Le vélo n’est pas un souvenir, c’est l’avenir : retour sur la table ronde parlementaire lors de la Journée nationale du Réseau vélo et marche
Le 29 avril 2025, la Journée nationale du Réseau vélo et marche a rassemblé de nombreux élus, membres d’associations, bureaux d’études et quatre parlementaires engagés à défendre les mobilités actives au Sénat et à l’Assemblée nationale. Ce rendez-vous a permis à ces derniers, membres du Club des élus nationaux pour le vélo, de dresser un état des lieux des politiques nationales pour les mobilités cyclable et marchable, mais aussi de poser les bases d’une nouvelle mobilisation, à la veille de l’ouverture de la conférence de financement des transports. Retour sur une séquence riche en échanges pour conclure la première Journée nationale du Réseau.

Un État cyclable et marchable à réengager
Guillaume Gouffier-Valente, député du Val-de-Marne et co-président du Club des élus nationaux pour le vélo et la marche, l’a rappelé avec force : « Nous avons réussi un changement culturel profond grâce à la mobilisation de tous les acteurs ». Ce premier plan, avec ses 50 millions d’euros par an, avait posé les fondations : infrastructures, lutte contre le vol, apprentissage. Un socle renforcé avec le deuxième plan vélo en 2023, à 250 millions d’euros annuels.
Mais aujourd’hui, l’État semble vouloir se désengager, en laissant aux seules collectivités la charge des politiques cyclables. Une tendance que les parlementaires jugent préoccupante. « L’État ne peut pas tourner le dos à ce qu’il a lui-même impulsé », souligne Catherine Hervieu, députée de la Côte d’Or et co-présidente du Club des élus nationaux pour le vélo et la marche.
Une dynamique politique qui ne doit pas s’essouffler
Pour Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin et co-président du Club des élus nationaux pour le vélo et la marche, « c’est une erreur de penser que les belles années sont derrière nous ». Le vélo n’est pas un phénomène de mode : c’est un levier moderne, transversal, ancré dans les politiques de santé, d’économie, d’aménagement et d’environnement. Laurence Muller-Bronn, sénatrice du Bas-Rhin, insiste : « Les mobilités actives représentent un atout pour notre santé, en plus d’être des atouts pour notre portefeuille et le climat. Ces arguments sont entendables par tous. »
Le développement du vélo est un projet de société qui dépasse les étiquettes politiques, comme en témoigne la composition du Club des élus nationaux pour le vélo et la marche. Tous les parlementaires l’ont rappelé : toutes les commissions sont concernées – affaires culturelles et éducation, affaires économiques, développement durable et aménagement du territoire, finances, lois, etc.
Pour tenir nos engagements climatiques, sanitaires et sociaux, il est essentiel d’amplifier les politiques concernant les mobilités actives. « Les Accords de Paris n’ont pas été annulés », rappelle Valérie Faucheux, adjointe à la ville de Rennes. « La SNBC non plus. » Malgré les tensions budgétaires et les crises multiples, nous ne pouvons pas abandonner l’ambition vélo. Ce serait trahir nos engagements et priver les territoires d’un levier de transition. Le vélo est un investissement rentable, un outil de justice sociale, un facteur de résilience, un accélérateur de transitions urbaines et rurales. Il mérite donc mieux qu’un rôle de figurant dans les politiques publiques.
La conférence de financement : les modes actifs (encore) hors sujet ?
La conférence de financement des transports, qui a débuté le lundi 5 mai à Marseille, illustre les limites actuelles du débat national. Conçue principalement autour des Services express régionaux métropolitains (SERM) et des autorités organisatrices de la mobilité (AOM), des autoroutes, du ferroviaire et du fret fluvial, elle occulte totalement le vélo, comme si cette mobilité n’était qu’un à-côté. Or, comme l’a rappelé un élu dans le public : « La route, ce n’est pas que pour les voitures. Elle accueille aussi les aménagements cyclables. »
L’absence du vélo dans cette conférence est d’autant plus préoccupante que les financements dédiés se réduisent : le Fonds mobilités actives (FMA) transformé en Fonds vert « à peau de chagrin », des collectivités avec de moins en moins de moyens, des ministres qui l’utilisent comme exemple de politique publique à supprimer.
Ce qu’il reste à faire…
Le constat est clair : les projets les plus simples ont été réalisés, restent désormais les plus complexes. Cela nécessite des moyens, un engagement de l’État, et une évaluation rigoureuse des plans passés. « On passe de plan en plan sans bilan », regrette Catherine Hervieu.
Pour y parvenir, plusieurs pistes se dégagent :
- Réactiver le levier budgétaire national, avec un plan pluriannuel pérenne.
- Décloisonner les politiques publiques, en valorisant les bénéfices santé, économiques et sociaux des mobilités actives.
- Montrer l’exemple : élus et collectivités doivent incarner cette ambition.
- Dialoguer avec tous, même les plus sceptiques. Comme le souligne un élu : « Le vélo, ça nous emmerde » est un point de départ possible… pour convaincre.
- Mobiliser autour de la conférence de financement. Élus et parlementaires doivent s’allier pour obtenir des financements pour les politiques cyclables et marchables.
Nous devons « réenchanter » la dynamique, disait Guilaume Gouffier-Valente. Non par nostalgie, mais parce que nous savons que cela fonctionne. Parce que la société nous le demande. Parce que c’est juste, efficace et urgent.
Domitille Lécroart