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La Loire, territoire cyclable – L’autre Loire à Vélo

Extrait de Vélo & Territoires 45

Longtemps connu pour son bassin minier, sa sidérurgie et son industrie textile, le département de la Loire s’est doté en 2013 d’un Schéma cyclable et compte parmi ses vice-présidents Alain Laurendon, qui fut à la tête des DRC pendant un intérim de cinq mois à l’hiver 2016. L’occasion de faire le point sur une dynamique qui se met doucement en place, entre ambition raisonnée et réalisme concerté.


Interview d’Alain Laurendon

Vice-président du conseil départemental de la Loire

Quelles sont les caractéristiques du territoire de la Loire ?
Pour moi, la Loire est un territoire résolument propice au vélo et sa pratique est bien avérée. Fort d’un patrimoine naturel et architectural varié, réparti sur l’ensemble du territoire départemental, l’enjeu de notre Schéma vélo consiste à structurer un bon maillage des itinéraires et à dépasser certaines contraintes techniques ou topographiques. C’est également un territoire qui met en relation des grands itinéraires européens comme l’EuroVelo 6 des fleuves au nord et la ViaRhôna / EuroVelo17 au sud-est. Il contribue également à la continuité sud de l’itinéraire national La Loire à Vélo. Entre plaines, vallées et montagnes, le cycliste a donc toute sa place. Il a simplement besoin d’être davantage sécurisé, conforté et reconnu.

C’est-à-dire ?
L’un des atouts du département est d’être traversé du nord au sud par la Loire sur près de 150 km. Ce fleuve emblématique chemine par endroits au travers de gorges qui compliquent les continuités cyclables en les rendant parfois difficilement accessibles pour les cyclistes les moins aguerris.

Quelle parade avez-vous trouvé à cela ?
L’une des grandes richesses du département est le mouvement associatif ligérien qui promeut les pratiques du vélo. De nombreuses associations d’usagers (cyclistes, randonneurs, rollers, etc.) ont été mobilisées dès l’élaboration du Schéma vélo sur les questions d’itinéraires, d’équipements cyclables et de difficultés techniques à résoudre. À titre personnel, je m’attache à ce que chacune contribue au quotidien à enrichir la réflexion départementale et à nous aider à trouver les meilleures solutions. Ainsi, sur le constat partagé que la Loire est favorable à l’itinérance douce – et dans l’attente de la mise en service des prochains aménagements cyclables –, les acteurs touristiques et institutionnels se préparent d’ores et déjà à accueillir cette nouvelle cible touristique.

Sur quels arguments vous appuyez-vous pour convaincre vos interlocuteurs et faire avancer ces thématiques ?
Plusieurs leviers permettent de défendre et de faire avancer la politique cyclable. Certains sont particulièrement convaincants, comme la possibilité de développer une économie touristique de proximité rentable, ou l’opportunité de promouvoir l’attractivité et la notoriété de la destination Loire. Par ailleurs, l’enjeu qui consiste à concourir à un meilleur cadre de vie et à une mobilité active peu coûteuse, bonne pour la santé et respectueuse de l’environnement, permet de convaincre et d’ancrer davantage l’action du Département sur une approche sociale et durable… Tout cela me rend optimiste car, globalement, la politique cyclable fait consensus. Elle va au-delà des convictions politiques, des collectivités concernées et des contraintes budgétaires. Sa mise en oeuvre se poursuit en bonne intelligence, dans un contexte de partenariat et de mutualisation des moyens.

Que retirez-vous de votre expérience en tant que président par intérim des DRC entre décembre 2015 et avril 2016 ?
Je voudrais tout d’abord profiter de l’occasion qui m’est donnée pour saluer et remercier Françoise Van Hecke pour son action et son engagement à la tête des DRC . Lorsque je suis devenu président par intérim – en raison de mon statut de doyen des vice-présidents –, j’ai pu mesurer le travail et l’investissement des membres de notre association. Par leur dynamisme et notre volonté commune à fédérer les territoires, nous avons pu maintenir un maillage cyclable contribuant à ce que notre pays devienne une destination mondiale du tourisme à vélo. Nous sommes, pour ce fait, reconnus dans notre action sur le plan européen. C’est pourquoi nous nous devons de continuer à être sur le terrain et à montrer que notre politique cyclable demeure au cœur de nos priorités.

