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La Tournée verte – Le chant et le pignon

Extrait de Vélo & Territoires 36

Quatre musiciens dans le vent. L’expression forgée du temps des Beatles est aujourd’hui remise en selle par l’initiative des Pieds s’entêtent, un groupe qui porte bien son nom.

Les Pieds s’entêtent est un quatuor musical venu de Rouen. Caroline Geryl à la batterie, Charlotte Patel au violoncelle et sa cousine Linda Patel à la flûte traversière encadrent le mètre quatre-vingt-douze d’Arnaud Lamuré, âme du groupe, préposé à la guitare et au chant. Leur répertoire ? Un pèle-mêle de compositions originales et de classiques de Georges Brassens. 18 chansons par concert à raison d’1 h 15 par représentation. En 2014, leur tournée est déjà riche de 27 étapes et tout porte à croire que d’autres ne tarderont pas à être bookées.

Jalons. Car Les Pieds s’entêtent ont lancé à l’été 2013 un concept osé : rallier à vélo chacune des communes où ils doivent jouer ! La première Tournée verte – c’est son nom – a ainsi traversé 4 régions et 8 départements, pour 9 concerts qui résonnent aujourd’hui comme autant de jalons d’une histoire en marche. « Cela fait vingt ans que je me déplace à vélo, resitue Arnaud Lamuré, 38 ans. J’ai commencé à jouer à 18 ans dans les bars et les salles de ma région. Ces années-là, j’étais déjà sensibilisé aux questions environnementales, mais le vélo était avant tout pour moi le moyen 
le plus économique pour me rendre d’une ville à l’autre. » Et le chanteur de se souvenir de ses parties de cache-cache avec les contrôleurs, lorsqu’il n’avait d’autre choix que de poursuivre sa route en train à une époque où ceux-ci étaient rarement aménagés pour cela…

Léger. C’est en 2013, après cinq années sur les routes et quelque 100 000 km parcourus, que les quatre musiciens se sont interrogés. “On the road again” plusieurs semaines par an façon Bernard
Lavilliers, c’est bien, mais quel en est le bilan carbone ? Malgré une logistique incompressible lourde – quatre enceintes coaxiales, une console de mixage, des projecteurs, un violoncelle, une batterie… –, le groupe a décidé qu’il était possible de voyager léger. Le pas décisif fut franchi lorsqu’une C-zéro leur fut prêtée. « Au début les filles étaient sceptiques, rigole Arnaud. Je les ai invitées à me suivre à bord de cette voiture électrique pendant que moi je pédalais à leurs côtés. » L’espace à bord de la Citroën étant somme toute étroit, les filles en sont descendues tour à tour pour ne plus y laisser que le matériel pendant qu’elles-mêmes se tiraient la bourre en pédalant cheveux au vent aux côtés d’Arnaud. Exit le camion des débuts. La Tournée verte était née.

Fraîcheur. L’organisation est aujourd’hui rodée. Les quatre musiciens sont à vélo et le matériel les suit dans une voiture électrique conduite par un technicien et une attachée de production – une Nissan Leaf pour 2014. Pour des raisons évidentes de fraîcheur physique à conserver tout au long d’une tournée estivale, le groupe a décidé de démarrer progressivement – 20 km maximum pour la première date – et qu’au delà de 70 km de distance d’une commune à l’autre, le transport s’effectuerait en train. L’autre point sur lequel la production doit veiller concerne la présence sur le parcours de bornes de recharge du véhicule. A vide, la Nissan Leaf a 200 km d’autonomie. Chargée comme elle l’est, cette jauge est diminuée de moitié. Sachant qu’il faut compter huit heures pour recharger intégralement un véhicule, c’est peu de dire que l’élaboration de la feuille de route du combo est riche en E = mc².

Crédibilité. Un an après le coup d’envoi de la première Tournée verte, quel est le bilan ? Un nombre de dates multiplié par trois dès le début de l’été, des références comme l’Ademe ou des collectivités territoriales qui se muent en partenaires et, surtout, une crédibilité crois-sante, fruit d’un bouche-à-oreille de plus en plus élogieux – si loin de l’image de “musiciens de plage” qui leur collait à la selle à leurs débuts cyclistes. « Leur concept m’a séduit et je les ai aussitôt contactés, appuie Hervé Féron, député-maire de Tomblaine (Meurthe-et-Moselle). Notre commune est village départ du Tour de France pour la seconde édition de rang cette année, pour-suit l’élu, enthou-siaste. Je trouvais important de proposer ce type de spectacle en amont à nos administrés. La com-plexité de leur calendrier nous a contraints de caler une date plusieurs semaines avant le passage du Tour, mais qu’importe ! Ce concert était gratuit et au bord de l’eau, car l’écologie doit selon moi rester joyeuse si nous voulons être volontaristes ! »


Brassens.
Et la musique dans tout cela ? Pour les Pieds s’entêtent, l’honneur et le plaisir de jouer se gagne à la force des mollets. Et ils se gagneront de plus en plus à mesure que le groupe affiche sa ferme intention d’entraîner les prochaines Tournées vertes sur des itinéraires emblématiques comme Londres-Paris, Paris-Bruxelles ou Paris-Berlin… Il se pourrait alors qu’ils fassent finalement mentir le Georges Brassens qui structure leur répertoire, lorsqu’il disait que « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une route qu’eux ».

Pour en savoir plus : http://latourneeverte.com/ ; contact@latourneeverte.com

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