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La Côte-d’Or, territoire cyclable


Objet d’un premier zoom dans nos colonnes en juillet 2009, la Côte-d’Or est l’un des membres fondateurs des DRC. Doté d’un schéma départemental cyclable depuis juin 2003, ce territoire clé de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté vient d’être désigné “Destination Vélo 2016” par la FFCT et a proclamé “2016, année du vélo en Côte-d’Or”.

Interview de Sylvain Menone

Chargé de projet au service Ingénierie et Programmation du conseil départemental de Côte-d’Or

En 2009, Vélo & Territoires avait déjà effectué un premier zoom sur la politique vélo de la Côte-d’Or [cf. V&T n°18]. Pouvez-vous néanmoins rappeler à notre lectorat de 2016 les grandes étapes de la politique vélo de ce Département ?

L’engagement en matière de politique cyclable de la Côte-d’Or n’est pas récent. Dès 1990, les premières bandes cyclables ont été mises en oeuvre le long des routes départementales. Les objectifs étaient simples mais ambitieux : sécuriser les pratiquants et contribuer au développement de l’usage du vélo. Un premier « schéma cycliste » a vu le jour en 1997. Il orientait notre action vers trois types d’aménagements : les bandes, bien sûr, mais aussi les itinéraires balisés sur routes à faible trafic ainsi que les pistes en site propre le long des axes structurants. Devant le succès de ces aménagements, le Département a décidé de poursuivre et d’accélérer le rythme de ses réalisations. L’offre s’est ainsi structurée, notamment avec l’adoption en 2003 d’un schéma départemental de 350 km. Ce schéma a été amendé en 2007 pour parvenir à un objectif de 650 km à terme.

Quels sont aujourd’hui les atouts du territoire pour mettre en oeuvre sa politique cyclable ?

Là, il va être difficile de vous répondre en quelques mots, tant la Côte-d’Or est privilégiée ! Sur le plan géographique déjà, elle est le quatrième département métropolitain de par sa superficie. Nous avons également la chance de bénéficier d’ensembles topographiques variés et de nombreux cours d’eau. Et que dire de notre exceptionnel patrimoine historique – abbaye de Fonte-nay, Alésia… –, viti-vinicole et gastronomique ! L’UNESCO ne s’y est d’ailleurs pas trompée en inscrivant au Patrimoine mondial une partie du département, très pratiquée à vélo. Les touristes non plus puisque la Bourgogne est aujourd’hui la troisième destination cyclable de France.

Quels sont, a contrario, les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?

Il nous faut capitaliser sur ces atouts et parvenir à libérer du foncier, voire à pousser légèrement les véhicules motorisés. Malheureusement, nous sommes tous un peu schizophrènes. Nous admet-tons sans peine cette nécessité, tout en rechignant à changer des habitudes qui obligeraient à faire un léger détour en voiture par exemple. Enfin – et surtout –, c’est de moyens financiers qu’il est question, dans un contexte budgétaire particulièrement contraint pour les collectivités.

Quels sont les principaux objectifs du schéma cyclable actuel ?

L’idéal est simple : il s’agit de permettre à tous (travailleurs, écoliers, cyclotouristes, cyclosportifs, familles…) de se déplacer à vélo en toute sécurité. Et, pour cela, en interurbain, la panacée reste les itinéraires en site propre évoqués à l’instant.


Quelles sont les réalisations menées à bien ces dernières années ?

Elles sont nombreuses ! Citons la véloroute reliant Santenay à Nolay puis à la Saône-et-Loire, qui a la particularité de reprendre le tracé d’une ancienne voie ferrée et d’emprunter, de ce fait, des ouvrages d’art de toute beauté, dans un cadre vraiment bucolique. 38 km le long du canal entre Champagne et Bourgogne ont également été aménagés, ainsi que la Voie Bleue, souvent sur chemin de halage en bord de Sâone, et qui participe à l’EuroVelo 6.

Quels sont les prochains chantiers ?

Deux projets majeurs vont entrer en phase opérationnelle d’ici quelques semaines. Le premier concerne la véloroute du Canal de Bourgogne, qui se verra revêtue sur l’intégralité de ses 140 km. Le second n’est autre que la très attendue voie des Vignes entre Dijon et Beaune, dont la première des trois sections sera réalisée en 2016. Le Tour de Bourgogne à Vélo® sera ainsi complètement aménagé sur le territoire côte-d’orien.

Quel budget cela représente-t-il ?

Nous parlons d’une enveloppe de plus de 3,5 millions d’euros sur les deux itinéraires.

Comment est harmonisée la signalétique des différents itinéraires qui traversent le territoire de la Côte-d’Or ?

Votre question est l’occasion de clarifier une notion qui reste nébuleuse pour le grand public et source de certaines incivilités, notamment le long des cours d’eau. Pour mémoire, les voies vertes sont des sections statutaires au sens du Code de la route. Elles sont encadrées par des panneaux de police spécifiques, désignant des linéaires strictement réservés aux modes actifs, alors que le terme véloroute, lui, est une appellation générique regroupant les itinéraires en site propre ou partagés sur des routes à faible trafic. Dans tous les cas, la signalisation directionnelle est identique puisque normalisée. Il s’agit de panneaux à fond blanc avec liseré vert, comportant le n°, le nom ou le logo de l’itinéraire. Enfin, s’agissant de la mise en tourisme proprement dite et de la signalisation s’y rapportant, ces deux questions sont des prérogatives confiées aux communes ou EPCI , en lien avec Côte-d’Or Tourisme le cas échéant.