Par exemple ?
Pour les échéances de 2017, nous devons rappeler à tous les candidats l’importance d’une politique volontariste pour le vélo. Ces actions ont des retours sur investissements impressionnants, et de cela trop peu d’élus sont conscients. J’ajoute que ces engagements ne sont possibles qu’avec la volonté et la disponibilité des élus mais aussi et surtout le travail quotidien d’une équipe technique performante pilotée par Camille Thomé. Alors certes, il y a encore des défis à relever, mais là où il y a de la volonté, il y a une voie cyclable !

Interview de Jean-François Gibert et Jimmy Bouillot

Directeur de l’Agence de développement et de réservation touristique de la Loire, pilote de la politique cyclable au titre de l’Agenda 21, et Chargé de missions et coordinateur de la mise en oeuvre de la politique cyclable.


De quand date le déclic vélo sur le territoire ?
Le président du Conseil départemental, Bernard Bonne, a décidé en avril 2009 de doter le Département d’une politique cyclable pour engager sur le territoire ligérien une dynamique vertueuse visant à créer un réseau d’infrastructures sûres, dédiées à la pratique cyclable. Cette volonté a abouti à l’adoption d’un Schéma de développement du vélo dans la Loire lors du budget primitif 2013. Par ailleurs, cette politique répond aux préconisations des lois Grenelle I et II pour favoriser le développement des alternatives aux déplacements motorisés. Elle s’inscrit dans le plan d’actions de l’Agenda 21 du Département.

Quels sont les objectifs et les grands axes de cette politique cyclable ?
Les objectifs de la politique cyclable s’inscrivent dans une démarche de développement durable du territoire. Celle-ci s’appuie sur trois piliers fondateurs, avec une approche à la fois environnementale, sociale et économique.

Qu’entendez-vous par approche environnementale ?
Il s’agit ici de rendre plus accessibles les infrastructures aux déplacements à vélo, et de créer de nouveaux itinéraires véloroutes et voies vertes. L’idée est de les mailler aux grands réseaux régionaux et nationaux, mais aussi de participer à la promotion du vélo comme mode de déplacement.

Quid de l’approche sociale ?
L’objectif est de créer une offre structurée pour tous les usages cyclistes, et de favoriser une nouvelle offre de plein air et de pleine nature accessible au plus grand nombre.

Qu’entendez-vous enfin par approche économique ?
Il s’agit de favoriser l’impact dans le nord Roannais, avec un potentiel estimé de 227 000 passages et 720 000 € de retombées économiques directes et induites par an.

Qu’est-ce que cela représente en termes d’aménagements ?
L’objectif prioritaire est de créer une armature principale de deux grands axes véloroutes et voies vertes. L’un, nord-sud, se situe au plus près du fleuve Loire pour assurer la continuité de La Loire à Vélo et se connecter plus au nord avec l’EuroVelo 6 qui va de Nantes à Budapest. L’autre axe, d’est en ouest, assure la liaison entre les itinéraires ViaRhôna et La Loire à Vélo, ainsi qu’entre les agglomérations lyonnaise et stéphanoise. Il permet en outre une liaison entre les deux grands fleuves de France que sont la Loire et le Rhône.

À quel public s’adressent en priorité ces aménagements ?
Les actions du Schéma départemental ciblent un public varié. Elles s’adressent aux touristes, itinérants et excursionnistes, aux Ligériens pour les usages de loisirs, aux cyclosportifs comme aux usagers du quotidien, dont les collégiens. L’objectif est de promouvoir la pratique du vélo auprès du plus grand nombre, quel que soit l’âge, le mode et le lieu de vie de la personne. L’usage du vélo est appréhendé comme un enjeu de santé publique et de cohésion sociale.

