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Alsace à vélo, territoire cyclable


À l’aube des 20es Rencontres annuelles des DRC en Alsace, retour sur le dispositif phare des collectivités hôtes : Alsace à vélo. Entre dynamique partenariale, projets innovants et mobilisation à toutes les échelles, les partenaires de l’Alsace à vélo reviennent sur leurs actualités depuis le dernier sujet qui leur a été consacré dans le Vélo &Territoires de l’été 2014.

Dans son numéro 36 daté de l’été 2014, Vélo & Territoires consacrait un dossier à la démarche Alsace à vélo et ses quatre aspects – infrastructures, services, communication & promotion, et enfin évaluation. Ce dispositif, écrivions nous à l’époque, « mobilise pas moins de dix partenaires : l’État (par l’entremise de la direction régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi), la région Alsace, les conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, les communautés d’agglomération de Strasbourg, Colmar et Mulhouse, les comité et observatoire régionaux du tourisme d’Alsace, et enfin les agences de développement touristique du Bas-Rhin et de Haute-Alsace. » Son comité de pilotage était présidé par le conseil départemental du Bas-Rhin représenté à l’époque par le vice-président Alfred Becker. Cette gouvernance était complétée par un comité technique, deux comités d’itinéraire (celui de la Véloroute Rhin et celui de la Véloroute du Vignoble d’Alsace) et enfin un coordinateur, en la personne de Stéphanie Leibel-Thépot, chef de projet Tourisme à la direction du Développement économique, territorial et international au sein du CD67. « Notre spécificité est de mobiliser deux techniciens par partenaire, soulignait à l’époque Stéphanie Leibel-Thépot. L’un est issu de la branche infrastructures, l’autre du tourisme. Cela permet de créer du dialogue entre les deux directions. » Autre enjeu de taille : le dépassement des identités et des chartes graphiques locales pour « tous se regrouper derrière la bannière Alsace », selon l’expression d’Alfred Becker.

Mutualiser

Deux années ont passé. Si la démarche est toujours pilotée par les dix mêmes partenaires et que la stratégie tourisme a été prolongée jusqu’à fin 2016, la présidence est, depuis 2015, assurée par Laurence Muller-Bronn, vice-présidente du conseil départemental du Bas-Rhin et maire de la commune de Gerstheim (voir page 9). 53 boucles locales thématisées, au départ des 3 EuroVelo alsaciennes, ont à ce jour été créées avec les acteurs des territoires et feront l’objet de fiches PDF téléchargeables en quatre langues (français, anglais, allemand, néerlandais) sur le site Internet d’Alsace à Vélo. S’agissant des RIS (Relais Informations Services), « nous avons dû revoir nos ambitions à la baisse, affine Stéphanie Leibel-Thépot. Le projet initial en prévoyait 53 mais, dans un contexte budgétaire contraint, 20 RIS seront finalement déployés. L’idée, ensuite, est de mutualiser, puisque l’objectif est que chacun fasse la promotion de trois à quatre boucles locales. » La conception graphique de ces RIS est en cours. L’implantation des premiers équipements est espérée « à l’automne 2016 ».

SlowUp

Au rang des satisfactions, le SlowUp du mois de juin connaît un succès croissant depuis son lancement il y a trois ans : 15 000 participants en 2013, 29 000 en 2014, 36 000 en 2015 et
37 000 le 5 juin dernier. 32 000 connexions en 2016 sur le site Internet dédié à l’événement,
4 300 fans Facebook, une offre de vélos à assistance électrique plébiscitée et un budget passé de
165 000 € en 2013 à 94 000 € cette année, hors moyens humains. Selon le communiqué de presse de l’ADT du Bas-Rhin, plus de 30 % des financements ont été assurés par les sponsors privés afin de « réduire la participation des collectivités et de tendre progressivement vers le modèle économique de référence qui fédère la vingtaine de SlowUp suisses. » Un stand alsacien est d’ailleurs prévu au SlowUp de Bâle du 19 septembre 2016.

La suite ?

« Nous travaillons à notre nouvelle stratégie de développement touristique pour 2017, poursuit Stéphanie Leibel-Thépot, avec notamment des pistes à envisager cette fois en matière de cyclisme sportif sur le périmètre du massif des Vosges. La valorisation des 3 EuroVelo alsaciennes doit rester prioritaire car elles irriguent le territoire alsacien (1,5 million de personnes en 2013 ont emprunté la section de la Véloroute du Vignoble d’Alsace (EV5) et la Véloroute Rhin (EV15). De récents contacts avec la Wallonie, par exemple, sont là pour nous rappeler que notre modèle de gouvernance parle aux gens. »

Anthony Diao

Interview de Laurence Muller-Bronn

Présidente d’Alsace à vélo, vice-présidente du conseil départemental du Bas-Rhin

  • Quelle incidence a la réforme territoriale en cours sur un dispositif comme Alsace à vélo ?

