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Fréquentation vélo 2018

Extrait de Vélo & Territoires, la revue n°56

La fréquentation repart à la hausse depuis 2017. Un phénomène auquel contribue l’ensemble des pratiques cyclables : utilitaire (+10 %) et loisirs (+5 %). Depuis le début de la Plateforme nationale des fréquentations (2013), le nombre de passages de vélos enregistrés par les compteurs a progressé de 20 %.

La Plateforme nationale des fréquentations, qu’est-ce que c’est ?

Créée en 2013, la Plateforme nationale des fréquentations (PNF) permet de suivre la fréquentation cyclable grâce à la mutualisation de données de comptages automatiques de vélos. Cet outil, animé par Vélo & Territoires, contribue à améliorer la connaissance de la fréquentation des itinéraires cyclables et à montrer les différentes utilisations d’une même infrastructure. Il est ainsi possible d’établir que le Schéma national vélo sert à la fois le développement touristique et la mobilité quotidienne. L’équipe de Vélo & Territoires remercie les 76 collectivités qui partagent les données de leurs 690 compteurs dans cet outil.

Le rapport d’analyse de fréquentation 2018

  • 537 compteurs pris en compte (les analyses du rapport portent uniquement sur les données exploitables et validées), soit 25 % de compteurs supplémentaires par rapport à 2017
  • 76 contributeurs
  • 8 itinéraires analysés de façon détaillée
  • Nouveauté : profil d’usage par compteur (utilitaire, loisirs, mixte)

Une hausse de fréquentation sur la plupart des itinéraires analysés, mais des différences selon les territoires et les milieux observés.

  • EuroVelo 17 – ViaRhôna : +9 % de passages
  • EuroVelo 4 – La Vélomaritime : +9 % de passages
  • EuroVelo 6 – La Véloroute des fleuves : +5 % de passages
  • La Vélo Francette (V43) : +5 % de passages
  • EV1 – La Vélodyssée : +1 % de passages. La période estivale sur cet itinéraire représente 64 % des passages annuels contre 38 % en moyenne nationale.

Une fréquentation souvent impactée par le calendrier et la météo

Comme de nombreuses activités d’extérieur et touristiques, la pratique cyclable est souvent plus importante en période de congés. Ainsi, la fréquentation de mai 2018 a été dopée par les nombreux ponts.

La mobilité et les loisirs, deux pratiques décalées dans le temps

Urbain : Les fréquentations utilitaires et urbaines sont facilement reconnaissables par une saisonnalité plutôt lisse présentant une légère baisse de fréquentation en juillet/août.

Rural : La fréquentation de loisirs et la fréquentation rurale ont des profils relativement similaires. Elles présentent un pic en été et une fréquentation hivernale en retrait.

Périurbain : Les grands itinéraires apparaissent également comme des lieux de fréquentation mixte, supports à la fois de pratiques de loisirs et de pratiques utilitaires.

Palmarès des compteurs parmi les plus fréquentés

Vélo & Territoires édite chaque année un palmarès des compteurs les plus fréquentés par type de milieu. Comment s’expliquent ces importantes fréquentations ? Quel est l’usage majoritaire sur leurs itinéraires ? Entretiens avec les propriétaires de ces compteurs à succès.

Catégorie sites ruraux

Gilles Guiral

Chargé de mission Activités de pleine nature Royan Agglomération

Les Mathes – la Palmyre : 563 passages moyens journaliers

Comment expliquez-vous ces chiffres de fréquentation en 2018 ?

Cette forte fréquentation s’explique par l’attractivité de la station balnéaire des Mathes. Le compteur Les Mathes – la Palmyre, propriété de Royan Atlantique, se situe sur le front de mer. Installé en 2015 sur le tracé de l’EV1 – La Vélodyssée, il a dépassé le million de passages cumulés en juin 2019. Les cyclistes y affluent généralement toute la saison et sur les ailes de saison. Il faut dire que ce village historique est à la fois un lieu touristique et un lieu de promenade dans un cadre plutôt sympathique. Il s’agit majoritairement d’une pratique de loisirs pour aller à la plage, au zoo de la Palmyre… Les touristes itinérants, les touristes qui vont et viennent au camping ou au Club Méditerranée, les retraités et les promeneurs expliquent les données affichées par ce compteur.

Cette fréquentation est-elle récente ?

En milieu rural, ce village des Mathes a été précurseur en matière de politique cyclable puisque les aménagements ont été réalisés il y a dix ou quinze ans pour accéder à la plage. Depuis, d’autres itinéraires ont été créés pour faciliter les déplacements et la pratique s’est accrue. Ce territoire a des habitudes déjà bien ancrées : la piste traversant la forêt de la Coubre a été aménagée pendant la Seconde guerre mondiale. Et depuis cinq ans, la fréquentation vélo augmente. Le nombre de billets vendus pour traverser l’estuaire en bac avec son vélo entre La Tremblade et Marenne confirme cette tendance. En 2013, 38 500 billets étaient vendus pour traverser dans les deux sens. Aujourd’hui, ce sont 50 000 billets vendus.

Catégorie sites urbains

Mathieu Meylan

Responsable du pôle Conduite d’opérations vélo à la Métropole de Lyon

Lyon 3e/7e – Gambetta : 3917 passages moyens journaliers

Comment expliquez-vous ces chiffres de fréquentation en 2018 ?