Quel budget est consacré à cette politique cyclable ? Fonctionnez-vous en maîtrise d’ouvrage directe ?
La mise en oeuvre du Schéma vélo permet de mobiliser une première enveloppe pluriannuelle de près de 7 millions d’euros. Les réalisations de la voie verte le long du fleuve Loire, des itinéraires cyclables sur routes départementales ainsi que du jalonnement des cols emblématiques, tout ceci relève d’une maîtrise d’ouvrage départementale. Dans le cadre d’une contractualisation, le Département accompagne techniquement et financièrement les projets vélo en lien avec le Schéma départemental qui sont portés par les communes et groupements de communes (EPCI).

À quelles difficultés êtes-vous confrontés ?
La principale difficulté consiste à assurer une homogénéité d’itinéraire, notamment le long du fleuve Loire. Les 150 km d’itinéraire, du nord du département (en connexion avec la Saône-et Loire) en direction du sud vers la Haute-Loire, présentent des paysages certes variés mais avec des contraintes topographiques, quelques discontinuités d’emprises ainsi que plusieurs franchissements du fleuve Loire. Ceux-ci nécessitent des travaux complémentaires et une sécurisation du mode vélo parfois complexes et coûteux.

Combien de kilomètres d’aménagements ont été réalisés à ce jour ?
La phase opérationnelle du Schéma vélo a été enclenchée depuis près de trois ans. Elle a permis la réalisation de 9 km de voie verte intégrale dans la partie ligérienne de ViaRhôna, une opération cofinancée par le Département et réalisée sous maîtrise d’ouvrage communautaire avec la communauté de communes du Pilat rhodanien. Le jalonnement de 15 cols emblématiques répartis sur le dépar-tement et représentant un linéaire total de 220 km a également été effectué.

Quelles sont les prochaines échéances à court et moyen terme ?
Conformément au plan d’actions du Schéma vélo, un itinéraire de 21 km de véloroute voie verte reliera la Saône-et-Loire au port de Roanne. Il utilisera successivement les emprises d’une ancienne voie ferrée, le franchissement de la Loire par le pont de Briennon et le chemin de halage du canal jusqu’à Roanne. Intégrée à l’itinéraire national V71 / Loire-amont, cette section d’aména-gement, dont les études techniques et réglementaires sont en cours de finalisation, est à 90% en site propre et sera progressivement mise en service fin 2017, début 2018. Ce tronçon offrira à moyen terme, avec le tronçon de la Saône-et-Loire, une continuité de plus de 50 km de voie verte entre l’EuroVelo 6 plus au nord (au niveau de Digoin ou de Paray-le-Monial) et la ville de Roanne au sud. Ce projet est soutenu par l’Union européenne au titre du Feder ainsi que par la région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du “Plan Loire”. Toujours sur la V71 ligérienne, il est pro-grammé la continuité de la véloroute voie verte du Roannais jusqu’aux portes de l’agglomé-ration stéphanoise. L’itinéraire comptera plus de 100 km avec le phasage suivant : à l’échéance 2017-2018, avec le jalonnement d’une véloroute entre Roanne et Balbigny, au plus près du fleuve Loire sur 53 km ; puis, à moyen terme, avec une continuité de 50 km jusqu’aux portes
de Saint-Étienne.

Combien de kilomètres au total vise à terme le Schéma départemental cyclable ?
Sur plus de 800 km identifiés au schéma sous maîtrise d’ouvrage départementale, près de 400 km d’itinéraires cyclables sur routes départementales nécessitent des aménagements (jalonne-ment uniquement ou bandes cyclables et jalonnement). Compte tenu du coût important de l’en-semble de ce programme, il est envisagé dans un premier temps de mettre en oeuvre ces aména-gements au fur et à mesure des opportunités de programmation, telles que les réhabi-litations de chaussée ou les requalifications des ouvrages d’art.

