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Géocaching – Paiement en caches

À l’heure du GPS et de la 4G, le géocaching connaît un succès croissant chez les particuliers du monde entier. Un levier touristique simple et peu coûteux, qui pourrait rapporter gros aux collectivités.

Le “géocaching”, qu’est-ce que c’est ? Etymologiquement ce néologisme, apparu aux Etats-Unis au tournant des années 2000, est l’addition de géo – de , la Terre, en grec – et de cache (en français dans le texte). Le mot désigne un passe-temps gratuit, ludique autant que pédagogique, qui prend la forme d’un jeu de piste dont l’accès à chaque cachette peut être l’occasion pour le “géocacheur” de (re)découvrir des lieux ou des informations rares et utiles sur le territoire qui l’entoure. Une sorte de Pokemon Go culturel, avec son jargon, ses codes et ses addicts ? La comparaison fait sourire Fabrice Thiébaux, directeur de projets en géomatique au Cerema et géocacheur à ses heures : « J’ai moi-même caché quatre fois et trouvé 600 caches. Chronologi-quement parlant, je dirais plutôt que c’est le Pokemon Go qui est une version non culturelle du géocaching », ironise celui qui a trouvé en cette chasse au trésor 2.0 « un moyen de mieux connaître ma ville ainsi que mes lieux de vacances ».

Flashback. C’est en effet dès le mois de mai 2000 que le géocaching – qui s’appellera un temps le GPS Stash Hunt ou le gps-stashing – voit le jour. Dave Ulmer, un consultant en informatique de l’Oregon, décide de profiter du tout frais passage dans le domaine public des données GPS (géopositionnement par satellite) pour dissimuler une boîte dans les bois des environs de Portland et en communiquer les coordonnées à sa communauté en ligne. En trois jours, deux personnes la retrouvent. L’effet boule de neige aidant, l’activité se mondialise rapide-ment au point de toucher plus de 220 pays en janvier 2017. En France, le site www.mides.fr répertorie aujourd’hui plus de 209 500 caches, ce qui en fait le onzième pays européen en ter-me de densité de caches placées pour 100 000 habitants – loin derrière le trio de tête scan-dinave que constituent dans l’ordre la Norvège, la Suède et la Finlande.

Doubs. Fort de ce succès croissant chez les particuliers, n’était-il pas possible d’utiliser le géocaching dans la sphère publique comme ou-til de valorisation et d’animation des itinéraires cyclables ? C’est la question que s’est légitimement posée un territoire comme celui du Doubs, quarante-troisième département français en terme de nombre de caches, mais par ailleurs traversé par l’EuroVelo 6 sur 135 km et surtout « premier organisme institutionnel à mesurer le potentiel touristique d’une telle initiative », selon un article paru en été 2012 dans un hors-série de la revue Espaces. Dès 2004, l’activité GPS Safari adapte au territoire doubiste le concept du géocaching, combinant ainsi dimension de loisirs et authentique stratégie touristique. Maryline Millot, responsable Hébergement et Filières à Doubs Tourisme, explique comment s’est opérée l’articulation entre cet outil nouveau et l’itinéraire euro-péen : « Nous avons travaillé le tracé afin qu’il puisse associer un loueur/réparateur de vélo, labellisé Accueil Vélo, qui est situé sur la véloroute. Concrètement, le parcours de géocaching prend donc son départ à ce relais vélo, qui peut également louer des GPS si besoin. » L’activité se pratiquant en totale autonomie, il n’existe pas pour l’heure de relevés de fréquentation. « Un carnet présent dans la cache nous permet toutefois de constater que ce parcours remporte un vif succès pendant la période estivale notamment, poursuit Mme Millot. Près de Besançon par exemple, l’activité attire à la fois des touristes en séjour et aussi des locaux, qui profitent des beaux jours pour redécouvrir les joies d’une balade familiale et ludique. »