Quid du revêtement ?

Le choix de la technique pour les couches de roulement est quant à lui dicté par le contexte local. Il peut s’agir du zonage environnemental, de la nature du sol support ou encore du type de sollici-tation physique.

À quand remonte la dernière enquête de fréquentation ? Quelles tendances révèle-t-elle ?

Le Conseil départemental a fait le choix d’installer huit compteurs vélo sur le territoire et d’investir dans un logiciel permettant le stockage, le partage et l’analyse de données. Cela a égale-ment permis d’enrichir les enquêtes menées sur le Tour de Bourgogne à Vélo® en 2009 et sur l’EuroVelo 6 en 2012. Cette dernière a ainsi confirmé un vrai décollage du tourisme à vélo, avec une augmentation de 25 % de la fréquentation annuelle dont 40 % d’étrangers. L’impact écono-mique direct a été chiffré à 16 000 €/km/an et l’ensemble des retombées à 24 000 €/km/an. Constat est fait aussi d’une durée élevée des séjours, avec de fortes dépenses quoti-diennes, évaluées à 70 € en moyenne. En revanche, une proportion notable d’usagers se disait insatisfaite des équipements, services et commerces présents le long de l’itinéraire…


Ces retours ont-ils été pris en compte ?

Oui. Nous assistons en effet à une véritable prise de conscience sur le territoire national en général  et en Côte-d’Or en particulier. Les professionnels du tourisme ont compris l’intérêt d’offrir un accueil et des services de qualité. La marque Accueil Vélo® constitue dans ce domaine une véritable garantie. La Côte-d’Or n’est pas en reste puisqu’une quarantaine de prestataires bénéficient aujourd’hui du label national.

Que représente pour vous l’adhésion à un réseau comme celui des DRC, dans un contexte de réformes territoriales tel que celui d’aujourd’hui ?

Effectivement, la loi NOTRe est venue rebattre les cartes. Mais le maintien des compétences relatives à la voirie, au tourisme et aux solidarités territoriales permet au Département de poursuivre son action en matière d’aménagements cyclables. Dans cette optique, l’adhésion aux Départements & Régions cyclables est plus que jamais capitale. Pour tout vous dire, la Côte-d’Or est attachée à cette association dont elle a été l’un des 11 départements fondateurs. Aujourd’hui, elle participe au bureau des DRC par l’intermédiaire de Marie-Claire Bonnet-Vallet, notre vice-présidente. Les DRC permettent de bénéficier d’un effet de réseau, de participer à une dynamique nationale qui profite à notre politique locale, sans parler de l’offre de services plutôt précieux comme les formations ou encore les veilles juridique et technique. Enfin, disposer d’une fenêtre sur les travaux nationaux reste primordial pour une grande collectivité…

Trois questions à François Sauvadet

Président du conseil départemental de Côte-d’Or

Quel bilan tirez-vous de ces treize années de politique cyclable ?

Ce bilan, ce sont les cyclistes et les touristes qui le dressent et il est très positif, puisque la Côte-d’Or vient d’être désignée “Destination Vélo 2016” par la Fédération française de cyclotourisme. C’est une reconnaissance importante de la dynamique globale en faveur du développement du tourisme à vélo mais aussi pour le travail d’aménagement réalisé : 8 itinéraires véloroutes et voies vertes, 11 boucles locales, 24 circuits de cyclotourisme, 40 circuits VTT . Ces parcours diversifiés totalisent près de 3 200 km et forment un maillage cyclable pertinent avec une offre variée et très complète.

Quels sont les enjeux et les conséquences à prévoir de la réforme territoriale sur la poursuite de la politique cyclable initiée depuis 2003 ?

Le cyclisme est une discipline majeure dans le cadre de nos politiques sportives et un outil incontournable dans le cadre de nos politiques de développement touristique. Tourisme et sport restent des compétences dites “partagées” au terme de la loi NOTRe, et le Département de la Côte-d’Or entend pleinement jouer son rôle et poursuivre ses missions avec le soutien de l’Agence départementale de développement touristique. Aux lendemains de l’inscription de la côte viticole au Patrimoine mondial de l’UNESCO, nous avons lancé en 2016 le chantier de la véloroute Beaune-Dijon, et continuerons à investir dans ce circuit à travers les grands crus de la Côte-de-Nuits.

Que représente le fait d’être territoire hôte de la Semaine fédérale du cyclotourisme en juillet 2016 ?

C’est un formidable rendez-vous entre la Côte-d’Or et le vélo. Les Côte-d’Oriens sont prêts et attendent à bras ouverts les 15 000 cyclotouristes qui, pendant une semaine, vont découvrir ou redécouvrir notre beau département, ses paysages, son patrimoine et sa gastronomie, mais aussi son art de vivre et la convivialité de ses habitants. Chacun, je l’espère, repartira ravi de son séjour et avec l’envie de revenir. Cette Semaine fédérale du cyclotourisme a par ailleurs été l’élément déclencheur de “2016 année du vélo en Côte-d’Or”, et de la promotion de la pratique sportive et loisir du vélo en Côte-d’Or.

Propos recueillis par Anthony Diao

Propos recueillis par Anthony Diao

Vélo & Territoires, la revue