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Cyclo-biblio – Le vélo à la page

Extrait de Vélo & Territoires 37
Du 6 au 14 août 2014, une centaine de cyclis-tes venus de 16 pays sont remontés ensemble de Montpellier à Lyon. Leur particularité ? Tous ou presque étaient bibliothécaires.

Le projet s’intitulait Cyclo-biblio. Il constituait la quatrième édition d’un programme plus vaste lancé en Finlande en 2011 et intitulé Cycling for Libraries. Comme son nom le laisse à penser, Cycling for Libraries est une conférence internationale à vélo – ou plutôt une “non-conférence”, puisque, si le but est de profiter du cadre informel pour créer du dialogue et de l’échange, la spontanéité est encouragée et les PowerPoints recalés à l’entrée. « Dans les conférences, le plus important se dit souvent… après la conférence », rappelle ainsi Anne Guégan, responsable adjointe à la bibliothèque de Sciences, Techniques et Sports de l’université de Poitiers, et présidente de l’association française créée pour l’occasion. Cette “non-conférence” s’adresse aux bibliothécaires et à leurs sympathisants. Son but est double. Il s’agit d’une part de promouvoir les bibliothèques – une forme de prosélytisme loua-ble que les anglophones nomment advocacy – et, d’autre part, d’échanger sur les pratiques en vigueur d’un établissement, d’une ville ou d’un pays à un autre. Comme le précise dans sa note d’intention Jean-Philippe Aynie, l’un des organisateurs de cette édition 2014, « les bibliothèques, c’est vivant, c’est enthou-siasmant… à condition d’en sortir, d’aller voir aussi ce qui se fait ailleurs de temps en temps ! ». Dont acte.

En cortège. En 2011, la première édition de Cycling for Libraries eut lieu entre Copenhague et Berlin. En 2012 ce furent les Etats baltes, de Vilnius à Tallin. En 2013, le parcours relia cette fois Amsterdam à Bruxelles. En 2014, pour cette toute première incursion en France, le choix de la date pouvait surprendre. Début août, c’est parfait pour le vélo, mais n’est-ce pas précisément la quinzaine de relâche des bibliothèques de l’Hexagone ? L’écueil n’a pas échappé aux organisateurs. « Notre choix s’était porté sur ces dates en raison de la tenue juste après notre arrivée du Congrès de l’IFLA, l’International Federation of Library Associations. Cet événement a rassemblé 4 000 personnes du 16 au 22 août à Lyon », rappelle Lara Jovignot, co-organisatrice de Cyclo-biblio. En charge de la politique documentaire aux bibliothèques de la ville de Lausan-ne, cette Suissesse est tombée en 2013 dans la marmite Cycling for Libraries – que les initiés appellent entre eux “C4L” – après avoir tapé sur Google l’équation “bibliothèque + vélo”, ses deux principaux centres d’intérêt. C’est elle qui avait cette année le redoutable privilège d’ouvrir le cortège, sur la base des repérages effectués deux mois plus tôt avec l’appui d’associations comme l’AF3V, les sections locales de la FUB et des associations de voyageurs à vélo.

Échanger. L’itinéraire retenu allait à contre-courant des aoûtiens, remontant de Montpellier en Avignon, puis rejoignant la ViaRhôna entre Pont-Saint-Esprit et Lyon, avec des escales de prestige comme le musée Médard à Lunel, le Carré d’art à Nîmes ou le palais des Papes en Avignon. Des étapes d’environ 70 km en moyenne, des vélos loués à Lunel et récupérés par le loueur à Lyon, des repas pris sur les places des villages ou le parvis des bibliothèques – et préparés par un cuisinier finlandais venu spécialement en camion –, des nuitées à l’hôtel ou dans les internats de lycées agricoles : les occasions d’échanger furent nombreuses et fécondes, fidèles à l’esprit des fondateurs. Disséminés de loin en loin, des “facilitateurs” avaient pour mission de relancer la discussion, en anglais ou en français, les deux langues les plus communément parlées dans le “peloton”. Le thème 2014 s’intitulait “Hors les murs” et se déclinait en autant de discussions liées à l’avenir de la profes-sion à l’heure du virage numérique, à la formation tout au long de la vie, à la censure, au marketing… Le voyage fut régulièrement relayé par les médias locaux et 17 bibliothèques ou médiathèques furent ainsi visitées. À défaut de public, les participants auront au moins eu l’occa-sion d’échanger presque à chaque étape avec des élus du cru – pas moins de cinq élus ayant par exemple fait le déplacement lors de la visite de la médiathèque La passerelle à Bourg-lès-Valence.

Militant. Une des particularités de cette édition 2014 fut le recours à l’autofinancement. Jusqu’ici les participants finlandais étaient par exemple défrayés et effectuaient le parcours sur leur temps de travail. Cette année les subventions ne couvrirent que 1 500 des 33 000 euros de budget. Si 3 500 euros furent récoltés via la plateforme Kiss Kiss Bank Bank, le reste fut de la poche des participants. Mais les choses pré-cieuses ont-elles vraiment un prix ? Comme le résume Anne Guégan, « la plupart des parti-cipants ont comme moi deux casquettes : celle de militant vélo et celle de militant pour les livres. Ces deux univers ont des valeurs en commun et c’est ce qui rend cette expérience si stimulante. »

Propos recueillis par Anthony Diao

Pour en savoir plus : www.cyclingforlibraries.org ; media@cyclingforlibraries.org

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