Je ne préside l’Alsace à vélo que depuis un an et il est indéniable que le contexte actuel n’est pas sans conséquences sur le fonctionnement d’un dispositif partenarial tel que celui-ci. Nous sommes en effet en présence d’une mouvance des compétences des collectivités et de fusion des agences départementales de tourisme – le 30 juin dernier en ce qui concerne l’Alsace –, des régions et des intercommunalités. Il y a des restrictions budgétaires, auxquelles s’ajoutent les élections régionales de décembre dernier…

  • Dans un tel contexte, comment et se prépare un événement comme les 20es Rencontres des DRC ?

Clairement, sur ce sujet, les conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ainsi que leurs agences départementales du tourisme ont tenu la barque. Nous avions anticipé ces restrictions budgétaires et travaillons avec nos ressources internes. À la mi-juillet, cinq partenaires sur dix avaient financé leur part aux Rencontres des DRC. Nous avons cependant l’espoir que les choses évoluent pendant l’été, notamment au niveau des villes et de l’État.

  • Vous attendiez-vous à être confrontée à ce type de difficultés, lorsque vous avez succédé à Alfred Becker à la tête d’Alsace à vélo ?

À dire vrai, je ne pensais pas que les contradictions existeraient entre collectivités. Travailler à plusieurs partenaires est un atout dans les projets d’investissement, maintenant l’investissement lourd est une chose, le mettre en musique et le faire connaître en est une autre. Je suis bien consciente que la période n’est pas facile et qu’il faut un temps pour prendre la juste mesure de l’importance des enjeux. Ensemble nous sommes plus forts si nous continuons à harmoniser nos efforts !

  • De quels leviers disposez-vous pour favoriser cette prise de conscience ?

Quand je représente Alsace à vélo dans d’autres départements, je rencontre des élus et des techniciens convaincus que notre région est un modèle en matière de politique cyclable, avec une vision d’avenir pour la place des mobilités douces. Nous devons valoriser cet acquis et conserver cette avance. Le vélo est un domaine où l’Alsace est forte et il doit apprivoiser ceux qui le découvrent. À nous d’accueillir les DRC et leurs 300 congressistes pour montrer notre savoir-faire en matière de mobilités douces. Un beau programme technique et touristique les attend.

Propos recueillis par Anthony Diao

Initiatives et témoignages de partenaires alsaciens

L’expérimentation de Signalisation d’information locale (SIL Vélo) dans le Ried

Cédric Heyer, responsable de l’unité technique de Sélestat au sein du service technique territorial sud du conseil départemental du Bas-Rhin.

Contexte. « En dépit des nombreux atouts de la dynamique Alsace à vélo, le territoire manque de relais physiques sur l’ensemble de ses informations en matière de services et de points d’intérêts touristiques, en particulier sur les itinéraires cyclables dans les secteurs ruraux. C’est le cas du Ried, cette bande caractéristique de l’Alsace centrale traversée par l’EuroVelo 15 et qui est située entre Strasbourg et Colmar. Ce territoire pilote, tant en termes d’aménagement cyclable que de promotion touristique, s’inscrit dans une volonté de valoriser les nombreux acteurs du territoire qui voient passer les cyclistes de l’EuroVelo 15 sans bénéficier de leur pouvoir d’achat. »

Collégialité. « La commande d’une valorisation des services existants et des points d’intérêt touristique a donc été validée par nos élus. Elle s’intègre dans cette démarche projet, fruit d’un travail collégial entre les différents acteurs que sont les agences départementales et offices du tourisme, les communautés de communes et les conseils départementaux, tant au niveau des élus que des techniciens des différentes administrations. Début 2016, un premier test a été validé sur une section de 38 km comprise entre les communes de Nordhouse et de Marckolsheim. »

Méthode. « Le travail de l’équipe projet a d’abord consisté à identifier les accès vélo sur l’EuroVelo 15 sur la base de repérages terrains et des plans du jalonnement directionnel vélo réalisés et déployés en 2012-2013. L’équipe projet a également travaillé sur l’identification des services et des points d’intérêts touristiques à proximité de l’EuroVelo 15, pour peu qu’ils se situent dans un rayon de 3 à 5 kilomètres, soient accessibles et aient un intérêt pour les cyclistes. Cette identifica-tion s’est faite sur la base de la connaissance du terrain, des fiches PDF de l’ADT et sur la base de données des Lieux d’échange de l’information de l’ADT – il nous faut saluer ici le gros travail des acteurs du tourisme. Enfin, l’équipe a travaillé sur des maquettes pour l’intégration des mentions sur site et notamment la mise en corrélation avec l’existant, le nombre de mentions, la probléma-tique d’entretien, etc. »