Quel type de revêtement privilégiez-vous ?
Au niveau de la voie verte dans le nord Roannais, un revêtement de type enrobé est privilégié pour faciliter toutes les pratiques (vélo, rollers, PMR , etc.) Il s’agit du meilleur compromis au regard du coût des avantages en termes d’entretien et de pérennité. Une attention particulière sera portée sur la plateforme de la voie verte pour offrir un espace enherbé destiné aux randonneurs et aux joggers.

Qu’en est-il de la signalétique ?
Elle respectera la réglementation en vigueur et sera complétée par une charte d’identité visuelle vélo, déclinable sur certains mobiliers signalétiques comme les Relais d’information service, ainsi que sur les différents outils de promotion et de communication destinés aux cyclistes.

Un mot peut-être sur vos boucles cyclables ?
Une réflexion sur ce point doit être conduite en lien avec l’ensemble des acteurs et parties prenantes sur une échéance qui reste à définir.

Qu’en est-il de vos actions de communication, notamment autour de la marque Accueil Vélo ?
La démarche de mise en tourisme avec le développement de la marque Accueil Vélo a été initiée en 2016 par l’Agence de développement touristique (ADT ), en anticipation de l’ouverture au public des prochaines infrastructures. L’objectif est de professionnaliser les acteurs de la filière afin qu’ils puissent répondre aux attentes de la clientèle vélo et de favoriser le développement d’activités connexes, telles la réparation et la location de cycles, le guidage ou l’accompagnement. En lien avec les structures touristiques du territoire (offices de tourisme, labels d’hébergement) et en prenant appui sur les retours d’expérience des départements voisins, le département de la Loire confie à l’ADT le pilotage, le conseil, l’évaluation et le suivi de la marque Accueil Vélo.

Comment articulez-vous votre politique cyclable avec celle des collectivités voisines ?
Pour assurer une bonne mise en réseau de nos itinéraires et bénéficier de conseils, nous avons effectivement engagé un travail partena-rial avec les départements limitrophes à la Loire. Dans le nord, avec la Saône-et-Loire qui gère un itinéraire sur la V71 / Loire amont entre l’EuroVelo 6 et Guérande, plusieurs ren-contres techniques ont eu lieu entre les deux Départements pour partager et coordonner les caractéristiques des aménagements. L’enjeu est d’offrir une continuité de confort et de service à l’usager, quelle que soit la limite adminis-trative de son parcours.
Plus au sud, un travail doit être engagé de la même manière avec le département de la Haute-Loire pour assurer la continuité de la voie verte le long du fleuve Loire et permettre un bouclage de la V71 au niveau de Lavoûte-sur-Loire, près du Puy-en-Velay. Par ailleurs, plusieurs contacts avec le département de l’Allier ont permis de bénéficier de leurs retours d’expérience concernant l’aménagement de leur voie verte sur le chemin de halage du canal latéral entre Diou et Digoin. De notre côté, nous avons accueilli une délégation de techniciens du département du Puy-de Dôme, qui travaille sur un projet VV sur la V70 le long du fleuve Allier, pour partager avec eux nos premières expériences sur les volets fonciers, techniques et réglementaires de nos aménagements cyclables.

Des enquêtes de fréquentation ont-elles été menées sur le territoire de la Loire ? Si oui, quelles tendances révèlent-elles ?
À ce jour, nous ne disposons pas de relevés de fréquentation vélo. En revanche, le futur aména-gement de la voie verte dans le nord Roannais intégrera la mise en place de compteurs vélo sur des portes d’entrée de l’itinéraire. Ces équipements nous permettront de bénéficier d’éléments d’observation, notamment en termes de fréquentation.

La Loire en bref

Préfecture : Saint-Étienne
Superficie : 4 780 km²
Population : 756 700 habitants
Densité : 158,3 hab./km²
Président : Bernard Donne

Pour en savoir plus : www.loire.fr et www.loiretourisme.com

Propos recueillis par Anthony Diao

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