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Conférence nationale du tourisme à vélo : immersion dans le parcours d’un touriste à vélo

Placer l’humain au cœur des échanges : un pari réussi pour Vélo & Territoires, ADN Tourisme, France Vélo Tourisme, l’Ademe et le département de l’Ardèche, organisateurs de la Conférence nationale du tourisme à vélo 2021 qui s’est tenue le 6 octobre à Privas. Plus de 200 personnes s’étaient données rendez-vous en Ardèche après une édition 2020 en 100 % numérique, Covid oblige. « Le vélo ce n’est pas que dans les grandes villes, c’est aussi dans les territoires plus ruraux » souligne la présidente de Vélo & Territoires pour expliquer le choix de la destination. Des retrouvailles en chair et en os qui ont suscité une belle effervescence et des interventions riches et variées autour d’un thème central : le parcours client. Une journée en immersion dans la peau d’un touriste à vélo pour appréhender au mieux les différentes étapes, lever les freins au voyage et offrir une expérience réussie. Une ambition forte pour faire de la France la première destination mondiale du tourisme à vélo.

Concours d’affiches ©Vélo & Territoires

Du marketing de séduction à l’expérience client

Fil rouge de la journée, le parcours du touriste à vélo a guidé les différentes interventions. Un parcours que l’Institut Paris Région a passé au peigne fin pour définir des étapes clés. Comprendre les motivations du touriste à vélo, ainsi que son comportement permet d’agir sur des leviers essentiels pour l’attractivité d’un territoire. Une présentation qui a vivement suscité l’intérêt des acteurs du tourisme à vélo, tous profils confondus, conscients de l’intérêt économique, social et écologique de cette filière qui a le vent en poupe. Si les chiffres de la fréquentation vélo, quelle que soit la pratique, ne cessent de progresser, le « boom Covid » comme le décrit Nicolas Pinson de France Vélo Tourisme, se ressent dans le comportement des internautes avec une projection plus forte vers l’itinérance et la préparation du voyage. Stimuler l’imaginaire, dépasser les limites administratives, proposer une interface digitale simple et intuitive : autant de procédés qui ont pour objectif de susciter l’envie et de déclencher la prise de décision. Mais le parcours ne s’arrête pas là. Lors de la visite, le touriste à vélo a besoin d’être rassuré et accompagné afin de profiter au mieux de son expérience. Différents leviers sont à activer, notamment sur les volets logistiques tels que la fluidité des transports et l’intermodalité, la qualité des services sur site ou encore la convivialité des accueillants. Des étapes à ne pas manquer pour fidéliser les touristes à vélo et les inviter à devenir de parfaits ambassadeurs de la destination. Une stratégie testée et approuvée par La Vélomaritime dont l’opération ambassadeurs a reçu un franc succès. Les plus de 300 candidatures reçues illustrent parfaitement que les touristes à vélo aiment partager leurs expériences et souhaitent le faire savoir !

L’intermodalité : un enjeu stratégique pour le tourisme à vélo

Les phases de préparation et de visite ont un fort impact sur l’expérience vécue par le touriste à vélo et ce qu’il en retient post-séjour. Il est néanmoins essentiel de réfléchir au parcours client dans son ensemble. Les conditions d’accessibilité aux destinations ou itinéraires cyclables représentent un enjeu majeur pour le déploiement du tourisme à vélo. L’intermodalité, qui correspond à l’utilisation successive de plusieurs modes de transport dans un même trajet, offre de nombreux avantages en ce sens, mais peut vite devenir un vrai casse-tête. L’étude intermodalité vélo – transports terrestres de Vélo & Territoires, propose un certain nombre de pistes de travail sur ce sujet. Comme le rappelle Antoine Coué, chargé d’études pour Vélo & Territoires, ces dernières années ont été le cadre de nombreuses avancées en termes d’intermodalité. « Au niveau national, la LOM a récemment fait évoluer la réglementation sur l’embarquement des vélos et le stationnement sécurisé en gare. À l’échelle locale, les collectivités innovent et expérimentent, en lien avec les sociétés de transport public, pour proposer aux touristes à vélo un parcours intermodal aussi fluide et confortable que possible ».