Installé en 2008 par le Grand Lyon, ce compteur est l’un des plus anciens du territoire. Il est positionné sur un axe cyclable structurant et historique, livré en 1998. La fréquentation importante s’avère majoritairement utilitaire. Cet axe est très emprunté pour des trajets domicile-travail. La moyenne quotidienne journalière est de 3 917 passages, ce qui tient compte des week-ends, des vacances et du mois d’août, moments où la fréquentation est moindre. Elle peut aussi être bien plus importante. Par exemple, en septembre 2018, le compteur enregistrait 6 772 passages jour. Cet itinéraire reste très fréquenté alors que des aménagements parallèles ont été réalisés depuis.

Cette fréquentation est-elle récente ?

Le compteur montre une évolution constante depuis son installation, de l’ordre de + 15 % par an. Le trafic a plus que doublé sur cet axe en dix ans. En 2010, le compteur affichait 3 000 passages par jour à la belle période. Aujourd’hui, la fréquentation peut osciller entre 6 000 et 7 000 passages par jour entre mai et octobre. En 2019, la progression se tasse un peu et d’autres compteurs comme ceux des ponts Morand et Lafayette proposent de très belles fréquentations sur la Métropole. La pratique du vélo continue de se développer.

Catégorie sites périurbains

Olivier Borrot et Sarah Xuereb

Olivier Borrot, chef du service Prospective et coordination de la direction des Infrastructures du département de la Savoie; Sarah Xuereb, chargée de mission vélo à l’Agence alpine des territoires

Voglans (Villarcher) : 1039 passages moyens journaliers

Comment expliquez-vous ces chiffres de fréquentation en 2018 ?

Ce compteur, géré par le département de la Savoie, est situé sur la V63, entre deux pôles urbains que sont les agglomérations de Grand Chambéry et celle de Grand Lac dont fait partie Aix-les-Bains. Ce tronçon permet d’accéder à Savoie Technolac, un pôle économique en forte expansion accueillant plus de 230 entreprises, 3 500 emplois et 5000 étudiants. Point de passage incontournable, la fréquentation de mobilité quotidienne y est importante comme l’illustrent les 11 000 passages enregistrés en janvier 2018. Les pratiques excursionnistes ou touristiques ne sont toutefois pas en reste puisque le compteur enregistrait 50 000 passages en juillet 2018. L’analyse des fréquentations de cette période montre un usage mixte avec des pics de fréquentation de 150 à 200 passages à 9h et à 18h, liés aux déplacements domicile-travail ainsi que 60 à 130 passages par heure le reste de la journée. À ce jour, il n’est pas possible de qualifier davantage l’usage touristique mais une étude de fréquentation plus poussée est envisagée pour mieux connaître les échantillons et distinguer par exemple la part de l’itinérance ou des vélos à assistance électrique.

Cette fréquentation est-elle récente ?

La pratique dans ce secteur existe depuis longtemps. L’Avenue verte, ancêtre de la V63 reliant Chambéry au Bourget-du-Lac, a été réalisée dans les années 90. Associé aux balades de loisirs, le développement de Savoie Technolac a grandement participé à développer l’usage du vélo sur cette portion d’itinéraire. Le compteur de Voglans, installé en 2012, affiche 250 000 passages dès 2013. Après deux ans de stagnation, entre 2014 et 2016, la fréquentation repart à la hausse. En 2018, le compteur affiche 380 000 passages et la fréquentation devrait poursuivre sa croissance. La mise en service en 2018 de la galerie de sécurité du tunnel du Chat ouverte aux déplacements doux a grandement facilité les déplacements cyclables entre les bassins aixois et chambérien à l’est et l’Avant-Pays savoyard à l’ouest. En un mois, le tunnel compte déjà 4 700 passages mensuels et cet aménagement, qui limite le dénivelé en évitant le franchissement du massif par le col du Chat, fait de nombreux adeptes.

Implantation de compteurs, idées à retenir et pièges à éviter

Les compteurs automatiques, qu’ils soient permanents ou temporaires, permettent d’évaluer la fréquentation des itinéraires et réseaux cyclables et son évolution dans le temps. Adossées à des enquêtes sur sites, ces données permettent d’en estimer les retombées économiques. Aujourd’hui, les compteurs automatiques sont devenus incontournables. Mais quelle stratégie d’implantation adopter ?

  • Tout d’abord, il faut réfléchir à ce que l’on veut mesurer. Si l’on veut mesurer la fréquentation d’un itinéraire ou d’un réseau, il est important d’établir un maillage de compteurs dont les emplacements seront caractéristiques de celui-ci. Le premier piège serait d’installer tous ces compteurs sur des voies vertes quand celles-ci ne représentent que la moitié de l’infrastructure analysée. Il est donc important d’avoir un raisonnement global et coordonné. L’objectif ? Avoir une couverture représentative du réseau (densité d’habitants, d’offres touristiques, niveau de fréquentation supposé…) tout en rationalisant les coûts d’investissement.
  • Ensuite, il faut considérer qu’un compteur est une machine soumise à usure et que la collecte de données n’a de sens que si celles-ci sont analysées, partagées et diffusées. Il est important de réfléchir aux modalités de maintenance du matériel et à la gouvernance de la donnée dès le projet d’implantation : qui va la vérifier, la traiter et la valoriser. Sans cela le piège est de rapidement disposer de compteurs non opérationnels…

En savoir plus :

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