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Le vélo en nombres : congrès 2018 de la FUB

Tenue à guichet fermé, la journée d’études de la FUB a rassemblé plus de 400 personnes, venues des quatre coins de la France, à Lyon. L’occasion de chiffrer la tendance, de dévoiler le très attendu palmarès des villes cyclables, de partager, de s’inspirer et d’identifier des pistes d’actions prioritaires. Retour sur une journée riche, sur fond de loi d’orientation des mobilités et de Plan vélo à paraître, qui démontre toute la qualité et la valeur activiste du réseau de la FUB.

Ce qui n’est pas compté ne compte pas

Le thème de ce 18e congrès de la FUB « Le vélo en nombres » était particulièrement symbolique. « Le vélo, c’est 15 % d’arrêt maladie en moins, c’est moins de congestion, une économie plus locale. Tous les chiffres sont là. Et pourtant, dès qu’on parle vélo, on se heurte à du scepticisme. Pourquoi ? » s’interroge Olivier Schneider, président de la FUB. Les vélos prennent peu de place, ce qui est leur avantage, mais ce qui rend les flux peu visibles. L’outil vélo jugé « sympathique » ne se voit pas accorder toute la considération qu’il mérite. Pour autant son usage est en pleine croissance, comme le confirment les chiffres de fréquentation à Lyon en 2017 par exemple : +15 % par rapport à 2016 et, sur certains grands axes du centre-ville, le trafic cycliste représente un tiers du trafic total de véhicules. D’où le besoin de produire des études chiffrées. Les Départements & Régions Cyclables (DRC) pilotent et mettent à disposition des collectivités territoriales des données de comptages vélo via la Plateforme nationale de fréquentation (PNF) et des indicateurs annuels d’avancement du Schéma national vélo grâce à l’Observatoire national des véloroutes et voies vertes (ON3V). Les chiffres issus de ces deux outils stratégiques permettent de suivre, visualiser et mesurer la progression, mais aussi de porter les politiques cyclables et la parole des cyclistes plus loin. « Les chiffres donnent des perspectives aux pouvoirs publics. Ils permettent de passer d’un mode de vie à un mode d’emploi » confirme Jérôme d’Assigny, directeur régional de l’Ademe Auvergne-Rhône-Alpes. L’imaginaire de la voiture, encore très puissant, pèse indubitablement dans le débat public. Mais les 113 000 réponses au premier Baromètre des villes cyclables de la FUB ont montré que les Français s’interrogent en nombre sur la place que le vélo devrait prendre demain.

Carte des villes cyclables selon le premier Baromètre de la FUB

Premier Baromètre des villes cyclables : résultats et perspectives

Les résultats de ce Baromètre inédit, la plus grande contribution citoyenne sur l’usage du vélo en France initiée par la FUB à l’automne 2017, ont été publiés à l’occasion du congrès de la FUB. 3 podiums ont été nominés dans 5 catégories parmi un classement de 316 villes en tout. Quinze d’entre elles sont donc récompensées pour leur cyclabilité, leur mobilisation au profit du développement des modes doux, l’apaisement de leurs rues et la sécurité des cyclistes. Les résultats complets sont disponibles ici. Selon la FUB, les conditions de circulation à vélo ne sont globalement pas satisfaisantes dans les villes françaises. Seules 21 des 316 villes évaluées ont obtenu une note supérieure à la moyenne. Pas une seule n’arrive au niveau d’une ville néerlandaise ou danoise. Les freins majeurs à la mobilité à vélo relevés dans le Baromètre ? Le manque d’aménagements cyclables sécurisés et de stationnement vélo, les coupures urbaines, le volume et la vitesse de la circulation motorisée. Pour Olivier Schneider, le vélo se développe à deux vitesses en France : « D’un côté, nous constatons le potentiel et l’engouement pour la pratique du vélo, et d’un autre côté, les villes françaises peinent à rendre leur territoire cyclable. » Les attentes des Français ? « Un vrai système vélo et non une des mesures pro-vélo » répond Olivier Schneider. « Le vélo, c’est plein de petites choses qui ne coûtent pas chères. » Ce premier Baromètre ne se limite pas à décerner des bons et des mauvais points. Il vise à susciter le débat et des politiques cyclables plus ambitieuses dans chaque territoire. Représenter les usagers, les rendre visibles, audibles et instaurer un dialogue ouvert pour accompagner le changement de mobilité, voilà, en creux, les objectifs louables de la FUB qui invite tous les usagers et les collectivités à s’emparer des résultats de ce Baromètre pour convaincre, encourager et parler vélo. Prochaine édition en 2019 pour évaluer les progrès accomplis.