Table ronde « Se déplacer avec son vélo : bienvenue à bord » ©Vélo & Territoires

Également présentes dans le tour de tables, les régions Bretagne et Nouvelle-Aquitaine ont témoigné sur leurs stratégies respectives pour favoriser l’emport des vélos dans les trains.« Après plusieurs tests, la Nouvelle-Aquitaine a opté pour la mobilisation de wagons dédiés aux transports des vélos pendant la haute saison, avec un système de bâchage des sièges et deux agents en réinsertion pour accompagner et rassurer les usagers, » explique Estelle Crétois, responsable gares, pôles d’échanges et marketing à la Région. « Résultat, nous avons vu le nombre de vélos pris en charge augmenter de 30 % en un an, atteignant les 7 400 montures sur 1 200 trajets à l’été 2021. » Même réflexion côté Bretagne, mais avec une stratégie de tarification différente : « Sur certaines lignes des TER Breizhgo, les usagers ont désormais la possibilité de réserver l’un des emplacements dédiés à l’embarquement des vélos, » témoigne Sylvain Gouillet, chef de projet Gares et Plan vélo à la Région. « Ce service de réservation est proposé gratuitement aux abonnés TER, et s’élève à 3 euros par vélo pour les occasionnels. Il permet surtout de garantir aux touristes à vélo une place à bord, afin de pouvoir voyager en toute sérénité. »  Bien qu’aucune des solutions déployées ne fasse encore l’unanimité, de réels progrès sont constatés. Reste un point noir majeur partagé par les deux entités : la communication autour du dispositif, peu visible pour les usagers Sncf. Régions de France lancera prochainement la mise en place d’un comité vélo pour travailler ensemble sur ces questions et tenter de lever les freins identifiés.

Autre mode de transport, autre solution : l’intermodalité car+vélo. La région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur mène actuellement une étude sur une portion de la ViaRhôna et la V65 afin de proposer des pistes d’actions pour lever les freins et répondre aux attentes des usagers. Parmi les grandes thématiques abordées : l’équipement des lignes, les aménagements cyclables de rabattement entre les points d’accès et les véloroutes, les services à destination des touristes à vélo et l’information multimodale. Des axes de travail sur lesquels des actions tests ont été conduites de mai à octobre avec une implication collective des acteurs du tourisme, des transports et des collectivités locales. « C’est une démarche transversale, différents sujets amènent différentes compétences. Une démarche également expérimentale, on éprouve ou on améliore, mais il est important de se lancer. Et pour finir, une démarche sur la durée, l’idée est d’installer la compréhension des enjeux par tous les acteurs » conclut Camille Perretta, chargée de projet cyclable chez Vélo Loisir Provence.

Les retours d’expériences mis en avant durant cette Conférence nationale du tourisme à vélo 2021 montrent que c’est toute une réflexion autour des enjeux actuels liés à la crise environnementale et au contexte sanitaire qui doit être menée. Alors que les enquêtes auprès des touristes révèlent une forte appétence pour un tourisme plus responsable, les acteurs s’engagent de plus en plus dans une volonté de préservation des espaces et de répartition des flux. Le vélo a incontestablement un rôle à jouer, à condition d’être porté politiquement et collectivement. Afin d’outiller les collectivités dans cette démarche, Vélo & Territoires vient de publier le guide méthodologique “Développer le tourisme à vélo dans les territoires”. Une organisation collégiale à adapter selon ses compétences pour contribuer au succès du parcours client et donner un bon coup de pédale au développement du tourisme à vélo en France ! Affaire à suivre…

Elodie Sauze

Pour aller plus loin :


La Conférence nationale du tourisme à vélo 2021 a été organisée avec le soutien de l’Agence de la transition écologique (Ademe). 

Politiques cyclables