Bilan. « En tout, cela a représenté six mois de travail collégial. Ce travail est réparti comme suit :
10 % a porté sur la réflexion collégiale quant à la déclinaison à adopter ; 50 % a été consacré à l’identification par l’ADT et l’Office du tourisme des services et des points d’intérêt touristique, 30 % à la conception des maquettes par le conseil départemental et 10 % à la pose des ensembles par le conseil départemental du Bas-Rhin. Sur les 38 km, le déploiement de la SIL Vélo représente environ 70 panneaux répartis sur 30 mâts (dont 85 % existants) pour un coût global de 8 700 € TTC. Ces ensembles de signalisation sont en place depuis la fin du mois de juillet 2016 – date objectif pour recueillir des premiers retours pendant la saison estivale. Le dispositif reste perfectible, car pour le moment seules les informations sur l’EuroVelo 15 sont en place. Il incombe aux cyclistes de suivre la direction indiquée en s’appuyant sur les panneaux existants (vélo et routiers), car les liaisons ne sont pas forcément assurées via des itinéraires cyclables. »

Alsace à vélo côté Région : le site Vialsace

Lancé le 1er février 2010 sur le modèle de l’application lyonnaise Optimod’, le site Vialsace a vocation à offrir une information globale sur l’offre de transports publics en Alsace ainsi que sur les réseaux connexes que sont les grandes lignes ou les itinéraires transfrontaliers (via le système européen EU Spirit). « Ce site entend donner une réponse exhaustive aux besoins de déplace-ments du citoyen et favoriser l’usage des transports publics » complète Claire Heidsiek, chargée de mission Transports et mobilité à la Région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Pour ce faire, l’outil propose notamment un calcul d’itinéraires d’adresse à adresse, un éco-comparateur CO² ou un accès à Internet par téléphone mobile. Depuis avril 2011 – et grâce à un travail main dans la main avec les associations de cyclotourisme – il est désormais possible d’effectuer des recherches pour des trajets 100 % cyclables voire même, depuis 2015, de savoir si un vélo peut-être emmené ou non à bord des transports en commun situés sur son trajet – le profil vélo + TC + vélo étant encore à développer. Parmi les chantiers des deux années à venir, les fonctionnalités Temps réel ou Autopartage s’ajoutent aux enjeux, posés par la nouvelle “grande Région“, de calculs d’itinéraires de bout en bout. Un challenge à la hauteur de ce territoire et de ce site pionnier, fort de 2,5 millions de recherches d’itinéraires à ce jour. www.vialsace.eu

Témoignage d’une agglomération partenaire : Mulhouse Alsace Agglomération (M2A)

François Berger, chef du service Pistes cyclables de M2A – « Mulhouse est avec Strasbourg et Colmar l’une des trois communautés d’agglomération associées au dispositif Alsace à vélo. Notre agglomération est en outre la seule collectivité alsacienne à être dotée, en 2016, du label Ville et territoire vélotouristiques. L’idée est de donner une cohérence à l’action de toutes ces entités pour dégager un consensus. Mulhouse s’est intégrée dès le début en participant aux comités techniques et de pilotage. Il y a un comité technique par mois en moyenne. Il se tient en alternance à Strasbourg, à Mulhouse ou à Colmar. Nous participons également au site Internet et à l’élaboration des fiches sur les boucles locales, à propos desquelles nous avons proposé trois thématiques. Nous avons parfois du mal à mobiliser nos élus, alors le gros du travail se fait souvent à l’échelle des techniciens. C’est à la fois une participation intellectuelle et un enrichissement mutuel – via notamment le travail avec les offices de tourisme. »

20es Rencontres – À l’assaut du Stride !

Ce sera l’une des haltes remarquées des 20es Rencontres DRC. Contraction de Strasbourg et de Ride (rouler, en anglais), le Stride est le premier Bike Park Indoor à ouvrir en France. Il s’étend sur 12 000 m² dans les locaux de l’ancienne gare aux marchandises de Strasbourg-Cronenbourg, à l’abandon depuis 2010. Né de la volonté de Gilles Andrès et Laurent Wintermantel, bientôt rejoints par Géraldine Strub et Eddie Vingataramin, cet ambitieux projet – dont les ultimes tonnes de terre et d’enrobé devaient être déposées dans le courant de l’été – est, à sa façon, une autre porte d’entrée sur Alsace à vélo. Gilles Andrès, l’une des chevilles ouvrières de ce projet mûri depuis 2013 : « À la différence des modèles que nous avons eu l’occasion de visiter aux Etats-Unis ou au Canada, cet espace ne s’adresse pas uniquement aux spécialistes. Il a au contraire vocation à être tout public, depuis la zone draisienne aménagée pour les enfants dès 3 ans jusqu’à la pumptrack, la plus grande piste indoor en enrobé du monde. Cela ouvre tout un tas de perspectives touristiques, mais aussi au niveau du périscolaire, des séminaires d’entreprises… » En attendant les congressistes des DRC ?

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