Les adhérents DRC récompensés :

  • Nantes accède à la 2e marche du podium au Baromètre des villes cyclables de plus de 200 000 habitants
  • Chambéry est classé 2e dans la catégorie des villes de 50 à 100 000 habitants

Le vélo partout et pour tous

Pour tenir la promesse de 12 % de part modale vélo à l’horizon 2030, autant dire qu’il y a du travail ! Une première ambition pour les scolaires devrait se concrétiser grâce à la systématisation de l’apprentissage de la mobilité à vélo en école primaire annoncée par le Conseil interministériel de la sécurité routière du 9 janvier 2018. Et Pierre Hémon, conseiller délégué aux mobilités actives du Grand Lyon, confirme : « Il est de notre responsabilité de sécuriser le parcours des collégiens pour se rendre à vélo au collège. » Côté inclusion et solidarité, Audrey Pulvar, présidente de la Fondation pour la nature et l’homme, rappelle que « 8 millions de personnes pour plein de raisons n’ont pas accès à la mobilité. Le vélo crée de l’emploi, du lien social qui manque dans nos vies aujourd’hui et désenclave nos territoires ». Ateliers de remise en selle, Benur, programme ALVÉOLE… les initiatives foisonnent dans les territoires pour toucher les publics en situation d’empêchement de mobilité. « Il faut arrêter de considérer le vélo seulement comme un mode de loisirs. Le vélo n’est pas un gadget. Il devrait être le mode de déplacement principal dans toutes les villes » selon Karima Delli, députée européenne écologiste et présidente de la commission Transports du Parlement européen. « Il faut aussi changer de regard entre villes et campagnes » plaide Cédric Szabo, directeur de l’association des maires ruraux de France. « Le Schéma national vélo est un outil important pour la mobilité au-delà des milieux urbains. 5523 communes, dont 4384 de moins de 3500 habitants, sont concernées par ce schéma structurant. Il y a donc un vrai potentiel de développement du vélo dans les communes rurales au profit de la solidarité des territoires. » Comment favoriser le vélo pour le plus grand nombre ? Seul un réseau cyclable bien pensé, bien connecté, bien jalonné et continu fera venir les cyclistes en nombres.

Vélo-école pour enfants ©Droit au vélo ADAV

2018, l’année de lancement du Plan vélo

« J’ai été impressionnée par la démarche Parlons Vélo. C’est aussi grâce à votre mobilisation que nous construisons aujourd’hui un Plan vélo pour aborder l’ensemble des dimensions de ce sujet : santé, infrastructure, sécurité, éducation, incitation individuelle. 2018 sera donc l’année de lancement d’un Plan vélo sincère, structuré et financé » a salué la ministre des Transports, Elisabeth Borne, dans un message doux aux oreilles des usagers du vélo. « Sincère car nous devons nous attaquer aux difficultés qui empêchent des millions de Français de devenir cycliste. Structuré car pour avoir un impact il faut s’organiser avec les partenaires pour porter ce Plan dans la durée. Financé car des moyens seront nécessaires. » Des plans vélo il y en a déjà eu plusieurs. Mais un Plan national vélo en début de quinquennat, interministériel et avec des investissements fléchés par l’État, il n’en a en revanche jamais été question. Le regard est donc tourné vers la future loi d’orientation des mobilités qui sera présentée au Conseil des ministres en mai. « Nous sommes optimistes, mais pas naïfs » précise le président de la FUB. « Si on n’y arrive pas maintenant, un véritable Plan vélo ne verra jamais le jour et chaque année nous prendrons plus de retard sur les autres pays européens. » Pour rappel la FUB demande un fonds national de 200 millions d’euros par an pour créer un vrai système vélo en France. Le vélo et les infrastructures cyclables ne sont pas que l’affaire des collectivités. L’État a un rôle d’incitation, de prescription, de financement, d’aide à l’expérimentation et à l’accompagnement et de stimulation des réalisations du Schéma national vélo pour « autoriser et rendre possible » le développement du vélo par et auprès des collectivités. Les enjeux de santé publique, de transition énergétique et de qualité de l’air sont urgents. La balle est maintenant dans le camp du Gouvernement qui doit entendre la voix des nombreux citoyens et cyclistes, soutenir les collectivités et s’attaquer à la place de la voiture pour que le vélo fasse nombre en France. Voilà la feuille de route du Gouvernement français, de la FUB et des acteurs du vélo en France.

Dorothée Appercel

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