approprient les infrastructures cyclables et s’adaptent à l’accueil des touristes à vélo. Le développement des équipements connexes, ainsi que des outils de communication et de promotion communs sert la fréquentation d’un itinéraire cyclable. Avant même l’ouverture de l’itinéraire, l’étude de La Méditerranée à vélo observe une forte fréquentation touristique sur certains tronçons. Sur sa partie littorale, l’EuroVelo 8 arpente des territoires particulièrement prisés des touristes français et internationaux, qui profitent de l’itinéraire pour pratiquer le vélo pendant leur séjour ou en excursion à la journée. Un élan en faveur de l’EuroVelo 8 qui devrait d’ailleurs s’intensifier avec le temps. Qu’en est-il de l‘itinérance ? En hausse, elle reste pour l’instant très marginale, mais devrait rapidement augmenter avec l’avancement des travaux d’aménagement. L’itinérance sur la ViaRhôna est, quant à elle, déjà un succès : l’EuroVelo 17 se positionne comme le troisième itinéraire français sur cette pratique. Si la structuration de La Méditerranée à vélo se renforce, elle devrait sans tarder pouvoir se hisser au rang des grands itinéraires cyclables en France et en Europe.
Des retombées économiques à stimuler
Si les chiffres de fréquentation sont très prometteurs, qu’en est-il des retombées économiques pour les territoires traversés ? De ce côté, c’est pour l’instant un bilan en demi-teinte pour les deux itinéraires. Les touristes à vélo y dépensent respectivement 66 euros et 62 euros par jour et par personne. Les EuroVelo 17 et 8 se positionnent donc dans la moyenne des autres grands itinéraires cyclables français. Mais elles restent encore à la traîne par rapport au champion français qu’est l’Alsace à Vélo, avec environ 105 euros dépensés par jour. Le constat est clair : les deux itinéraires disposent d’une grande marge de progression en termes de retombées économiques. Si la priorité doit être donnée à l’achèvement des itinéraires, l’offre de services doit également être développée pour permettre aux territoires concernés de profiter pleinement de la ViaRhôna et de La Méditerranée à vélo.
De nombreux défis à relever
« La mobilisation doit se poursuivre » affirmait Louis Biscarrat lors de la présentation des résultats de l’étude ViaRhôna. « Ces études nous donnent de nouveaux arguments en faveur des deux itinéraires, mais elles permettent aussi de signaler certains freins à lever » conclut Nicolas Mercat, chef de projet au sein du cabinet Inddigo. Les deux EuroVelo ont sans doute un défi de taille à relever : une large part des cyclistes interrogés se déclarent insatisfaits des services proposés. Le manque de réparateurs vélo et d’accès wifi arrivent en tête des mécontentements. L’absence d’équipements de base (toilettes, points d’eau et stationnements sécurisés) reste également très critiquée. Les données de ces études devraient permettre de mieux connaître les clientèles ainsi que leurs besoins pour pallier à ces problèmes. Elles donnent aussi un cap précis aux partenaires de la ViaRhôna et de La Méditerranée à vélo.
Antoine Coué
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