Aisne. S’inspirant des recettes du Doubs, l’ADRT de l’Aisne bascule à son tour en 2008, comme le rappelle Mathieu Baudoux, son chargé de mission Réseaux, Filières et Observations, dans l’article de la revue Espaces précité. Ayant diagnostiqué la nécessité, « à l’ère du web 2.0, de laisser des occasions aux internautes de partager, de s’exprimer voire de contribuer à l’offre touristique du département et [d’arrimer son] offre à un support Internet de forte notoriété », l’organisme décide de valoriser non la totalité des points d’intérêt de son territoire, mais « quelques circuits de ran-donnée ». Un choix astucieux, résolument gagnant-gagnant, ainsi que le synthétise M. Baudoux en un constat limpide : « Les géocacheurs contribuent à la promotion de la région et à l’entretien des caches. En effet, après être rentrés chez eux, ils se connectent sur leur site favori, signalent leur passage sur la cachette, sans oublier de laisser un petit message. Ce dernier est souvent un témoi-gnage apportant des précisions sur la beauté du lieu et l’enthousiasme d’avoir trouvé les petits cadeaux promotionnels que nous leur avons laissés. En général, un vrai plaidoyer pour la région ! À l’inverse, si la cache rencontre un problème d’entretien, le joueur qui en fait les frais peut immé-diatement manifester son mécontentement. Il en va alors de notre responsabilité d’assurer la maintenance de la cache incriminée dans les plus brefs délais, pour rassurer les géocacheurs et de nouveau engendrer des remarques positives. » Avec une moyenne d’une connection par mois et par cache active – certains géocacheurs se déplacent par groupes –, l’ADRT évalue le nombre total de visiteurs à un ratio de 1 000 à 2 000 personnes depuis 2008. « Le géocaching fonction-nant aussi bien à pied qu’à vélo, notre expérience est facilement extrapolable pour le tourisme à vélo », conclut Mathieu Baudoux.


Paroles de géocacheur : Gilles Lemaire

Témoignage d’un converti de la première heure

GPS. « Passionné par les voyages, la ran-donnée, les raids nature, la géographie et la cartographie, j’ai créé la Maison du GPS, le premier site en ligne de vente de GPS. C’est en cherchant à développer mes produits qu’en 2005 j’ai découvert le géo-caching. J’ai trouvé à ce jour environ 7 700 caches en France et en Espagne et en ai moi-même posé 400, principalement au Pays basque. Je pratique cette activité tout au long de l’année en fonction de mes déplacements. Des événements sont réguliè-rement organisés pour réunir des géocacheurs de tout horizon et ainsi pouvoir échanger sur cette passion.

Géodyssée. Le principe de la Géodyssée est entre autres d’accompagner et d’agrémenter le parcours des cyclistes tout au long de leur périple par la recherche de caches posées environ tous les kilomètres, et de les récompenser par des caches Bonus et des caches Super bonus en fin de parcours. La recherche des caches ne doit pas retarder leur voyage et doit être aisée, avec le maximum de précision (indice + photo spoiler). Comme son nom le laisse deviner, la Géodyssée 40-64 permet de s’adonner au géocaching sur la portion de La Vélodyssée qui relie les Landes aux Pyrénées-Atlantiques. Elle est donc la continuation du parcours de la Géodyssée 33. Cette série comprend environ 200 caches, dont cinq Bonus et un Super bonus, réparties sur cinq secteurs de Biscarrosse à Hendaye, soit environ 220 km. La liste des caches est disponible dans le bookmark Géodyssée 40-64. Elles sont proposées par quatre géocacheurs. D’une manière générale, les actions des poseurs sont le plus souvent individuelles. Je pense d’ailleurs que l’information sur l’existence du géocaching n’est pas suffisamment connue des collectivités territoriales. » À bon entendeur…

Pour en savoir plus : www.geocaching.com et www.mides.fr

Anthony Diao

Vélo & Territoires, la revue